On peut dire que Disney aura pris tout le temps nécessaire avant de dévoiler des images des personnages de son prochain remake en live action, Lilo & Stitch. Le film sortira en salle le 21 mai, dans deux mois, et jusqu’à présent, il avait fallu se contenter d’images de Stitch. Il faut dire qu’il s’agit d’un projet périlleux pour Disney que de transformer l’univers de Lilo & Stitch, qui mêlait une magnifique animation 2D avec une histoire de science-fiction, dans un monde en prise de vue réelle.
Pour ce qui est du personnage de Stitch, Disney semble avoir réussi à éviter l’incident « Ugly Sonic » et proposer une magnifique version de la mascotte en images de synthèse. Si la bande-annonce a rassuré de nombreux fans sur certains aspects du film, elle a également généré quelques inquiétudes. En particulier sur le traitement du personnage de Pleakley.
Pleakley déguisé en un homme banal dans Lilo & Stitch ?
L’extrait ne dure que quelques secondes dans cette bande-annonce de 2 minutes. On peut y voir le personnage Pleakley perdre son déguisement d’humain et c’est bien ce déguisement qui interroge :
Disney semble avoir fait le choix de le déguiser sous les traits d’un homme cis tout ce qui a de plus banal (une personne dont le genre correspond à celui assigné à la naissance). Un choix qui parait très éloigné de la caractérisation du personnage original dans la version animé.
Pleakley est l’une des icônes queer de Disney
Dans le film d’animation original, Pleakley est un extraterrestre passionné par la planète Terre qui est envoyé en mission avec le scientifique Jumba pour appréhender l’expérience 626 (Stitch). Dès son arrivée sur Terre, pour assurer son infiltration, le personnage va arborer une garde-robe que l’on assignerait au genre féminin.
Avec les années, cela a fait du personnage de Pleakley une véritable icône gender fluid. On retrouve de nombreuses publications sur le web de personnes ayant pu s’identifier au personnage sur les questions de genre.
Dans les autres œuvres autour du film Lilo & Stitch, Pleakley endossera aussi le rôle de compagnon de Jumba. Un épisode abordera même un faux mariage entre Pleakley et Jumba.
Notez que si l’on peut faire ses interprétations dans la représentation du personnage et son appropriation par la communauté LGBT, Disney n’a jamais officiellement pris ce chemin avec le personnage. Pleakley se genre avec les pronoms « il » et « lui ». On parle d’une œuvre du début des années 2000 bien avant que le sujet ne soit aussi important dans le débat public et que des personnages puissent être assumés comme non binaire dans des œuvres d’animation.
Un déguisement peu rigolo
L’autre élément qui suscite l’interrogation, c’est le choix même de remplacer les déguisements des extraterrestres par une transformation en humain. Une part de l’humour de l’œuvre original venait des déguisements grotesques des extraterrestres qui semblaient convaincre les humains sur place.
On imagine que pour Disney, il s’agit avant tout d’une question de coût. Cela permet de remplacer des personnages en image de synthèse par des acteurs humains pour la plupart des scènes où ils interviendront. Cela n’explique toutefois pas le choix qui semble avoir été fait pour Pleakley, qui aurait pu être interprété par une personne non binaire sous ses traits humains.
Disney à l’heure de l’Amérique de Donald Trump
Ce n’est pas la première fois que Disney interroge sur des choix artistiques ces dernières semaines.
Plus précisément, depuis l’élection de Donald Trump aux États-Unis, la firme aurait fait disparaitre des lignes de dialogue d’un épisode centré autour d’un personnage transgenre pour la série Pixar Gagné ou perdu, comme le révélait The Hollywood Reporter en décembre 2024.
En février 2024, Disney a commencé retirer les avertissements sur Disney+ concernant des scènes jugées racistes dans d’anciennes œuvres du groupe. En interne, le groupe a également mis fin à sa politique d’inclusivité (DEI), l’un des arguments forts de la campagne de Donald Trump.
Dès 2023, le patron de l’entreprise Bob Iger avait appelé Disney à revenir à sa mission première : « Notre mission première doit être de divertir et, grâce à ce divertissement, de continuer à avoir un impact positif sur le monde. Je suis très sérieux à ce sujet. Cela ne devrait pas être une question d’agenda politique, mais une question de divertissement. »
On peut imaginer que le personnage de Pleakley puisse aussi avoir fait les frais de ce changement de stratégie chez Disney.
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