Assassin’s Creed Shadows concrétise enfin un vieux rêve de fan en s’accaparant le Japon féodal. C’est plus précisément à la toute fin du XVIème siècle que le jeu nous emmène, dans une période sanglante marquée par des guerres fratricides entre clans en passe d’être dominés par Oda Nobunaga, premier des trois unificateurs du pays. Une période pour le moins tumultueuse, comme les aime la série, qui permet au jeu de dérouler de multiples récits où se mêlent trahisons, règlements de compte sanglants, diplomatie, politique… et quelques mystères, cela va de soi.
Autrefois prévu pour novembre 2024, Assassin’s Creed Shadows, victime de plusieurs polémiques absurdes, a subi deux reports de la part d’Ubisoft pour venir se caler au 20 mars 2025, sur PS5 (avec des optimisations sur PS5 Pro), Xbox Series S, Xbox Series X et PC. Deux reports qui se sont révélés salutaires pour la qualité globable d’un blockbuster crucial pour l’avenir de la multinationale française.
Points forts
- Un Japon absolument étourdissant
- Le meilleur gameplay d’infiltration de la série
- Une formule à son apogée
Points faibles
- Les animations faciales
- Missions trop peu inspirées
- On veut plus de mise en scène !
Assassin’s Creed Shadows est un régal pour les yeux
Mais avant de s’intéresser un peu plus au quoi, difficile de ne pas tout de suite évoquer le où. Car l’un des principaux attraits d’un jeu en monde ouvert, cela reste de toute évidence… ses environnements. Et pour le coup, Ubisoft Québec nous offre une aire de jeu ébouriffante (à tous points de vue). Dès les premières secondes dans ce grand bout de l’île d’Honshū, on est saisi par l’impression de vie qui se dégage de ces paysages. Au-delà de la richesse graphique, le remarquable travail sur les lumières et les particules s’allie à celui effectué sur la retranscription d’une météo en temps réel (avec une véritable petite simulation des conditions atmosphériques) pour créer des ambiances aussi crédibles que saisissantes. La manière dont le vent secoue chaque petit bout de végétation, celle dont les nuages obscurcissent peu à peu l’horizon avant que la pluie commence à tomber, les lampions de papier qui s’agitent à la nuit tombée, la brume qui rogne les rizières d’un rose orangé au petit matin… À chaque instant, le paysage semble évoluer devant nos yeux. À chaque instant, le paysage semble évoluer devant nos yeux. On n’oubliera pas de mentionner cette faune qui passe çà et là, sans qu’on ait besoin de la chasser (et réciproquement !).
Ubisoft Québec nous offre une aire de jeu ébouriffante
Et pour renforcer encore cette sensation, le Japon d’Assassin’s Creed Shadows vit au rythme des saisons. Toutes les heures et demi (après un temps de chargement), les décors se parent de nouveaux atours et se montrent sous un tout nouveau jour, du printemps éclatant de couleurs jusqu’à l’hiver où la neige semble emmitoufler chaque recoin de la carte. Le Japon de Assassin’s Creed Shadows surprend aussi par sa topographie, avec des paysages particulièrement escarpés où se développent des villes, villages et bâtiments à une échelle réaliste. Ce constat renforce cette impression d’immensité qui nous entoure, tout autant que la crédibilité de ce monde qui pousse plus que jamais à l’exploration. Mais pour cela, il faut changer un peu d’état d’esprit par rapport aux précédents épisodes.

La carte et le territoire
Conditions de test
Assassin’s Creed Shadows a été en partie testé sur GeForce Now, le service de cloud gamin de Nvidia. Des conditions de rêve. Numerama a aussi pu l’essayer sur PS5 et PS5 Pro.
Assassin’s Creed Shadows ajuste en effet de petits potentiomètres pour bouleverser la manière dont on appréhende son monde. Tout d’abord, il n’y a plus d’oiseau-drone sur lequel compter pour survoler le moindre endroit et signaler tout ce qui s’y trouve. Ensuite, par défaut, le jeu propose un mode Exploration non guidée (évolution de celui vu dans Assassin’s Creed Odyssey et Assassin’s Creed Valhalla). Elle supprime les icônes au profit de simples indications pour trouver les lieux de mission. Le jeu assortit cela de la fonction Observation : une pression sur la gâchette gauche crée un léger zoom et permet de scruter les environs pour dévoiler d’éventuels éléments intéressants (Naoe peut le cumuler à sa vision d’aigle pour marquer les ennemis, notamment). Cette nouvelle manière de voir le monde se révèle notamment en haut des incontournables points de synchronisation qui, désormais, ne dévoilent plus rien de manière automatique (pas même la carte). Là aussi, il faut prendre quelques instants pour faire pivoter la caméra, scruter le panorama pour qu’enfin des points d’interrogation se révèlent et rejoignent notre carte. Un détail ? Oui, mais qui trahit cette volonté de briser cette immédiateté et ces automatismes d’antan pour nous pousser à prendre le temps et nous laisser tenter par ce que l’on découvre nous-même.
Tous ces petits ajustements mis bout à bout changent clairement notre manière d’arpenter le monde. On se surprend bien plus à marcher, s’arrêter pour observer (la beauté des décors aide un peu, il est vrai…), deviner quel vallon ou quelle silhouette de pagode au loin pourrait recéler une activité secondaire ou un trésor et même écouter les conversations ou les interpellations de PNJ. Et par son immensité et sa complexité, l’open world pousse aussi à planifier bien plus ses voyages en étudiant la carte pour voir quel chemin prendre. En effet, face aux pentes abruptes et aux forêts presque impénétrables, la ligne droite n’est ici jamais le plus court chemin. Un choix audacieux, car potentiellement fastidieux, mais vraiment payant en ce qu’il nourrit une authenticité. Il crée un véritable enjeu autour de l’exploration d’un monde qui devient un peu plus qu’un décor de jeu vidéo que l’on traverse mécaniquement.

Panne d’inspiration
Évasion et exploration, c’est une philosophie que pousse donc très bien Assassin’s Creed Shadows et que l’on retrouve peu ou prou dans la manière dont il livre son contenu : naturelle et plus subtile. C’est l’une des particularités du jeu : s’il suit une trame très classique à base d’exécutions de cibles puissantes appartenant à quelque ordre secret, son aventure éclate rapidement en une constellation de missions et d’activités que l’on découvre au gré de notre exploration des différentes régions du jeu et de nos rencontres avec les personnages qui y sont liés. On se retrouve ainsi rapidement face à une belle liste de salopards à neutraliser. Heureusement, tout est intelligemment classé dans un menu Objectifs rappelant celui de Assassin’s Creed Mirage avec un système de trombinoscopes très visuels, où l’on se prend vite à naviguer au gré de nos envies.

Hélas, et c’est sans doute le plus gros point noir de cette tant attendue nouvelle étape dans la franchise Assassin’s Creed : le jeu repose très souvent sur les mêmes leviers pour imaginer ses missions. Quelques services à rendre, un peu de recherche et des petites quêtes simples pour en apprendre plus sur la cible principale avant de passer à l’assaut d’un gigantesque château où le boss s’est finalement reclus. Même si les lieux, les personnages et les objectifs varient, Assassin’s Creed Shadows s’appuient trop sur des ingrédients déjà goûtés pour bâtir son tronçon central. En outre, il n’exploite pas assez sa mise en scène pour tenter de compenser cette lacune. Par moment, en s’appuyant notamment sur quelques mouvements de caméra plus audacieux et surtout les percutantes musiques de TEKE:TEKE, le jeu réussit à créer des séquences mémorables qui saisissent et attisent. Mais finalement, ces saillances restent trop peu nombreuses alors qu’elles auraient dû littéralement ponctuer tout le jeu.
Heureusement, et à l’inverse du colossal et complexe Assassin’s Creed Valhalla, Assassin’s Creed Shadows n’étale sa trame principale que sur une quarantaine d’heures et réussit à se concentrer sur un scénario où les enjeux sont bien plus clairs et digestes. Nourrie par les quêtes et récits secondaires, l’aventure est bien plus rythmée et prenante, et gagne énormément à être dégustée avec patience et curiosité tant ses bifurcations mènent à des moments forts et intéressants. Certains arcs narratifs annexes recèlent même de belles surprises.

Naoe et Yasuke, deux lames sœurs
L’autre élément sur lequel aurait pu, voire aurait dû, s’appuyer la campagne principale pour secouer sa formule, c’est bien sûr son binôme héroïque. Curieusement, Ubisoft Québec a choisi de cloisonner fermement le jeu de sorte que l’on joue soit Naoe, soit Yasuke (un clic dans le menu et on passe de l’un à l’autre), alors qu’il y avait tant à imaginer en les combinant de manière dynamique pour des passages plus spectaculaires et originaux (on pense à la dernière mission de Assassin’s Creed Syndicate ou même, tout bêtement, à GTA V). Si la complémentarité des héros ne trouve pas d’expression au sein des missions (un acte manqué), elle dévoile en tout cas son intérêt manette en main. Plutôt que de proposer un héros unique à forger selon ses envies, ses compétences et son attirail patiemment looté, Assassin’s Creed Shadows assume un certain jusqu’au-boutisme en livrant deux archétypes aux gameplay radicalement opposés.
Le meilleur gameplay d’infiltration de toute la saga.
D’un côté, le samouraï Yasuke dévoile toute la rage et la brutalité d’un système de combats paradoxalement plus précis et posés qu’auparavant. Lent et lourd, il est presque incapable d’être discret et fonce donc frontalement dans les missions en s’aidant à distance d’un arc ou d’un teppō (version japonaise de l’arquebuse) pour faire le ménage. Face à ce tank que l’on incarne non sans plaisir tant la sensation de puissance est au rendez-vous, on a Naoe, la fluette shinobi qui s’élance avec une grâce féline aidée par un grappin efficace et une panoplie de mouvements mortels tout simplement délicieux. Gestion dynamique de la lumière (pour plonger certains décors dans le noir façon Splinter Cell), formidable level design (notamment des immenses châteaux), palanquée d’accessoires (bombes fumigènes, shuriken…), Assassin’s Creed Shadows s’appuient sur tous ces éléments pour livrer ni plus ni moins que le meilleur gameplay d’infiltration de toute la saga. C’est fluide, précis, gratifiant, grisant. Un régal !
Le studio a en outre réalisé un beau travail sur l’IA (ENFIN !) qui s’entraide, s’interpelle, fouille de manière bien moins mécanique, remarque des anomalies dans le décor, sait se montrer tenace… bref, a un comportement qui renforce autant la crédibilité que le challenge. Il y a bien encore quelques routines bébêtes çà et là, un manque par moment de feedback sonore ou de réactions plus probantes, mais c’est sans aucun doute la plus belle avancée de la série depuis Assassin’s Creed Unity il y a plus de dix ans.
Le verdict

Assassin’s Creed Shadows
Voir la ficheOn a aimé
- Un Japon absolument étourdissant
- Le meilleur gameplay d’infiltration de la série
- Une formule à son apogée
On a moins aimé
- Les animations faciales
- Missions trop peu inspirées
- On veut plus de mise en scène !
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