Faire le test d’un soulslike, c’est-à-dire un jeu héritier de la saga Dark Souls, est loin d’être une promenade de santé. Cet exercice requiert d’apprendre à maîtriser un gameplay exigeant dans un laps de temps très court pour répondre aux obligations éditoriales (écrire un avis rapidement), sans les astuces qu’on pourrait trouver sur internet une fois que le titre est sorti. Disponible à compter du 27 mars 2025, The First Berserker: Khazan ne déroge pas à cette règle.
Pire, The First Berserker: Khazan rend le défi bien plus périlleux encore en raison d’un défaut hélas commun à ces productions qui rêvent de bousculer la maîtrise de FromSoftware. En dépit de sérieux atouts, notamment graphiques et techniques, cette production signée Neople et Nexon pâtit d’un déséquilibre criant qui rend l’expérience tout à la fois abrutissante et frustrante. Dommage, car on aurait tant aimé l’adorer et le recommander les yeux fermés.
Les développeurs de The First Berserker: Khazan ont oublié d’équilibrer leur jeu
Démo jouable
Il existe une démo jouable de The First Berserker: Khazan. Centrée sur le début du jeu, elle permet de se faire un premier avis, sachant que les données pourront être transférées dans la version complète.
Partageant l’univers de Dungeon Fighter Online (un MMO particulièrement populaire en Asie), The First Berserker: Khazan nous met dans la peau de Khazan. Ce général particulièrement charismatique est trahi du jour au lendemain et, laissé pour mort, s’associe avec une entité maléfique pour assouvir sa vengeance. Ce scénario basique, articulé autour d’un casting de personnages au design classe, devient vite un prétexte pour enchaîner les chapitres et se confronter à des adversaires de plus en plus redoutables. On se laisse vite porter par cette soif de sang, sachant que The First Berserker: Khazan se définit comme « un jeu de rôle et d’action hardcore ». Hardcore dans le gameplay, mais aussi dans sa présentation.

Visuellement, The First Berserker: Khazan s’appuie sur une belle réalisation en cel-shading, un choix artistique payant qui donne l’impression de jouer à un animé, en plus de trancher avec la violence graphique. Ce constat est d’autant plus vrai que la solidité technique est de mise, un bon point pour ce jeu tiré d’un genre où l’exigence du gameplay peut vite être balayé par des ralentissements et autres bugs. Il n’y a rien de tout cela dans The First Berserker: Khazan, qui pêche seulement dans la variété de ses décors. Tout est un peu gris dans ce monde macabre, et la structure des différents niveaux, poussiéreuse à souhait, n’aide pas à tomber dans l’extase. Il y a même du recyclage et des clichés un peu trop évidents (le marais empoisonné, vraiment ?).
The First Berserker: Khazan s’appuie sur une belle réalisation en cel-shading
Si The First Berserker: Khazan tire son inspiration de la trilogie Dark Souls, il se rapproche un peu plus des Nioh, développés par Team Ninja. Plutôt que de nous plonger dans des environnements ouverts, il empile les missions principales comme secondaires. Ce découpage est assez daté pour qui se serait délecté d’Elden Ring, et les décors ne proposent aucune activité vraiment excitante passées les premières heures. Parfois, ils sont même trop longs pour leur propre bien et on en vient à se dire que The First Berserker: Khazan serait meilleur sans ces couloirs interminables ayant pour seul intérêt de nous amener au boss suivant. Avec plus d’imagination, on aurait peut-être été davantage motivé à explorer The First Berserker: Khazan. Mais à part pour dénicher quelques pièces de butin, il n’y a rien à sauver.

Dans The First Berserker: Khazan, les boss sont pénibles
C’est d’ailleurs là que The First Berserker: Khazan trouve sa principale limite. Le défi qu’offre les ennemis de base est inversement proportionnel à l’opposition inouïe manifestée par les boss. Concrètement, les zombies, bêtes et autres humains croisés çà et là sont nuls, quand les boss sont incroyablement puissants. Par conséquent, en plus d’être inintéressants, les niveaux nous préparent très mal pour les vrais challenges de The First Berserker: Khazan. Seules quelques missions secondaires permettent de débloquer des éléments clés (exemple : le forgeron).
Le fait est que les développeurs ont mal équilibré leur jeu, et il y a en réalité plusieurs leviers problématiques, sur lesquels ils pourront éventuellement jouer après la sortie pour rectifier le tir. Les boss ont une barre de vie interminable, et il faudrait la réduire d’au moins un tiers pour rendre les affrontements plus justes. Même son de cloche en ce qui concerne la jauge de posture, qui permet de leur porter un coup fatal — qui n’a en réalité rien de fatal.
Il y a aussi un souci avec la parade parfaite, censée récompenser celles et ceux qui jouent « bien », avec le sens du timing. Si la fenêtre d’exécution est confortable, elle n’est pas assez bénéfique et, surtout, laisse passer certains effets (feu, poison…). Autant dire qu’elle n’est pas tout à fait parfaite. Le studio dose par ailleurs assez mal la répartition : le troisième boss majeur possède une deuxième phase complète, ce qui n’arrive plus avant la dernière portion du jeu. En outre, la deuxième moitié du jeu est plus accessible.

Ces errements dans l’équilibre pénalisent un gameplay pourtant irréprochable, dans les sensations (il est nécessaire d’apprendre à gérer l’endurance) comme dans la lecture des patterns, un peu moins dans la variété (trois armes seulement). Contrairement à certains de ses concurrents, The First Berserker: Khazan offre une lisibilité exemplaire. Mais les développeurs misent sur les mauvais ingrédients pour faire plus dur que dur.
En résulte une expérience frustrante, où le « beau jeu » devient un impératif de survie, alors qu’il devrait être un facteur de réussite. On finit par ne plus s’amuser dans The First Berserker: Khazan, à force de s’abrutir sur un face-à-face interminable. Et ne comptez pas sur le mode facile pour vous en sortir : on l’a activé à force d’enchaîner les game over, et les différences sont assez imperceptibles. Une preuve que The First Berserker: Khazan a des défauts structurels.
Neople a semble-t-il conscience que The First Berserker: Khazan place la barre haut. Car il offre la possibilité d’obtenir des points d’expérience assez facilement. On peut ainsi convertir ses armes et armures inutilisées, tandis que chaque tentative avortée permet de grappiller quelques points pour, éventuellement, gagner un niveau susceptible de faire la différence. C’est plutôt bien pensé, mais cela ne suffit pas vraiment à rendre le challenge plus digeste.
On a simplement l’illusion d’être plus puissant, sans jamais avoir ce sentiment d’être à son aise. C’est pourtant le but des soulslike : récompenser la résilience. Dans le cas de The First Berserker: Khazan, la résilience n’est que la matérialisation d’une fierté mal placée.
Le verdict

The First berserker: Khazan
Voir la ficheOn a aimé
- Direction artistique réussie
- Des bases de gameplay solides
- Quelques idées à lui à défendre
On a moins aimé
- Équilibrage à revoir totalement
- Trois armes seulement
- Structure paresseuse
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