Amanda Seyfried s’est rapidement imposée comme une star qui tout jouer, même les rôles les plus difficiles. Depuis plus de vingt ans, elle prouve ainsi sa maîtrise de tous les genres, des films ados devenus cultes (Lolita, malgré moi), en passant par l’horreur (Jennifer’s Body), ou la comédie musicale (Mamma Mia!).
Ces dernières années, la comédienne a également envahi la télévision, après avoir déjà marqué le petit écran grâce à son interprétation de Lilly Kane dans Veronica Mars, dès 2004. On a ainsi pu la voir dans des rôles plus dramatiques grâce à Twin Peaks : The Return, The Dropout, The Crowded Room et désormais La Rivière des Disparues, adaptée du roman de Liz Moore et disponible sur Max depuis le 27 mars.
Pour la première fois, Amanda Seyfried y incarne une policière, meurtrie par des drames familiaux, qui enquête sur de mystérieuses disparitions de femmes à Philadelphie, en pleine crise des opiacés. Une série intense, que l’actrice est venue présenter en avant-première au festival Séries Mania, à Lille. Lors d’interviews accordées à la presse, nous avons pu revenir avec elle sur le personnage singulier de Mickey, qui marque assurément un nouveau tournant dans sa carrière.
L’interview : « J’ai dû faire beaucoup de recherches pour jouer Mickey »
Vous avez toujours rêvé d’incarner une policière. Comment avez-vous abordé le personnage de Mickey dans La Rivière des Disparues ?
Amanda Seyfried – C’était surréaliste et, d’une certaine façon, la responsabilité était immense. J’ai réalisé que je ne jouais pas seulement une policière, j’incarnais une personne qui se trouve être une policière, pour certaines raisons bien précises. Au moment où j’ai enfilé l’uniforme, je l’ai enfin compris. Notre vie entière, nos souvenirs vont influencer la manière dont on peut incarner un personnage, mais tout cela prend une autre dimension lorsqu’on met le costume, que l’on parle à de véritables policiers et que l’on commence à avoir une nouvelle perspective sur le sujet.
Je ne pouvais plus ignorer la réalité autour de moi : l’addiction, la souffrance et la maladie de ces personnes qui ont besoin de notre compassion et de notre aide. Le but de la série, c’est justement de montrer que ce soutien est absent dans énormément de domaines, et spécifiquement celui des forces de l’ordre.
Quel était votre plus grand défi lors du tournage ?
La météo, parce qu’il faisait très froid (rires). Plus sérieusement, la série s’appuie sur la réalité. On parle de véritables personnes, situations, combats et de vrais quartiers qui ont besoin d’être mieux compris par nos sociétés. Sur le tournage, il était impossible d’oublier que l’on incarne des gens dont les vies sont en danger et qui mettent leur vie en jeu, comme les policiers, les habitants du quartier, ou les membres de cette communauté qui se battent contre leurs addictions et que l’on marginalise en permanence.

Pour préparer ce rôle, vous avez passé beaucoup de temps avec deux inspectrices de police. Comment cela a modifié votre vision du personnage de Mickey et la façon dont vous l’avez l’interprétée ?
La première fois que j’ai rencontré Erica et Jasmine, qui sont des femmes plutôt petites, minces et toutes deux mères célibataires, je me suis immédiatement identifiée à elles. Je ne pourrais jamais mettre ma vie en danger comme elles, mais j’avais la sensation que je pouvais le prétendre, au moins. Elles ont accepté de s’ouvrir à moi et de me raconter à quel point elles se sentent vulnérables avec les hommes de leur commissariat. C’est un métier encore très majoritairement masculin et elles doivent donc affronter de nombreux obstacles au quotidien.
Pourtant, elles avaient cette sorte de confiance en elles et j’ai senti qu’il fallait que je l’assimile rapidement. C’était incroyable de voir la manière dont elles communiquent avec les civils. Elles les traitent toujours avec beaucoup de respect et elles ne laissent pas leur peur prendre le pas sur leur travail.
D’une certaine façon, elles jouent aussi un rôle : elles doivent prétendre que les choses ne sont pas aussi terribles qu’elles en ont l’air, elles doivent toujours garder le cap et avoir cette sorte de solidité que je n’aurais jamais pensé avoir à mon tour. J’avais besoin de les rencontrer et de garder le contact avec elles pendant tout le tournage, pour rester terre-à-terre. Il était essentiel pour moi de passer du temps avec elles et d’aller dans le quartier de Kensington, pour vivre cette expérience.
Mickey vous ressemble-t-elle ?
J’étais attirée par ce rôle parce que, même si son parcours est très différent du mien, nous avons chacune grandi avec des personnes qui luttaient contre l’usage de stupéfiants. Et je pense que cela reste en nous, c’est quelque chose de viscéral, de grandir avec cette imprévisibilité au quotidien. J’ai donc pu apporter mes propres souvenirs, je me suis inspirée de la façon dont j’avais géré mes propres problèmes dans le domaine. C’était presque thérapeutique en un sens : c’était difficile, mais cela valait le coup.

Mickey a un tic avec ses mains, qui se manifeste lorsqu’elle vit un moment traumatisant. Comment avez-vous travaillé sur ça ? Avez-vous trouvé l’inspiration dans vos propres anxiétés ?
Je souffre de troubles obsessionnels compulsifs, je suis très honnête à ce sujet. Grâce à la thérapie et à la conscience de soi, j’ai pu mieux comprendre ces TOC, notamment pourquoi et comment ils émergent. Cela m’a permis de me soulager de beaucoup de stress. Mais dans mon cas, cela ne se manifeste pas comme pour Mickey.
Elle a souffert de nombreux traumas qui sont très différents des miens, elle vit plutôt des crises dissociatives. J’ai dû faire beaucoup de recherches sur le sujet parce que j’avais besoin de comprendre comment cela fonctionne et à quoi cela ressemble. Et cela peut se manifester de tellement de façons différentes : il n’y a pas de manière parfaite d’incarner une crise comme celle-ci. Les crises de panique ou d’angoisses sont similaires, mais ce n’est pas du tout la même chose que la dissociation. J’ai donc aussi appris que je ne pourrais jamais ne serait-ce qu’imaginer ce que cela produit vraiment sur le corps.

En quoi La Rivière des Disparues est-elle différente de toutes les autres séries policières ?
Habituellement, dans ce genre de productions, il y a un discours autour du policier qui est le sauveur, qui aide les victimes. Et nous avons toujours voulu nous éloigner de ce stéréotype. Mickey et sa sœur, qui peuvent être considérées comme des victimes, passent constamment de cet archétype à l’autre pendant toute la série. Renverser ce récit du héros et de la victime et retourner ces clichés, c’était très important pour nous, avec Nikki Toscano et Liz Moore, qui ont créé La Rivière des Disparues.
Et la série nous pousse à être davantage attentifs aux difficultés des autres, pour comprendre à quel point nous sommes tous liés. Nous sommes à un ou deux choix de tomber, nous aussi, dans des addictions similaires. Nous avons besoin de donner plus de compassion à ces communautés qui sont marginalisées, au lieu de leur offrir de la peur. Il faut leur donner l’espace émotionnel et matériel pour qu’elles puissent se remettre sur pied. Il y a tellement de potentiel, tellement de place pour un futur plus beau. La série nous rappelle qu’aucune souffrance ne devrait jamais être ignorée, en nous montrant que nous ne sommes pas seuls. C’est pour cela que nous racontons des histoires, finalement.
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