La commande d’avis sur Steam, positif ou négatif, est devenue avec le temps un fructueux marché. Comme sur toute plateforme qui place les avis des consommateurs à un rang très élevé dans l’équation sur la qualité d’un produit, beaucoup des utilisateurs de Steam n’hésitent pas à faire payer leur avis, que ce soit pour remonter la note d’un jeu, ou descendre celle d’un concurrent. D’une manière générale, un avis Steam se monnaie à environ 5 dollars. Pas mal, pour mettre une note et un commentaire.
Les achats sur Steam favorisés
Pour contrer ces abus, Steam lance une nouvelle classification des avis. Les reviews sont désormais séparées en deux catégories : celles venant d’un joueur ayant acheté son jeu sur Steam, et celles pour lesquelles le jeu a été acheté sur une autre plateforme (les légales, évidemment, comme Humble Bundle, GOG, Green Man Gaming mais aussi les sites douteux de revente de clés).
Ainsi, seuls les avis des joueurs qui ont acheté sur Steam sont comptabilisés dans le score d’évaluation du jeu. Il est possible de connaître le score des notes comptant les avis positifs issus des achats hors Steam, mais il ne sera pas mis en avant sur la plateforme.
Alors comme ça, l’air de rien, Steam s’envoie des fleurs et pousse les consommateurs à acheter sur sa plateforme par pur désir d’hégémonie ? Sans doute, mais pas seulement. La plateforme explique son choix en démontrant quelle ampleur pouvait avoir la génération de faux avis sur l’achat des jeux :
« Une étude sur des jeux de Steam montre qu’au moins 160 titres ont un pourcentage beaucoup plus élevé de commentaires positifs venant d’utilisateurs ayant activé le produit avec une clé, par rapport aux clients qui ont acheté le jeu directement sur Steam. (…) Dans de nombreux cas, la fraude est évidente, comme les avis en double et/ou générés en grandes quantités, ou des avis venant de comptes liés au développeur. Dans ces cas, nous avons maintenant pris des mesures en interdisant les faux avis et nous mettrons un terme à notre collaboration avec les développeurs qui continuent d’enfreindre nos règles. »
Qu’en disent les développeurs ?
Avec l’instauration de ce nouveau système d’évaluation, certains jeux ont vu le pourcentage d’avis positifs fluctuer de plusieurs points, que ce soit en hausse ou en baisse. Damien Mayance, co-fondateur du studio Pixelnest à qui l’on doit Steredenn, observe une tendance différente de celle émise par Steam plus haut.
Dans le cas de Steredenn, 115 évaluations sur un total de 422 sont issues d’achats hors Steam. Une fois ces 115 avis retirés de l’équation, le score d’avis positifs passe de 87 à 89 %. Selon le graphique qu’il communique sur son compte Twitter, l’afflux d’avis négatifs correspond à la période où le jeu était disponible pendant une opération Humble Monthly, où les jeux sont accessibles à prix libre.
« Pour moi, c’est aussi la preuve que les gens qui ont acheté sur d’autres plateformes que Steam, via des Bundles moins cher ou autres, ont plus tendance à laisser de mauvaises reviews. Probablement parce que quand il est obtenu à un moindre prix, le jeu a moins de valeur au yeux de l’acheteur. Quand on débourse un bon prix pour un produit, c’est généralement parce qu’on a envie de l’avoir, et on s’y attache plus », interprète Damien Mayance.
Steam cherche-t-il à sanctionner les achats externes ?
Autre cas pour Johann Verbroucht, fondateur et président du studio Goblinz, qui vient de lancer Dungeon Rushers. Ici, le constat est amer. Avec le manque de comptabilisation de 56 avis issus d’achats hors Steam — dont une grande partie étant des pré-achats — sur 186 au total, le score du jeu perd 4 % passant de 84 % à 80 % d’avis positifs.
« À l’époque, nous avions lancé une campagne de pré-achats uniquement sur le site Humble Store, ce qui représente nos 400 premiers joueurs, les plus actifs et les plus impliqués. Nous avons beaucoup travaillé avec Humble, nous avons fait beaucoup de mises en avant chez eux afin de ne pas proposer uniquement du Steam aux gens et éviter ce monopole », explique Johann Verbroucht.
« Lors de l’early access de Dungeon Rushers, nous étions à 93% de reviews positives, 84% avant le nouveau système (ce qui représente bien l’écart entre le premier cercle de joueurs, et les achats qui viennent après la sortie). On sait à quel point la base de la communauté est importante car c’est elle qui propage le message sur les réseaux sociaux et laisse des reviews les premiers jours de sorties », détaille-t-il. Johann Verbroucht interprète cette démarche de Steam comme « une manoeuvre très habile » pour sanctionner les ventes ayant lieu en dehors de sa plateforme.
En attendant, la prochaine cible de Steam sur son service d’évaluation serait la fonction de marquage d’un commentaire jugé « utile ». Cette fonction semblerait, sans grand étonnement, être utilisée n’importe comment. La plateforme d’achat devrait donc prochainement revenir avec une solution concernant cette faille.
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