Il y a un an, j’ai été hypnotisé par l’exploration du sombre manoir de Lorelei and the Laser Eyes qui m’emporta rapidement dans son tourbillon d’énigmes enchâssées et d’une ingéniosité rare. Je ne pensais vraiment pas revivre ces mêmes sensations si vite… et surtout de manière encore plus intense.
Blue Prince, disponible à compter du 10 avril 2025 sur PS5, Xbox Series S, Xbox Series X et PC (ainsi que dans le Xbox Game Pass), réussit ce tour de force. Il repose en effet sur une étonnante hybridation qui ajoute à l’attraction naturelle de ses mystères l’addiction de ses mécaniques de jeu, parfaitement dosées.
Points forts
- Une ingéniosité vertigineuse
- Une mécanique addictive
- D’une profondeur et d’une richesse insondables
Points faibles
- Léger manque d’ambiance sonore
- Un début pas évident
- Uniquement en anglais
Blue Prince mêle finement énigmes et rogue-lite
Anglais LV1 recommandé
La seule vraie contrainte de Blue Prince est qu’il n’est disponible qu’en anglais. Celui-ci n’est pas trop relevé (en dehors de quelques écrits liés au lore), mais est parfois lié à des énigmes qui paraissent vite intraduisibles en l’état. Mieux vaut donc s’y aventurer avec quelques notions. Si vous avez eu la moyenne au Bac, ça semble déjà une bonne base.
À la base, Blue Prince propose de s’aventurer dans un immense manoir en vue à la première personne dans un style graphique saisissant grâce à un magnifique cel shading qui donne une patte singulière, poétique et très douce au jeu. On y incarne Simon, un jeune homme désigné comme principal légataire des lieux après le décès de son grand-oncle. Seule petite subtilité : pour toucher son héritage, notre héros va devoir trouver la 46ème pièce de ce manoir qui n’en compte a priori que… 45.
La mécanique rogue-lite de Blue Prince finit par le rendre étonnamment addictif.
C’est sur ces prémices nébuleuses que l’on se lance et qu’on découvre tout d’abord un mélange de jeu de plateau et de rogue-lite. Car la maison qui nous est promise est une véritable page blanche, ou plutôt, un damier de 5 x 9 totalement vide à l’exception de son hall d’entrée et d’une antichambre tout en haut, qui semble être notre objectif final (mais, l’est-il vraiment…). Lorsque l’on ouvre une porte, on se voit en réalité proposer aléatoirement trois plans possibles de pièces à créer (une chambre, une salle de billard, une cuisine…). À nous de choisir quelle salle on souhaite dessiner, avec un double dilemme : est-ce qu’elle aura une ou des portes bien positionnées pour poursuivre son parcours sur le damier et quel bonus pourra-t-elle m’apporter ?

C’est là que Blue Prince dévoile le début de sa facette rogue-lite : non seulement il faut créer un plan de maison cohérent qui permet de circuler, mais en plus il faut jouer stratégiquement pour débloquer des éléments qui vont nous aider dans le jeu. Clés, diamants, argent… : certaines pièces recèlent des ressources qui seront indispensables pour avancer. Mais il y a également des accessoires secondaires comme une pelle qui permet de creuser à certains endroits, une loupe pour observer photos et documents dans les moindres détails… Tout un tas d’aides qui faciliteront notre aventure… Jusqu’au lendemain.
Oui, il y a une dernière subtilité dans le gameplay de base de Blue Prince : on ne dispose que de 50 pas par jour, sachant que l’on dépense un pas par salle traversée. Quand on tombe à zéro ou que l’on n’a plus la possibilité de progresser sur notre damier/plateau de jeu (bloqué par un cul-de-sac ou parce que l’on est à court de clés, par exemple), la journée s’arrête et on recommence de zéro le lendemain. Enfin, de zéro… pas tout à fait. Car, à l’image d’un Outer Wilds, les connaissances accumulées sur le jeu et ses mécaniques restent, elles, bien fichées dans notre cerveau, si bien que l’on affine au fur et à mesure ses stratégies et que l’on progresse chaque fois un peu plus.

Une vraie drogue
Déroutante (voire un brin décourageante) au tout début, la mécanique rogue-lite de Blue Prince finit par le rendre étonnamment addictif. Galvanisé par une découverte faite un jour, on n’a qu’une hâte : passer au lendemain pour confirmer une théorie ou débloquer un élément que l’on a désormais pigé. Car au-delà de cette structure façon jeu de plateau aléatoire, Blue Prince regorge d’énigmes et de puzzles qui souvent se répondent entre eux et se révèlent avec le temps (en ouvrant bien grand les yeux et en prenant des notes !). Une photo, un post-it, un extrait de livre trouvé ici ou là peut mettre sur la piste d’un code de coffre ou quelque autre mystère présent dans une autre pièce de la maison. Sans parler des interactions possibles avec certaines salles bien particulières…

Et justement ! Il faut composer avec l’incertitude des salles que l’on va découvrir à chaque pas de porte qui n’est pas loin de rappeler ce délicieux petit frisson qui nous parcourt à l’ouverture d’un nouveau booster dans Balatro, avec toujours cette surprise quand une pièce inédite apparaît. L’aléa (et la potentielle frustration qui va avec) est en outre un peu compensé à terme par le déblocage (à l’issue de longues réflexions et d’une série de merveilleuses épreuves) de bonus permanents qui vont simplifier peu à peu nos tentatives, ainsi qu’il convient de les considérer. L’ensemble de ces engrenages assemblés donne un tout d’une cohérence et d’une ingéniosité tout simplement incroyables.

Malgré la redondance de ses mécaniques, Blue Prince regorge tellement de mystères et de choses à découvrir que chaque journée se révèle gratifiante — elle aura au moins permis de découvrir telle chose, comprendre telle autre. C’est tellement brillant que le jeu ne s’essouffle pas au fil du temps. C’est même tout l’inverse : plus on avance, plus on prend conscience du gigantesque puzzle dans lequel on évolue et surtout de la capacité du jeu à proposer toujours plus. Même après plus de vingt heures de jeu (et cette fameuse pièce 46 découverte), j’ai encore des moments où mes yeux s’écarquillent et où mon cerveau s’échauffe à l’idée d’imaginer tout ce qui lui reste encore à résoudre et à découvrir dans ce lieu aussi magique que merveilleux.
Le verdict

Blue Prince
Voir la ficheOn a aimé
- Une ingéniosité vertigineuse
- Une mécanique addictive
- D’une profondeur et d’une richesse insondables
On a moins aimé
- Léger manque d’ambiance sonore
- Un début pas évident
- Uniquement en anglais
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