Il y a de bonnes raisons d’attendre le 22 septembre pour découvrir Easy, une série originale Netflix dans laquelle on trouvera Orlando Bloom, Emily Ratajkowski, Gugu Mbatha-Raw ou encore Dave Franco (le beau gosse de Nerve). Si le casting laisse certains rêveurs, le plus intéressant dans cette future série que le service de streaming tease avec discrétion, c’est la présence derrière la caméra de Joe Swanberg.
Un inconnu pour beaucoup, qui est pourtant un des petits rois d’un mouvement cinématographique du cinéma américain marquant, le mumblecore. Ce terme inventé par Masunaga, un ingénieur son travaillant sur les films d’Andrew Bujalski, autre figure du genre, avait été invoqué au South by Southwest pour parler de ce nouveau mouvement. Le mumblecore tente de définir un courant de films indépendants bien bordéliques, dans lesquelles l’impro des acteurs a une place importante, tout comme les faibles moyens accordés à la réalisation.
Ces petits budgets sont complètement assumés dans leur réalisation souvent faussement amateure. Cette pratique, conjuguée au côté volontairement spontané, donnait parfois des captations sonore de mauvaise qualité dans lesquelles les acteurs semblent parfois marmonner (to mumble dans la langue de Frank Ocean). D’où l’invention du mumblecore.
Mais ces films ne se définissent pas seulement par une technique, ils sont également portés par des sujets propres aux modernités relationnelles qui font la vie quotidienne de la génération Y. Amourettes merdiques, débrouilles financières, pop culture et sexe.
Arrivés tardivement dans nos contrées, ces films ont trouvé grâce à Théo Ribeton un écho critique et théorique dans son livre, incontournable pour les francophones, nommé tout simplement Le Mumblecore aux éditions Zinzolin.
Parfois comparé aux mutations techniques et intellectuelles survenues en France avec les débuts de la Nouvelle Vague, le mumblecore trace en réalité sa propre route, avec ses thèmes, ses méthodes et surtout un éclectisme irrévérencieux.
Difficiles à trouver en Europe, les grands films du mouvement ont trouvé récemment chez Contre-Allée un diffuseur pour l’hexagone. Ce qui nous donne une bonne raison de découvrir le genre et ses classiques (Funny Ha Ha de Andrew Bujalski ou Hannah Takes the Stairs de Joe Swanberg nous paraissent de très bonnes introductions).
Et Netflix dans tout ça ?
Avec une série visiblement gros budget chez Netflix, les inspirations du mouvement vont trouver un nouvel écho. Quel sera le résultat d’un tel mélange des genres entre acteurs professionnels et acteurs issus du mumblecore ? Production à gros budget et réalisateur volontairement système D ? Rendez-vous le 22 septembre avec ce qui restera certainement comme la première et plus grande mise en lumière mondiale d’un mouvement sous-estimé. En espérant que ce ne soit pas un gros raté.
https://www.youtube.com/watch?v=kXSMptubv6s
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