Tony Gilroy a profondément marqué la saga Star Wars : on lui doit à la fois le scénario de Rogue One, un film à part entière, et Andor, considérée comme la meilleure série live action de la franchise.

Alors que les trois premiers épisodes de la saison 2 viennent d’être diffusés sur Disney+, rien n’est plus certain : Andor garde son titre de meilleure série Star Wars. On le doit notamment à sa trame historico-politique puissante. Tony Gilroy, showrunneur et créateur de la série, qui était aussi derrière le scénario de Rogue One, estime qu’Andor reflète surtout les effets d’un tel régime politique sur les communautés. Il détaille sa pensée dans cette interview inédite, pour Numerama, dans notre format Cybercafé.

Tony Gilroy, l’interview

Numerama : quel est le plus intéressant dans la création d’une série de science-fiction ?

Tony Gilroy : Il y a quelque chose de très libérateur : la science-fiction est une sorte d’organisme hôte pour toutes sortes de questions, de problématiques, de sujets que vous ne voulez pas enfermer dans notre époque, car ce sont plutôt de grandes idées.

Tony Gilroy en interview pour Numerama. // Source : Numerama/Disney+
Tony Gilroy en interview pour Numerama. // Source : Numerama/Disney+

J’ai lu beaucoup de science-fiction, en grandissant, et j’avais déjà entendu ce principe, mais je n’avais jamais eu l’occasion de la mettre en pratique. Et je confirme : il y a une incroyable liberté à ne pas être confronté au monde réel.

Dans l’épisode 3 de la saison 2, la mère de Syril lui déclare « ne devient pas trop un individu » (« don’t become too much of an individual »). La série parle-t-elle de notre capacité à rester une individualité, une personne, sous un régime oppressif ?

La conformité est évidemment ce que l’Empire recherche. Elle [Eedy, la mère de Syril] ne veut pas qu’il devienne un individu. Mais je pense qu’elle est moins intéressée par la politique que par le contrôle de sa propre maison… le contrôle de Syril.

@numerama

À l’occasion de la sortie de la saison 2 de Andor sur Disney+, Numerama a eu l’honneur de recevoir le créateur de la série : Tony Gilroy. 🔥 🗣️ Il nous parle de la place que prennent la romance, les jeunes générations, le sens de la communauté ou encore la politique au sein des révolutions. #disneyplus #series #shows #andor #starwarstiktok #starwarsfan #starwarsfyp starwars #popculture #numerama #speech #interview

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« L’intérêt de la série, c’est surtout la communauté. »

Tony Gilroy

L’intérêt de la série, c’est surtout la communauté. On voit, tout au long d’Andor, un grand nombre de communautés être déchirées par l’Empire. C’est un thème commun à toute la série. Il y a des gens qui essaient de créer des communautés, partout où ils vont, puis celles-ci sont détruites.

La saison 2 d’Andor est aussi celle des histoires d’amour. Y a-t-il toujours une place pour la romance durant une révolution ?

Oh mais les révolutions favorisent la romance ! Les révolutions sont en grande partie romantiques. Il y a ce livre génial, The House of Government, un essai sur la Révolution russe. C’est étonnant la quantité d’histoires d’amour qu’on y trouve au sein de la jeunesse, la composante sociale de ces personnes qui se rassemblent pour faire une révolution.

Bix et Cassian dans la saison 2 d'Andor. // Source : Disney+
Bix et Cassian dans la saison 2 d’Andor. // Source : Disney+

Les révolutions sont d’abord menées par les plus jeunes. Ils sont en première ligne de ce qu’il se passe. Comment cela ne pourrait-il pas être lié à la romance et à l’amour ?

On rapproche souvent Andor de l’actualité politique. Mais d’un point de vue plus large, quelle est la leçon politique la plus universelle que nous raconte Andor ?

C’est intéressant… j’en reviens là encore à la communauté. Ce n’était pourtant pas l’idée que j’avais en écrivant la série, je ne l’avais pas anticipé. Je ne prévoyais pas d’écrire une série politique. Je ne commence jamais en prenant les choses de haut, je commence toujours avec un microscope. C’est plus petit, mais vous finissez toujours par y trouver quelque chose. Quand je vois nos 24 épisodes, il y a ce thème commun du malheur généré par la destruction des communautés, pour créer un système monochrome. Vous pouvez le constater au fil de la série.

Cassian Andor au début du premier cycle de cette saison 2. // Source : Disney+
Cassian Andor au début du premier cycle de cette saison 2. // Source : Disney+

Et je parle de l’idée de « communauté » sous ses formes, qu’il s’agisse d’un groupe religieux, d’un groupe de personnes indigènes, d’amis partageant les mêmes idées, d’une communauté agricole, ou encore d’un endroit comme Ferrix, qui est, comme vous le savez, une communauté non-utopique mais qui fonctionne bien.

Star Wars est souvent une saga de légendes, de grands héros, de grands héroïnes. Quelle était l’importance de porter le focus sur des personnes normales ?

C’était le premier point d’entrée dans la série : nous voulons être dans la cuisine et pas dans la salle à manger. Nous ne voulons pas nous occuper de la famille royale. Je veux savoir ce qui arrive aux gens de tous les jours, des gens auxquels on peut s’identifier. Lorsque l’Histoire vient frapper à votre porte et vous y propulse… qu’arrive-t-il aux gens normaux ? Lorsqu’ils n’ont pas d’autre choix que de faire un choix ? Et que se passe-t-il lorsque les risques de faire un choix sont aussi graves que de ne pas en faire ?

Dedra Meero, dans la saison 2 d'Andor. // Source : Disney+
Dedra Meero, dans la saison 2 d’Andor. // Source : Disney+

Mais du côté de l’Empire aussi, pour les gens qui seraient habituellement considérés comme des méchants. Je m’intéresse autant à leurs insécurités, à leurs problèmes et à leur humanité. Beaucoup d’entre eux sont piégés dans leur propre jeu. C’est ce qui m’intéresse.

Star Wars est aussi l’une des sagas les plus discutées de l’Histoire, d’autant plus sur Internet. Est-ce que vous regardez les réseaux sociaux, ce qu’il se dit sur Andor, ou vous préférez vous en tenir éloigné ?

Je regarde ! Mais je n’imaginais rien de tout cela quand j’ai travaillé sur Rogue One, donc j’ai été assailli par ce qu’il s’est passé après. Quand nous avons diffusé la première saison d’Andor, c’était un épisode par semaine pendant douze semaines, une par semaine, comme si un film sortait chaque semaine… je regardais. Je n’ai pas de présence sur les réseaux sociaux. C’est en tant que spectateur que j’ai commencé à y aller, et c’était fascinant.

« Les gens qui ont travaillé sur la série sont fascinés par la profondeur de compréhension qu’en a le public »

Tony Gilroy

Quand on était en train de produire la série, je ne regarde pas, mais en ce moment, oui. J’ai appris pas mal de choses grâce à ça, et c’est parfois amusant… ou parfois incroyablement prémonitoire. Les gens qui ont travaillé sur la série sont fascinés par la profondeur de compréhension qu’en a le public, sur des éléments vraiment profonds.

Il y a des gens qui regardent la série trois, quatre, cinq, six fois… et ils déterrent de petits détails que nous y avons insérés, ou même des choses dont nous avons simplement discuté entre nous, des choses qu’on imaginait très secondaires, comme un élément d’atmosphère ou un simple meuble, et les gens les déterrent. Je trouve ça gratifiant !

Source : Montage Numerama
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