Andor, c’est fini. Pas pour vous, pas encore, puisque la saison 2 vient tout juste de débarquer en streaming, sur Disney +, ce 23 avril. Mais pour nous, qui avons eu l’occasion d’achever le visionnage des 12 nouveaux épisodes en avant-première, une page s’est désormais irrévocablement tournée. Non sans un réel pincement au cœur.
C’est une double déchirure, en réalité. D’abord, parce qu’on a épuisé tous les épisodes disponibles, en les enchaînant aussi vite que possible pour voir dans quels guêpiers le héros s’est parfois plongé au nom de l’Alliance rebelle — et de quelle façon il s’en sort. Ensuite, car il n’y aura plus aucune autre saison : le gap avec le film dérivé Rogue One, qui se déroule juste après, a été comblé.
Une série toujours largement au-dessus des autres
On pourrait même parler de triples déchirures, puisque l’on n’est clairement pas sûr que Lucasfilm sera en mesure de re-proposer une série sur Star Wars d’un tel niveau de qualité. On le disait déjà en 2022 dans notre critique de la première saison : Andor est la meilleure série Star Wars à ce jour. Point à la ligne. Ce statut est confirmé avec la saison 2.
On a beau avoir beaucoup de tendresse et de sympathie pour les autres séries de la licence (bon, sauf pour Le Livre de Boba Fett, qui est le vilain petit canard de la bande), et en trouver une ou deux vraiment plaisantes et réussies, rien n’arrive à la cheville d’Andor à ce jour. Qualité de l’écriture, mise en scène, direction artistique, richesse des personnages… C’est un sans faute.
Avant de poursuivre la lecture, une mise en garde : la suite de l’article dévoilera certains éléments notables des trois premiers épisodes et reflétera un sentiment général sur les neuf autres, sans rien dévoiler de l’intrigue. Malgré tout, attention aux spoilers qui suivent, donc.

Celles et ceux qui ont déjà vu la saison 1 le savent : on n’est pas là pour rigoler. À côté d’Andor, le reste de la saga apparaît presque un peu trop gentillet. Si vous n’aviez pas saisi à quel point l’Empire galactique est une machine froide, cruelle et implacable, dont les pires rouages s’activent au contact de pauvres malheureux, la production va vous le rappeler.
On est à des années-lumière de l’ambiance enfantine de Skeleton Crew, la dernière série en date dans l’univers de Star Wars. La saison 2 d’Andor met un énorme coup de volant dans l’autre sens, avec un récit beaucoup plus sombre et mature. Un Star Wars résolument pour les grands, cette fois.
Une scène clé, jadis impensable pour du Star Wars
Un exemple est particulièrement frappant dans l’épisode 3. La tentative de viol sur Bix Caleen par un officier impérial, qui recherchait d’éventuels clandestins dans les parages. Lors d’une fouille, le militaire tente de profiter de sa position pour solliciter des faveurs sexuelles, mais la jeune femme refuse. S’ensuit une agression sexuelle terrible dans le domicile de Bix.
Si l’on n’est pas sur le même degré d’horreur qu’un film comme Irréversible, jamais une telle scène n’avait été représentée dans les principaux médias de Star Wars, qui a toujours gardé un vernis assez familial et grand public. Un choix radical, mais important, renforcé par des effets de mises en scène dérangeants, pour accentuer les intentions du futur agresseur.

Qu’Andor s’avance à ce point sur un sujet aussi sensible, aussi sordide, est à saluer. Surtout pour une production sous la houlette de Lucasfilm et de Disney. Avec le mot de viol prononcé à haute voix à l’écran. Qui plus est avec une scène mêlant une jeune femme sans-papier face à un officier qui se croit intouchable en raison de son statut.
Soudainement, notre propre réalité jaillit dans Star Wars. Cela nous tend un miroir terrifiant, avec des crimes bien réels qui inspirent les scénaristes et qui nous les renvoient en pleine face. C’est dur à l’image, mais cela rend Andor encore plus remarquable. La série a un véritable propos. Elle est puissante. Elle est pleinement politique.
Une série qui a un vrai propos, et qui le raconte bien
Cette scène clé vient rappeler sans ménagement à quel point la brutalité de l’Empire se manifeste à bien des niveaux (contre des passants, des sénateurs ou des foules entières). Une brutalité qui possède forcément un propos éminemment politique. Hasard du calendrier et des élections, cela produit un étrange écho dans une autre galaxie, pas si lointaine cette fois.
Évidemment, Trump n’est pas Palpatine et les États-Unis ne sont pas l’Empire. Mais comment se départir de l’impression que ce qui est vu à l’écran est une sorte de reflet du réel ? Lorsque, par exemple, le premier épisode montre frontalement comment l’Empire exploite fake news et désinformation pour cacher certaines activités ?
Comme nous le relevions déjà dans la première saison, Andor est géniale parce que c’est une excellente série tout court — indépendamment du fait qu’elle est estampillée Star Wars — même si cette nouvelle saison a en plus l’avantage d’avoir en renfort certaines têtes que l’on voyait déjà du temps de Rogue One, comme Ben Mendelsohn (Orson Krennic).

On retiendra en particulier quelques dialogues formidables tout au long de la série — on pense à un échange entre Cassian Andor, le héros, et Luthen Rael, son mentor, ou encore à une séquence plus tendue entre Orson Krennic, le grand responsable de l’Étoile Noire, et Dedra Meero, une femme attachée à l’Empire, brillante et prête à tout.
Quant à celles et ceux qui espèrent retrouver la même cinématographie que dans la première saison, qu’ils se rassurent : l’esthétique demeure, y compris lors de séquences anodines. À ce titre, comment ne pas penser à ce passage dans lequel Luthen dévale des escaliers, avec un angle de caméra étrange, comme renversé. Malin : il suggère le monde qui vient de basculer dans son esprit, après avoir appris une terrible nouvelle.
Un tempo différent, avec quatre arcs de trois épisodes, pour couvrir quatre ans
Tout est pareil, alors ? Oui, sauf le rythme du récit. Si les douze épisodes de la première saison racontaient une histoire condensée sur un an, les chapitres suivants ont été organisés en quatre arcs de trois épisodes chacun, avec un an d’écart pour chaque segment. On couvre ainsi une période de quatre ans, jusqu’à rejoindre le récit de Rogue One.
Cette réorganisation est contrainte par la décision de ramener la production d’Andor de cinq à deux saisons au total. Dès lors, il fallait avancer plus vite, mais cela ne dessert aucunement le récit. Au contraire, il reflète aussi la course contre-la-montre qui s’engage autour de l’Étoile noire, dont l’Alliance prend conscience.

Par ailleurs, la diffusion aussi change : Lucasfilm a décidé de sortir en même temps les trois épisodes de chaque arc à un rythme hebdomadaire. De fait, toute la saison sera en ligne en quatre semaines. Cela a aussi pour effet de donner une impression de téléfilm de 2 heures (trois épisodes de 40 min), avec qui plus est des histoires assez séparées les unes des autres.
L’histoire avance donc beaucoup plus vite et les sauts temporels auxquels on assiste permettent de montrer plus rapidement l’importance que prend Cassian Andor dans l’Alliance rebelle — au point de se voir confier certaines des missions les plus sensibles, parfois même au plus profond de l’Empire, en plein cœur du territoire ennemi.
Andor est la meilleure série Star Wars à ce jour. Point à la ligne.
Faire évoluer un personnage dont on sait qu’il ne lui arrivera rien de fatal dans la série est bien sûr un challenge, puisque le héros revient plus tard dans Rogue One. Il fallait donc trouver un autre moyen de malmener le pauvre Cassian Andor — au-delà des blessures physiques et des séquelles morales, pour toucher à travers lui le public.
Mais le plus dur, sans doute, est le vide qui va se former petit à petit autour du héros. Certes, Cassian avait déjà perdu des êtres chers dans son proche entourage. Cela, hélas, continue, au rythme de la guerre et des années qui passent. Ici, un ami de longue date. Là, un frère d’armes rencontré il y a peu. Ailleurs, une vieille connaissance.

Et puis il y a aussi les malheurs qui concernent Cassian Andor, mais qui viennent directement frapper les téléspectateurs et les téléspectatrices. Comme lors de la toute fin de la saison 2, dans un ultime plan qui remuera à coup sûr celles et ceux qui ont vu Rogue One et qui savent très bien qu’il s’agit là de la fin du voyage du Cassian.
Chapeau Tony Gilroy. On ne pensait pas que vous nous infligeriez une telle gifle, juste avant le générique. Et une quatrième déchirure dans la foulée. Mais cela valait la peine : vous signez l’un des meilleurs arcs scénaristiques de Star Wars, avec le Rogue One de Gareth Edwards. Pas mal pour un héros secondaire d’un film dérivé.
Le verdict

Andor
Voir la ficheOn a aimé
- Des personnages très bien écrits
- Un traitement adulte de Star Wars
- De belles idées de mise en scène
On a moins aimé
- Une lenteur sur les premiers épisodes
- Hélas, que deux saisons au total
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