Jean-Michel Jarre persiste et signe. Au cours d’un entretien accordé à La Chaîne Techno lors du salon 2011 de l’IFA à Berlin, le célèbre musicien a de nouveau pointé du doigt la responsabilité des fournisseurs d’accès à Internet dans la lutte anti-piratage. Pour le compositeur de musique électronique, c’est en faisant payer les opérateurs de télécommunications qu’une partie du problème sera résolue.
Améliorer l’aspect coercitif d’Hadopi
« C’est important que notre pays puisse, de manière officielle, dire pour ceux qui ne sont pas au courant : ‘vous savez que télécharger de la musique illégalement, c’est répréhensible’. Je pense que c’est important de le dire. Maintenant, l’aspect coercitif d’Hadopi demande, je pense, à être amélioré parce qu’il est inapplicable clairement » a jugé Jean-Michel Jarre, estimant que la loi a le mérite de faire un pas « vers le vrai problème de fond« .
Le musicien considère en effet que ce n’est pas tant les consommateurs qu’il faut viser, mais bien les fournisseurs d’accès à Internet qui se sont développés très rapidement grâce au téléchargement illicite. Pour cela, il faut attaquer le problème en amont et de ne pas se limiter aux conséquences, c’est-à-dire aux internautes. Quand bien même une taxe sur les FAI finira par se répercuter sur le prix de l’abonnement.
Faire payer les opérateurs
« Ce ne sont pas les consommateurs qu’il faut viser, ce sont les gens qui sont capables de payer. Quand vous écoutez la radio, vous écoutez de la musique gratuitement. Personne ne vous dit que vous exercez une activité illégale. Pourquoi ? Parce que les droits ont été payés en amont. Il faut exactement que l’on trouve le même système pour Internet » a-t-il expliqué.
Reprochant aux fournisseurs de données de gagner « des milliards sur notre dos », Jean-Michel Jarre entretient donc son idée de taper au porte-feuille des FAI. Une idée que le chanteur avait déjà esquissé l’année dernière. « L’ennemi, ce ne sont pas ceux qui téléchargent quelques titres, vidéos ou du contenu informatif. Ce sont les FAI qui se font des fortunes, et qui en plus ont des facilités fiscales accordées par Bruxelles« .
Contre la licence globale
À la question de savoir si le dispositif imaginé par Jean-Michel Jarre se rapproche de la licence globale, le musicien s’en est défendu. « Pas du tout. La licence globale correspond à aller dans un supermarché et de remplir son caddie pendant un mois pour 5 ou 10 euros par mois« . On est loin, très loin, du système que souhaite installer le Parti socialiste s’il arrive aux responsabilités en 2012…
« Si on décide que la société fonctionne comme ça, je ne suis pas contre. Mais il n’y a aucune raison pour que cela soit uniquement les musiciens qui en pâtissent. Je trouve ça totalement aberrant même » a-t-il ajouté. À ce sujet, rappelons que le député PS Christian Paul a déjà envisagé l’élargissement de la licence globale à d’autres filières culturelles, comme le cinéma ou la littérature.
Restaurer la valeur du geste créatif… en allongeant la durée de vie du droit d’auteur
« Au XVIIIème siècle, on a décidé de manière assez subjective de se dire que le droit d’auteur, le copyright, aura une durée de vie de 50 ans. Pourquoi ? Parce qu’à cette époque-là, l’espérance de vie d’un être humain était de 50 ans. Aujourd’hui, on est deux siècles plus tard et il est temps de se dire ‘pourquoi on appliquerait pas ce qui existe dans l’industrie, c’est-à-dire le brevet ?« .
« La philosophie du brevet c’est que c’est absolument infini et qu’on le renouvelle tous les 20 ans. Et moi, je suis absolument pour le fait d’élargir et d’allonger beaucoup la durée de vie du copyright ce qui permettrait, et c’est pas pour des problèmes de succession et des ayants droit de la famille de l’auteur, d’introduire dans la tête de chacun dans notre société aujourd’hui, le fait que le geste de création est quelque-chose qui a une valeur inestimable« .
Sauf que Jean-Michel Jarre se trompe. La durée de vie d’un brevet est 20 ans et il faut que celui-ci soit renouvelé chaque année pendant cette période. Au-delà, il tombe dans le domaine public. Le brevet n’a donc rien d’intemporel. Il est certain que, s’il apprenait cela, Jean-Michel Jarre se garderait bien de souhaiter calquer les droits d’auteur au mécanisme des brevets.
Et d’illustrer ses propos : « aujourd’hui, personne d’entre nous ne peut se payer Mona Lisa. En revanche, la 9ème de Beethoven ne vaut rien. Est-ce que ça veut dire que Beethoven est un artiste mineur par rapport à Léonard de Vinci ? C’est toute la question et c’est sur tous ces problèmes qu’il va falloir que des lois du système de type Hadopi se penchent » a conclu Jean-Michel Jarre qui devrait se retrouver dans les débats actuels au niveau européen.
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