Cette semaine le Copyright Madness revient sur la liberté de panorama (ou plutôt son absence), une curieuse histoire de copyfraud sur un chant nazi, les soucis de Capcom avec son patch et un petit patent madness autour du hamdog ! Bonne lecture et à la semaine prochaine !
Copyright Madness
Plein la vue. Il y a eu de grands débats pendant le vote de la loi numérique pour savoir s’il fallait consacrer la liberté de panorama en France. Cette exception au droit d’auteur autorise l’utilisation de l’image des bâtiments protégés situés dans les espaces publics. Or, un événement a montré à quel point cette liberté est nécessaire. La ville de Bordeaux a annoncé qu’elle avait été obligée de racheter pour 450 000 euros le droit d’utiliser l’image de la Cité du Vin au cabinet d’architectes chargé de la réalisation du bâtiment. L’édifice a pourtant déjà été payé par de l’argent public mais le droit d’auteur reste aux architectes… La facture est salée et ce n’est hélas pas la demi-liberté de panorama votée dans la loi numérique qui permettra de résoudre le problème.
Copyreich. Vous ne connaissez pas Hitler est un documentaire dénonçant les crimes du nazisme qui a été censuré sur YouTube pour des raisons de droits d’auteur. Il contenait en effet un extrait d’une minute d’un film de propagande dans lequel on peut entendre le Horst Wessel Lied, l’hymne du régime nazi. Or, une société a demandé le retrait du documentaire en prétendant représenter les droits… de la bibliothèque nationale allemande ! Celle-ci s’est désolidarisée de cette plainte et le réalisateur du film rappelle que les droits d’auteur sur les documents de propagande nazi ont été annulés, les plaçant donc dans le domaine public. Quoi qu’il en soit, c’est plutôt un hymne à la bêtise qu’il faudrait composer pour une histoire pareille !
Ceci n’est pas un DRM. Street Fighter V est sorti en février après avoir été longuement attendu par les fans de la saga. Mais les joueurs qui ont acheté le jeu ont fait face à une bien mauvaise surprise après l’installation d’une mise à jour. L’éditeur Capcom a essayé de les rassurer en expliquant qu’il ne s’agissait pas d’un DRM mais d’un système de sécurité pour éviter la triche. Sauf que le bidule en question a provoqué des désagréments comme la désactivation de l’anti-virus des acheteurs, des messages d’alerte à répétition ou carrément des plantages des ordinateurs. De plus, le logiciel demandait un accès au noyau du système d’exploitation ! Devant la vague de protestations provoquée par cette politique, Capcom a décidé de faire machine arrière en désactivant le programme. Ce n’était peut-être pas un DRM, mais c’est un Double KO pour Capcom !
Libérez-les tous. Plusieurs semaines après son lancement, on continue de parler du phénomène Pokémon Go. Mais ici, ce n’est pas pour les mêmes raisons. En effet, le studio Niantic se retrouve avec les sociétés défendant les intérêts des titulaires de droits de l’image sur le dos. Figurez-vous que ces charmantes sociétés accusent Niantic de diffuser des œuvres architecturales sans l’autorisation des titulaires de droits. D’après elles, il s’agit d’une reproduction faisant l’objet d’une communication au public. Et c’est pour cette simple et bonne raison que Niantic devrait payer la dîme. Encore une fois, on se rend compte qu’il est nécessaire d’imposer une liberté de panorama ! Et aussi de se mettre à chasser des Nayants-droit !
Tradmark Madness
Prison olympique. Un Américain vivant au Japon a trouvé une solution pour arrondir ses fins de mois en vendant sur Internet des mugs ornés du logo des jeux olympiques de 2020 qui se dérouleront à Tokyo. Manque de chance pour lui, il s’est fait pincer par la police pour avoir vendu ces objets sans l’autorisation du comité international olympique réputé pour être très à cheval sur sa marque. Cette activité juteuse lui aurait rapporté entre mai 2015 et février 2016 au moins 65 dollars ! Il fallait mettre un terme à cette organisation mafieuse de toute urgence !
Port d’arme. Prenez une dose de droit des marques, ajoutez des armes à feu et vous obtiendrez un trademark madness nauséabond. On a appris que deux fabricants de fusils d’assaut AK-47 se disputent pour savoir qui détient la marque Kalachnikov. Plusieurs procès ont déjà eu lieu pour déterminer qui est le véritable propriétaire de la marque actuellement détenue par l’entreprise gérée par les héritiers de l’inventeur du tristement célèbre fusil. Plutôt de que de s’étriper en justice, ils feraient peut-être bien de déposer les armes.
Patent Madness
Recette du succès. L’Australien Mark Murray a eu une idée de génie qui va sans doute changer la face du monde : il a croisé un hamburger et un hotdog, en baptisant « Hamdog » ce monstre de Frankenstein de la junk food. Mais il a aussi réussi à obtenir aux États-Unis un brevet sur ce machin pour napper le tout d’une petite couche de propriété intellectuelle. Visiblement, l’Office des brevets a considéré qu’il s’agissait bien d’une « invention », car il faut un moule spécial pour donner au pain une forme capable de couvrir à la fois un steak et une saucisse. Sachez que Murray met en vente à présent ce brevet, dont il estime la valeur à 100 millions de dollars (hum…). Toi aussi, croise une pizza avec un bagel, un kebab avec des burritos et tu feras fortune ! Ou pas…
Copyright Wisdom
Unleash the trolls. La question de la réforme du droit d’auteur est parfois désespérante et les récentes propositions de la Commission européenne en la matière ne nous ont guère remonté le moral. Encore une fois, elles paraissent datées du siècle dernier, en oubliant tout ce qui fait le propre de la culture numérique. Mais Mozilla a décidé de contre-attaquer avec les armes d’Internet : en trollant ! L’organisation propose aux internautes d’envoyer à la Commission européenne des selfies pris devant des monuments protégés ou des montages avec des mèmes et des gifs animés, toutes choses qui restent illégales dans de nombreux pays. N’hésitez pas à participer et que l’esprit du remix soit avec vous ;-) !
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Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !
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