La légende prétend que les étudiants américains de la fin des 60’s lisaient les comics de Doctor Strange sous l’influence de substances diverses. Le comic s’imposait comme une référence de l’esthétique psychédélique importée dans Marvel et offrait à ses lecteurs quelques trips de grande qualité.
Nous vous laisserons tenter l’expérience par vous-même, pour notre part, nous nous sommes concentrés sur le film que le MCU dévoile pour cette fin d’année et avons préparé une critique garantie sans divulgâcheurs et sans stupéfiants.
Une aventure technologique
Nous sommes en 1992 quand le légendaire Wes Craven (Les Griffes de la Nuit) est appelé pour réaliser une adaptation d’un comic Marvel encore jamais exploité. Il s’agit des bulles de Doctor Strange, un Marvel jugé inadaptable tant il fait référence à des univers parallèles, des métaphores extravagantes et une armada de pouvoirs bien difficiles à représenter au cinéma.
Le projet est abandonné et revient dans l’actualité en 2001 grâce à David Goyer (Justice League — BvS ) et est à nouveau oublié. On entend alors en 2008 que Guillermo del Toro planchait sur l’adaptation du médecin de Marvel. En fin de compte, ce ne sera aucun de ceux-ci qui feront de l’adaptation une réalité et il faudra attendre Scott Derrickson et surtout la création du MCU pour que l’idée se concrétise.
Lorsque l’on voit Doctor Strange, on se surprend à penser qu’il établit des nouveaux records en termes d’effets spéciaux et d’images de synthèse. Et il est probable que le film ne peut être aussi impressionnant que parce que nous sommes en 2016 et que la technologie est capable d’aller aussi loin. Car si Strange se distingue du premier Marvel venu, c’est d’abord visuellement.
Il est à ce titre parfaitement époustouflant. Les mondes de Strange font sans cesse appel aux effets spéciaux et à une conception par ordinateur visiblement très lourde. Les répétitions de motifs et autres fractales sont partout. Le visible se disloque en mille fragments qui s’entrecroisent, miroitent les uns dans les autres, et composent une symétrique fantastique qui échappe aux règles de la représentation.
Nous sommes dans le futur du cinéma, dans lequel les fantasmes jodorowskiens se manifestent plus qu’ils n’ont jamais pu le faire dans la caméra de l’artiste. Dès les premières hallucinations cinématographiques de Doctor Strange, on glisse un « what a time to be alive ! », ne sachant plus si nous sommes face à un film ou face à une montage russe qui fonce droit dans un générateur de bizarreries visuelles.
Harry Marvel Potter
Mais voilà, un film Marvel n’est pas seulement une démonstration technologique, sans quoi Doctor Strange serait le meilleur film de super-héros jamais conçu par Hollywood. C’est également un arc narratif, qui ici, est aussi faible qu’attendu. Il apparaît même ajusté au rasoir.
Doctor Strange est le pilote de l’avenir des Avengers
La vitesse à laquelle un neurologue ambitieux et prétentieux se métamorphose en grand sorcier est invraisemblable si on considère le temps que le garçon mettra à trouver le remède qu’il lui faut après un très éblouissant accident de Lamborghini. Ici, on sent bien qu’il s’agit d’un épisode parmi un tout (le MCU) qui répond méthodiquement à la technique Kevin Feige : envisager chaque film comme un épisode d’un tout,
Or, Doctor Strange n’est que le pilote de ce qui sera, on l’imagine déjà, l’avenir des Avengers.
Notre super-héros est attachant malgré ses faux airs de Tony Stark et Cumberbatch campe un Stephen Strange aussi arrogant que charismatique, avec un humour Marvel dans lequel l’acteur a su déposer un nuage de lait.
Et c’est peut-être un peu le reproche que l’on pourrait lui faire : Feige a attendu Benedict Cumberbatch qui était alors occupé par Shakespeare (il était engagé sur une représentation d’Hamlet) car l’acteur anglais avait tout pour être inoubliable, pour surpasser la lourde compétition de prétendants au rôle de Doctor. Et finalement, on ne sait si c’est du fait de l’acteur ou de sa direction mais il livre une prestation très Downey Jr : on se dit qu’en étant plus lui-même, il pouvait assurément faire aussi bien, tout en sortant le MCU de sa zone de confort.
Malgré tout, on adore notre super Harry Potter, surtout son costume et son ineffable cape, une maîtrise parfaite de la silhouette du Doctor pour laquelle il faut remercier l’excellente chef costumière Alexandra Byrne.
On apprécie énormément Tilda Swinton également, sans surprise mais avec plaisir, elle qui campe un Ancien magique, enchanteur et mystique. Clairement distinguée comme une femme par ses proches, elle n’en reste pas moins délicieusement androgyne. On regrette par ailleurs qu’elle soit, avec Strange, l’un des deux personnages qui vont vraiment nous marquer. La petite amie, Rachel McAdams, s’éclipse trop vite, et le compagnon (Chiwetel Ejiofor) est sans relief. Heureusement, Benedict Wong joue un maître (et non le manservant du comic) touchant et drôle grâce à un clin d’œil beyoncésque mémorable.
Enfin, chose singulière, mais plaisante pour un Marvel, la bande originale se distingue clairement. Elle est fondée sur des rythmes plus ou moins celtes qui font écho à l’esthétique mystico-LSD.
De quoi nous tenir en haleine pendant les deux heures du trip. Euh, du film.
Le verdict
Doctor Strange
On a aimé
- Les images de synthèse
- Benedict Cumberbatch et Tilda Swinton
- The wizarding world of Marvel
On a moins aimé
- Trame trop ambitieuse... et amputée
- Réflexions plus invoquées qu'évoquées
- Sans sa photo, cela aurait été fade
Doctor Strange fait la part belle aux plaisirs de la rétine, quitte à tailler dans le vif quand il s'agit de dévoiler une narration originale. Plus épisode pilote que film total, Strange ne déçoit pas nos attentes de voir un bon Marvel, aux couleurs renouvelés et aux univers délirants.
Il échappe à la facilité d'un Ant-Man, et s'approche presque d'un Gardiens de la Galaxy grâce à ses singularités esthétiques et ses couleurs. Néanmoins il en reste un Marvel trop court, qui rate son sujet sur le « devenir soi » (l'arc autour de son accident est plus utile qu'abouti) et va trop vite expédier ses réflexions qui mêlent morale et finitude.
Ailleurs dans la presse
- The Hollywood Reporter : « A vigorous start for another Marvel franchise. »
- Première : « Marvel Cinematic Universe, Saison 3, épisode 2 : « Doctor Strange ». »
- Vox : « This might be the first Marvel movie to win an Oscar* — (* for Best Visual Effects) »
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