La Chine vient d’adopter sa première loi relative au cinéma, une industrie en plein essor dans l’économie du pays. On en retient des dispositions de régulations économiques mais surtout des mesures prévoyant un bannissement des films pouvant heurter « la dignité, l’honneur et les intérêts » du pays. La loi, qui entrera en vigueur le 1er mars 2017, souhaite par ailleurs encourager la promotion « des valeurs du socialisme ».
Cette volonté gouvernementale de régulation de l’industrie cinématographique chinoise prend place en plein boom des recettes du box-office, qui est désormais un marché très proche des chiffres hollywoodiens. Certains analystes estiment que dès 2017, le box office chinois pourrait être le plus important de la planète. Mais c’est également l’industrie chinoise qui prend de plus en plus de place sur l’ensemble de la production asiatique.
La loi défend donc une vision d’un cinéma qui partagerait par l’image les valeurs fondamentales du socialisme chinois, et enrichirait la vie spirituelle et culturelle des masses en plus de fixer de nouvelles règles pour l’industrie.
Censure et valeurs du socialisme
Les productions qui contreviendraient à la vision du cinéma du gouvernement seraient simplement interdites et bannies. La censure gouvernementale concerne toutes les productions « encourageant l’opposition à une loi ou à la constitution, mettant en danger l’unité nationale ou l’intégrité et la souveraineté du régime, celles exposant des secrets nationaux, s’attaquant à la sécurité nationale, à la dignité, à l’honneur et aux intérêts chinois. » Sont également bannis les sujets qui pourraient « diffamer les excellentes traditions culturelles du peuple, » ou qui inciteraient à la haine ethnique, aux discriminations raciales ou détruiraient l’unité ethnique du pays.
Ces censures s’appliqueront autant à la production chinoise qu’aux films importés, qui devront donc se plier aux nouvelles règles pour toucher l’énorme et juteux marché chinois.
Dans la ligne de mire du gouvernement chinois, on trouve des exemples très concrets que les autorités ont encore dû mal à oublier, comme Brad Pitt, très critiqué pour ses sympathies avec le Dalai Lama et pour son rôle dans le film Sept ans au Tibet de Jean-Jacques Annaud (sorti en 1997).
Les sanctions seront d’abord financières, sous la forme d’amendes pour les sociétés travaillant sur des contenus proscrits. Si un film visé par la loi génère illégalement plus de 500 000 yuans de revenus, l’amende à payer correspondra à une multiplication par cinq de ces profits.
La loi impose aussi une lutte sévère contre les fraudes au box-office, une pratique répandue en Chine pour provoquer des buzz en surestimant le nombre d’entrées.
Enfin, la loi demande aux grands acteurs de l’industrie de faire preuve d’une « excellente » intégrité morale et d’ « auto-discipline », probablement en référence aux récents scandales sur des acteurs surpris en possession de stupéfiants.
Aujourd’hui, seuls 34 films étrangers peuvent être diffusés dans les salles obscures chinoises chaque années à cause d’une injonction de Pékin, sans échapper à une forme de censure. Pour parvenir à contourner ces restrictions, Hollywood tisse de nombreux partenariats de financements avec des entreprises locales comme Alibaba ou le Wanda Group. L’industrie américaine impose à ses créateurs l’intégration d’éléments chinois dans leurs films, sus la forme de personnages ou références culturelles et toponymiques, comme dans le film d’animation Kung Fu Panda, un modèle de collaboration entre Hollywood et la Chine.
Néanmoins, ces restrictions à l’importation sont en train d’être assouplies grâce aux demandes formulées par nouveaux grands investisseurs chinois, qui sont devenus les nouveaux porte-feuilles des studios hollywoodiens.
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