Une bataille financière fait actuellement rage entre le clan Guillemot, fondateur d’Ubisoft, et Vivendi, conglomérat ayant récemment racheté Gameloft, naguère propriété des Guillemot. Dans un souci d’indépendance créative, les frères ne veulent pas que le géant dirigé par Vincent Bolloré s’accapare le premier éditeur français de jeux vidéo mais, tôt ou tard, Vivendi, déjà actionnaire majoritaire dans le capital d’Ubisoft, finira par lancer une OPA hostile. En attendant, les développeurs pâtissent de cette situation incertaine, comme le révèle Michel Ancel, le créateur de Rayman et des Lapins Crétins.
Vivre dans l’incertitude
Dans une interview accordée à Kotaku, Michel Ancel a parlé au nom de ses collègues artistes, qui ont bel et bien peur de l’ombre de Vivendi. En effet, ils savent que, du jour au lendemain, Ubisoft peut changer de cap, avec tout ce cela implique en termes de conséquences sur les conditions de travail et les décisions venant d’en haut. « Nous essayons de continuer à travailler normalement. Nous essayons de nous focaliser sur notre job et de ne pas trop y penser car, sinon, nous ne serions plus naturels du tout. »
Pour Michel Ancel, il est impossible de vivre avec une telle menace éternellement mais, dans le même temps, il n’est pas sûr que les Guillemot pourront résister face à la puissance financière de Vivendi. À ses yeux, un contrôle total fragiliserait Ubisoft, « Ce n’est jamais juste une personne, c’est une équipe entière. Si vous changez l’équipe, le système peut rompre, c’est un risque et, aujourd’hui, il n’y a aucune raison de changer, sauf si vous voulez faire plus d’argent. » Car si Vivendi s’offre Ubi, il y aura forcément des départs et des arrivées.
Ubisoft existe pour créer des choses qui n’existent pas encore
Il y a quelques semaines, via son compte Instagram, Michel Ancel avait teasé le retour de Beyond Good and Evil avec une photo de requin représentant Vivendi le jour de l’assemblée générale. Si les Guillemot tiennent bon, l’avenir créatif d’Ubisoft sera assuré, « Quand ils se lèvent le matin, ils ne veulent pas faire d’argent — ils en ont assez pour vivre dix vies s’ils arrêtent. Ce n’est plus une question de pouvoir de l’argent. Pourquoi cette entreprise existe-t-elle ? Est-ce pour battre ses rivaux ? Non, Ubisoft est déjà dans le top 3. Elle existe pour créer des choses qui n’existent pas encore. »
Avec Vivendi à sa tête, le but sera d’atteindre la première place, coûte que coûte.
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