C’est une étude qui a été chaleureusement saluée par Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet, lors de sa publication lundi 23 janvier. Réalisée sous l’égide de l’IFPI, qui s’occupe de défendre les intérêts de l’industrie du disque partout dans le monde, elle affirme en effet que l’Hadopi a favorisé les ventes légales de musique en France.
L’Hadopi applaudit l’étude
« L’Hadopi se félicite de cette étude qui démontre que depuis avril 2009, point culminant des débats relatifs à la loi Hadopi, la France est le pays (parmi les six autres pays européens étudiés) dans lequel la progression des ventes de titres et d’albums sur iTunes a été la plus forte, avec respectivement de 22,5 % et 25 % » écrit la Haute Autorité dans son communiqué de presse (.pdf).
Elle ajoute que « cette étude confirme la tendance […] d’un changement des usages des internautes vers des pratiques licites. Elle apporte une nouvelle preuve de l’utilité et de l’efficacité du travail de mise en œuvre de la loi création et Internet conduit par l’Hadopi depuis son installation, qui ouvre la voie à une distribution numérique des œuvres respectueuse des droits et des attentes de tous« .
Que dit cette enquête ? Menée pendant 18 mois par quatre universitaires américains, elle présente un bilan plutôt flatteur pour l’Hadopi. Ces derniers ont en effet conclu que l’effet de la riposte graduée sur le comportement des internautes a permis de générer 13,8 millions d’euros par an pour le marché français de la musique, à travers les bonnes ventes réalisées depuis la plate-forme légale iTunes.
Le rôle des ventes d’iPhone
Faut-il donc attribuer la progression des ventes constatée en France à un supposé effet Hadopi ? Pour les universitaires, oui. Mais à l’épreuve d’une autre enquête, menée par Le Monde, non. Le quotidien a en effet repris ces travaux sous une autre approche. Au lieu de regarder le rapport entre l’augmentation des ventes sur iTunes et l’arrivée de l’Hadopi, nos confrères se sont penchés sur les ventes d’iPhone.
Les nouveaux graphiques sortis par Le Monde révèlent que les pics de consommation sur iTunes surviennent systématiquement lors de la commercialisation de nouvelles versions du smartphone d’Apple et de périodes-clés, comme les fêtes de fin d’année. Décembre étant en effet le mois où les téléphones mobiles se vendent le plus en France et dans de nombreux autres pays du monde.
La France est par ailleurs le pays européen qui affiche le plus grand enthousiasme pour les produits Apple. C’est dans l’Hexagone que les ventes d’iPhone sont les plus fortes en Europe. Et dans la mesure où la manipulation d’un iPhone nécessite l’installation d’iTunes sur l’ordinateur, cela constitue en conséquence « une forte incitation à acheter légalement des morceaux par ce biais » écrit Le Monde.
L’Hadopi arrive, MegaUpload explose
En conséquence, l’étude ne permet pas de démontrer avec certitude un lien de causalité entre l’amélioration des ventes légales de musique en ligne et l’installation de l’Hadopi. Il y a certes une coïncidence et il est certain que la Haute Autorité a quand même un impact sur le comportement des internautes. Sauf que celui-ci ne pousse pas seulement certains d’entre eux à se rendre sur les plates-formes légales.
Beaucoup d’autres ont simplement changé leur façon de récupérer des œuvres culturelles. Nous avions ainsi remarqué que la fréquentation de MegaUpload a fortement progressé en France dans les semaines qui ont suivi la mise en place de la riposte graduée. Un décollage qui n’a rien d’étonnant, puisque la société chargée de collecter les adresses IP pour le compte des ayants droit est limitée au P2P.
Désireux d’échapper à la riposte graduée, certains ont naturellement délaissé le peer to peer pour s’orienter vers le streaming ou le téléchargement direct, des solutions moins exposées. L’impact d’Hadopi, si impact il y a, est donc loin d’être uniquement positif. Son effet sur les ventes de musique doit donc être nuancé.
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