Minecraft défie les lois de la gravité, de l’essentiel de la physique et surtout de la chimie. Pour fabriquer des matériaux et des objets, le jeu applique des recettes plus ou moins réalistes mais qui ne rendent pas vraiment compte de la complexité de la chimie. Ce gameplay exige tout de même que les joueurs connaissent ces fameuses recettes afin de fabriquer les objets dont ils ont besoin pour progresser.
C’est en remarquant la tendance de ces joueurs à retenir la composition des blocs créés qu’une équipe de professeurs de Dallas a décidé de rendre Minecraft réellement éducatif. À l’origine du projet, on retrouve deux chimistes, un scientifique spécialiste des matériaux et un développeur, qui ont uni leurs compétences pour développer Polycraft World.
De la chimie du jeu
Polycraft World est une extension — ou mod — pour le jeu original qui en modifie certaines règles ainsi des éléments de l’environnement. Le but de cette expérience était de mesurer la capacité d’un jeu à transmettre des connaissances aux élèves : les enseignants expliquent : « Notre objectif était de rendre l’apprentissage si excitant que les étudiants n’aient pas à devoir jouer, mais le fassent simplement car ils apprécient le jeu. »
Ainsi, en prenant Minecraft comme modèle, les enseignants prenaient peu de risques au vu de la popularité incroyable du jeu. Mais pour que la simulation de construction la plus jouée au monde devienne éducative, les enseignants ont dû respecter deux règles : chaque élément ajouté devait être scientifiquement exact tout en renforçant l’intérêt du jeu. Il n’était donc pas question pour eux de radicalement changer le jeu en un didacticiel interactif, mais bien de redonner à Minecraft plus d’intérêt scientifique.
Ainsi, comme Minecraft, Polycraft demande aux utilisateurs de mêler plusieurs matériaux pour fabriquer de nouveaux objets, mais cette fois-ci, il faut respecter les vraies formules chimiques de ces derniers. Et à la manière de Minecraft, Polycraft World dispose de son propre Wiki pour découvrir chacune des recettes nécessaires à l’élaboration des objets.
Un pari limité mais réussi
Pour mesurer l’impact éducatif de cette extension, l’enseignante Christina Thompson a réalisé un test sur une classe de 26 élèves. Les étudiants n’avaient qu’une tâche : jouer. L’enseignante explique qu’il ne leur était pas demandé d’apprendre à partir de l’extension, seulement de jouer pour parvenir à des résultats plus proches de la réalité d’un joueur en situation classique.
Après onze semaines de jeu, les étudiants ont dû remplir un questionnaire sur les polymères (Polycraft se concentre sur cette classe de matériaux). Durant le test, la moitié des étudiants étaient en mesure d’expliquer dans les grandes lignes les processus de distillation atmosphérique du pétrole, la majorité pouvait rapidement reconnaître des polymères simples et un petit nombre des joueurs était même capable d’identifier les formules de polymères plus complexes.
Bien sûr, l’échantillon du test est encore trop réduit pour tirer des conclusions définitives quant à la portée éducative d’un jeu comme Minecraft. Néanmoins, la technique intéresse déjà de nombreux autres enseignants qui mesurent le poids qu’un jeu éducatif peut exercer lorsqu’il est bien traité et fait honneur à sa popularité.
Car la vraie force de Polycraft reste Minecraft, Comme le souligne l’équipe de professeurs, l’humanité a déjà passé collectivement plus de 1,75 milliard d’heures à y jouer, ce qui rassure quant à l’entrain potentiel pour réaliser des mélanges virtuels et créer des objets. Une chance pour la chimie, assurément.
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