Il n’y désormais plus aucune originalité à parler, avec emphase ou non, de La La Land. Ce film que l’on attend depuis l’automne et l’émoi qu’il a provoqué à Toronto, a depuis notre premier papier à son sujet remporté un nombre historique de Golden Globes. Ce mardi, il a été nominé pas moins de quatorze fois aux Oscars (un record, encore). Si bien que la France a été punie : initialement prévu pour être projeté dans nos salles fin novembre, La La Land a été retardé par son diffuseur hexagonal de plus de deux mois et ne sort finalement que ce mercredi dans nos salles.
Pour comprendre cette stratégie du Groupe M6, il faut souligner que La La Land n’était pas vraiment de ces films américains taillés pour un succès français, pour une raison assez simple : c’est une comédie musicale. Un genre devenu aussi rare que précieux à Hollywood mais qui est intimement lié à la culture américaine qui s’exporte difficilement. Aujourd’hui, vendu comme le grand favori des Oscars, le public se déplacera peut-être plus facilement qu’en novembre où il n’était encore qu’un film acclamé par la critique.
La bromance musicale de Hurwitz et Chazelle
Mais revenons à cette fameuse comédie musicale, dont on pense le plus grand bien. Présenté à la presse hexagonale le 20 janvier, et disponible sur les réseaux de partages illégaux depuis le 14 janvier, La La Land est d’abord une histoire d’amour aussi facile qu’évidente. Sous la direction de Damien Chazelle (Monsieur Whiplash), le film devient un des longs métrages les plus fédérateurs de ces dernières années. Tout dans le monde polychrome de La La nous emporte : la photographie bien entendu — cette palette qui joue des bleus et des mauves avec brio –, le duo Gosling/Stone et évidemment, la musique qui ne vient pas seulement donner au long son titre de comédie musicale mais d’œuvre totale.
Composée par un Justin Hurwitz visiblement aussi amoureux de son projet que Chazelle — qui rappelons-le, développe l’idée de La La Land depuis qu’il est sorti d’Harvard — la bande originale est simplement envoûtante. Et pour comprendre comment ce petit miracle a pu arriver, il faut revenir aux années passées par les deux jeunes hommes sur les bancs de Harvard où ils sont tout deux élèves, et où ils jouent dans le même groupe. Ils partagent, à l’image du duo Lynch/Badalamenti, une relation singulière dans laquelle chaque envie de l’un est immédiatement comprise et traduite en musique ou en image par l’autre.
une relation singulière dans laquelle chaque envie de l’un est immédiatement comprise et traduite en musique
Et la grande qualité de La La Land dépend beaucoup des ressorts et des bonnes idées de Hurwitz. Lui qui n’a que rarement travaillé pour d’autres réalisateurs que Chazelle (Whiplash c’était déjà lui) parvient à montrer qu’il a atteint une maturité fulgurante. Des thèmes que l’on se surprend à avoir en tête avant même la fin du film, aux chansons devenues désormais mythiques, Hurwitz supervise avec minutie et passion une bande son qui semble coller note pour note aux images romantiques de Chazelle.
Le résultat en devient donc féerique : on ne parvient plus à penser au film sans entendre Emma Stone fredonner City of Stars, et l’on ne parvient pas plus à écouter la bande originale sans revoir le ciel mauve de L.A. bercer le couple Mia et Sebastian.
Les américains ne s’y sont pas trompés en faisant de cette bande originale une reine des charts et les amateurs de vinyles ont même forcé l’équipe du film à rééditer la version 33 tours de l’album après avoir épuisé tout leur stock avant Noël.
Face au succès, la bande originale a donc reçu d’autant plus d’attentions de la part des graveurs et s’est parée d’une galette parfaitement bleue, qui ne sera pas sans rappeler les tons du film et d’une pochette délibérément inspirée des vinyles du label légendaire Blue Note Records — qui commercialisait le jazz de Thelonius Monk dont il est question dans La La. L’objet qui est désormais commercialisé dans nos contrées va donc ravir les futurs amoureux du film, qui à notre image, poursuivrons l’exploration de l’univers de Chazelle à travers les notes de Hurwitz.
P.S. : avons-nous précisé que l’on entend également Ryan Gosling, le gamin échappé du Mickey Mouse Club, jouer du piano et entonner quelques mots d’amour ?
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