Cette semaine, le Copyright Madness revient sur un étudiant colombien poursuivi par la justice pour avoir partagé des savoirs, l’enjeu de l’accès au code source des stimulateurs cardiaques mais aussi sur le gâteau d’investiture de Donald Trump. Bonne lecture et à la semaine prochaine !
Copyright Madness
Deux poids deux mesures. Connaissez-vous Diego Gomez Hoyos ? Il s’agit d’un thésard colombien qui risque jusqu’à 8 ans de prison pour avoir partagé sur la plateforme Scribd des articles scientifiques en lien avec son sujet de recherche. Il n’a pas fait ça dans la perspective d’en tirer profit mais dans le but de favoriser la circulation des savoirs dont l’accès est parfois trop cher pour les pays du Sud. En publiant des articles protégés par le droit d’auteur, une procédure judiciaire s’est enclenchée pour condamner cet acte de piraterie. Il faut savoir que Diego risque davantage que pour une inculpation pour trafic d’êtres humains, qui prévoit 6 ans de prison maximum. La propriété intellectuelle, c’est aussi l’instrument de domination des pays sous-développeurs sur les pays sous-développés.
Hypocrisie. Nous avons appris cette semaine que la plateforme de vidéos Dailymotion a été bloquée en Russie. En effet, la société Gazprom-Media a constaté que des extraits d’une émission de télévision dont elle détient les droits étaient diffusés sur le site, propriété de Vivendi. Gazprom dit avoir informé Vivendi de la présence de ces extraits mais ce dernier n’aurait pas agit dans les temps. De son côté, Vivendi réfute avoir reçu la moindre notification et jure qu’elle aurait retiré les vidéos incriminées. Un tribunal a depuis donné raison à Gazprom-Media. Sauf qu’au lieu de bloquer les contenus au cœur de la dispute, c’est l’ensemble de la plateforme qui n’est plus accessible en Russie. Une situation plutôt paradoxale car le pays est quand même réputé pour être un havre de la piraterie sur le web. C’est l’hôpital qui se fout de la charité…
Cœur de pirate. Aux États-Unis, l’activiste Cory Doctorow appuie une campagne lancée par l’EFF, une organisation de défense des libertés individuelles sur Internet, pour exiger la possibilité d’accéder au code source des logiciels embarqués dans les implants médicaux, comme les stimulateurs cardiaques. Il rappelle que le DMCA, une loi américaine sur le droit d’auteur, interdit de contourner des mesures techniques de protection pour accéder au code source. Conçue à l’origine pour lutter contre le piratage de la musique et des films à grands coups de verrous techniques (DRM),cette loi empêche aujourd’hui la transparence sur le fonctionnement des voitures, des distributeurs de billets ou des machines à voter, parce que tous contiennent des logiciels protégés par le copyright. Et Doctorow rappelle que l’occultation du code source renforce les risques de failles de sécurité et donc de piratage malveillant, ce qui peut avoir des conséquences terribles dans le cas d’un pacemaker… Comme quoi, à vouloir lutter contre certains pirates, on en favorise d’autres, bien plus menaçants !
American Pie. Donald Trump a l’air bien parti pour figurer chaque semaine dans cette chronique. Cette fois, c’est le gâteau commandé pour sa cérémonie d’investiture qui fait parler de lui. En effet, il s’avère qu’il s’agit d’un plagiat du gâteau concocté pour Barack Obama lors de sa seconde élection en 2013. Le pâtissier à l’origine de la recette s’est plaint sur Twitter comme quoi la nouvelle présidence aurait explicitement commandé une copie conforme pour Donald Trump à un autre pâtissier… qui a choisi de reverser sa rémunération à une association de défense des droits LGBT ! Et pour finir, contrairement au gâteau d’Obama, cette réplique était fausse, avec juste une petite tranche de vrai gâteau que le président Trump a coupé. Melania Trump avait déjà plagié un discours de Michelle Obama, on se demande si son mari ne va pas finir par plagier la politique de Barack (mais il y a visiblement peu de risques…).
Capitulation. On ne saura jamais qui avait raison… Le réalisateur à l’origine d’Axanar, un projet de fanfilm dans l’univers de Star Trek, a préféré jeté l’éponge et conclure un arrangement à l’amiable avec les studios Paramount et CBS qui l’avaient traîné en justice, en lui reprochant d’avoir levé un million de dollars sur Kickstarter pour se financer. Il assurait pourtant n’avoir aucune intention lucrative, mais simplement vouloir rendre hommage à Star Trek avec une production de qualité professionnelle. Il devra se contenter de suivre à présent les directives de Paramount, qui autorise seulement des fanfilms de 15 minutes maximum dans un cadre strictement amateur. Quelle aurait été la réponse du juge saisi de l’affaire ? On ne le saura jamais et c’est bien dommage pour la culture du remix et des fandoms…
Patent Madness
R.I.P. La Niro Law Firm est parfois considérée comme le « Patent Troll Alpha » parce que c’est elle qui aurait systématisé en premier les accusations abusives de violation de ses brevets pour en faire un juteux business model. Et cela lui a rapporté gros : la société aurait amassé plus d’un milliard de dollars de cette manière ! Mais l’an dernier, son fondateur Raymond Niro est décédé à l’âge de 73 ans et la compagnie a perdu un procès important contre HTC. Du coup, les successeurs de Niro annoncent vouloir tirer un trait sur le passé et se relancer sur de nouvelles bases. Peut-être vont-ils finir par produire une vraie invention, qui sait ?
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