En 2017, nous ne pensions plus devoir faire face à des scènes de cinéma dans lesquelles, lorsqu’un personnage pirate un smartphone, on observe une barre de chargement indiquant la progression de son piratage souligné par le mot hacking…
Et c’est pourtant ce type de clichés qu’iBoy nous sert tout le long du film, entre des références étranges et grotesques au monde de l’informatique, des capuches, des suites binaires et des hackers solitaires. Le film de Netflix réalisé par Adam Randall nous assomme de mauvais goût et de stéréotypes.
Il faut dire que l’intrigue du long-métrage partait déjà d’un mauvais pied : outre le nom crypto-cupertinesque de l’œuvre, le concept d’un super-héros hacker, animé par des idéaux revanchards, qui obtient ses super pouvoirs à cause d’un smartphone explosé dont les débris se logent dans son crâne, était proche du ridicule.
Mais il était important, malgré le côté rédhibitoire de l’ensemble, de se plonger dans ce nouveau film Netflix puisqu’il reprend des codes à Black Mirror et réunit un beau casting (Bill Milner de X-Men, et Maisie Williams de Game of Thrones). Et malgré son intrigue insensée, on allait peut-être trouver là un palpitant thriller pour adolescent façon Jessica Jones.
Mais à vouloir faire du Marvel sans en reprendre la légèreté et la distance, iBoy se vautre en permanence dans un premier degré indigeste qui rend les faiblesses du concept encore plus dures à avaler. Rien n’est jamais drôle dans iBoy, tout y est un motif de drame même si la tension dramatique n’est que rarement au rendez-vous. Les teintes bleutées et mélancoliques qui donnent au long sa signature esthétique made in UK, singeant le fameux urban realism si cher aux saxons, en font un objet qui décidément se complait dans tous les clichés.
Ni Black Mirror, ni Marvel, iBoy est en fait un mauvais projet piètrement réalisé. Dans la lignée des thrillers adolescent sur le numérique ridicules. Nous pensions avoir déjà vu le pire avec Nerve, mais après le film de Randall, nous pourrions presque reconsidérer celui-ci. Finalement, même Nerve était moins caricatural et obsolète que cet Original Netflix.
Il est difficile, en effet, de sauver des bons moments dans cet enchevêtrement ringard de clichés. On peut néanmoins citer quelques moments ratés : celui où Tom — le héros — hacke une poignée de porte (???) ou encore celui où il se sort d’une situation difficile en regardant dans son cerveau Apple une vidéo YouTube d’arts martiaux — quel hacker !
En fin de compte, iBoy aurait pu être un film convenable il y a dix ans. Aujourd’hui, il est une anomalie qui agonisera longtemps au pays des films sur l’informatique les plus ridicules de la décennie. Qui a dit que Mr Robot allait radicalement changer la perception des pirates au cinéma ? Il ne devait pas avoir vu ni iBoy ni Nerve.
Le verdict
iBoy
On a aimé
- Bientôt dans la case canard cult e?
- Maisie Williams
- Les CGI, mal utilisés mais bien réalisés
On a moins aimé
- Les incohérences
- Le réalisme britannique ne peut pas tout excuser
- C'est même pas drôle au second degré
Avec un nom pareil, tout était mal parti pour notre iBoy. Mais la suite ne fait que, malheureusement, confirmer notre première et mauvaise impression. Jamais intense et toujours over the top, le long-métrage rate magnifiquement tout ses sujets.
Drôle malgré lui, iBoy est symptomatique d'un cinéma qui se prend vraiment trop au sérieux sans jamais s'inquiéter de sa propre pertinence. Dommage.
Ailleurs dans la presse
- The Guardian : « smartphone superhero needs a fun upgrade »
- The Verge : « On its surface, Netflix’s new original movie iBoy sounds like a bad idea. But on closer inspection, it’s also a bad idea that’s been poorly executed. »
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