Après s’être entêté à sortir des FPS de guerre futuristes à la formule simplette mais efficace, Guerrilla Games a décidé d’offrir à Sony une nouvelle licence sur laquelle pourront s’appuyer ses consoles, actuelles comme futures. Ambitieux comme jamais, Horizon: Zero Dawn s’annonce comme la première pierre d’un édifice espérant imiter une licence comme Uncharted, se liant à la marque PlayStation pour devenir incontournable.
Le visage de l’exclusivité PlayStation 4 est une femme de la trempe de Lara Croft : une battante à la personnalité marquée. Ses armes sont d’abord à chercher du côté de la partie visuelle : des optimisations PS4 Pro et la technologie HDR pour sublimer le tout. On sait que Guerrilla Games est capable de faire des bons jeux. Est-il seulement capable d’aller plus loin ?
Le HDR à son meilleur
Pendant très longtemps, Killzone: Shadow Fall, disponible en même temps que la PS4, était le plus beau jeu disponible sur la console lancée en 2013. Une preuve que le studio n’est pas le dernier quand il s’agit de donner naissance à des graphismes d’excellente facture. C’est plus que jamais le cas avec Horizon: Zero Dawn, production qui distribue des baffes à chaque seconde, de la très jolie introduction au générique de fin.
Pour ainsi dire, les possesseurs d’une PS4 Pro en auront pour leur argent, malgré l’absence d’une 4K native à l’horizon. Ceux qui ont un téléviseur compatible avec le HDR d’autant plus : les développeurs ont parfaitement intégré la technologie et ça se ressent. En résulte un réel bonheur pour les yeux.
Plus concrètement, chaque reflet sur les armures hyper détaillées des personnages est plus réaliste que jamais. Chaque rayon de soleil, en plus d’être une lueur d’espoir dans un monde post-apocalyptique, est un prétexte pour être ébloui. Chaque arc électrique crépitant brille. Nourri par des panoramas, pensé pour accueillir de multiples ambiances visuelles, Horizon: Zero Dawn est une merveille à afficher sur un (bel) écran.
Le rêve éveillé est juste terni par quelques ombres au tableau, liées à la nature même de l’expérience — un monde ouvert — et les griefs indispensables qui en découlent (de rares bugs de collision, quelques textures qui ne sont pas à l’heure). Mais si vous voulez épater la galerie et justifier l’achat de votre téléviseur dernier cri, sortez Horizon: Zero Dawn. Apprécier et faites apprécier.
L’Aloy, c’est moi
Il faut dire qu’il n’y a pas meilleur argument que celui de l’apparence pour marquer les esprits vite et bien. Ce qu’est obligé de faire le titre par sa nature de nouveauté. Avec Horizon: Zero Dawn, Guerrilla Games veut se/nous prouver des choses en se donnant les moyens de ses ambitions. Il propose ici un univers macabre par son background et beau par ses environnements.
Au centre se trouve donc Aloy, une rouquine capable d’en remontrer aux plus grandes héroïnes que la pop culture a connues. Sa détermination, son franc-parler, son passé s’apparentent à autant de forces appuyant son courage d’accomplir sa quête finalement très personnelle : comprendre qui elle est et quelle est sa place dans cette Préhistoire du futur — d’aucun dirait la Posthistoire.
Si le thème de la singularité n’a rien de neuf, surtout ces dernières années, ses éventuelles conséquences permettent de façonner Horizon: Zero Dawn et les scénaristes de Guerrilla Games ont poussé loin pour en faire un récit cohérent et n’oubliant pas grand chose, y compris la fracture sociale qu’une telle évolution effrayante — car plausible dans un futur plus ou moins proche — pourrait engendrer (les différentes tribus peuplant la carte et le statut de paria). Le jeu se nourrit alors de cette double narration : l’aventure humaine d’Aloy d’un côté et la mise en place d’un univers de l’autre, les deux étant indissociables. C’est de bon augure pour de prochains épisodes tant il y a matière à raconter.
À fond la forme
En somme, le fond d’Horizon: Zero Dawn est transcendé par la forme. Et la forme n’est pas vaine grâce à un tel fond. Vidéoludiquement parlant, c’est aussi très réussi. Déjà parce que Guerrilla Games n’est pas tombé dans les poncifs du monde ouvert, un genre qui a tendance à en faire toujours plus et de tomber dans le trop plutôt que dans le bien.
On parlera plus volontiers de générosité bienvenue, à contrario d’une gourmandise prenant la forme d’un ticket de loterie : quand on gratte un peu, c’est très rarement gagnant. Un constat qui s’explique une nouvelle fois par la qualité d’écriture, matérialisée par des quêtes qu’on pourrait presque comparer à celles de The Witcher 3: Wild Hunt dans leur propension à reposer sur de vrais enjeux dramatiques. Attention, nous assistons sur le presque.
En plus de la quête principale, qui peut occuper jusqu’à 30 heures (surtout si vous lisez/écoutez tous les collectibles descriptifs), Horizon: Zero Dawn s’appuie sur des tâches annexes évitant les redites entre elles. Il y a les zones de chasse pour parfaire ses talents, celles de corruption à nettoyer, les bases ennemies à vider, les activités données par les PNJ croisés dans les rares lieux de vie, et plus encore. Il n’y a clairement pas de quoi s’ennuyer et chômer dans cette production taillée pour s’inscrire dans la durée.
Bâtir un monde cohérent et le remplir avec justesse c’est bien, mais encore faut-il pouvoir y déambuler avec plaisir. C’est fort heureusement le cas dans Horizon: Zero Dawn. Fort d’un gameplay qui ne surprendra jamais vraiment, le titre est agréable à prendre en main, récitant une leçon apprise par coeur. De l’exploration pour contempler les décors, de l’expérience à accumuler pour faire évoluer Aloy, du crafting pour l’aspect survie, de l’infiltration réussie pour multiplier les approches : rien ne manque à l’appel, d’autant que Guerrilla a opté pour une formule assez laxiste.
Ce faisant, le joueur ne se sentira jamais enfermé dans une case et ce sera même à lui de façonner sa propre histoire, souvent en arpentant les menus pour découvrir des possibilités que le sommaire tutoriel n’a pas voulu expliquer.
Exigence
Une certaine exigence que l’on retrouve aussi dans les combats, plus difficiles qu’ils n’y paraissent. On sent que le studio a voulu garder à l’esprit que les machines étaient bien plus fortes que l’homme. Un leitmotiv très bien retranscrit dans les affrontements se nourrissant d’un bestiaire varié, composé de créatures effrayantes possédant chacune leurs faiblesses. Savoir les combattre, c’est l’assurance de se faciliter la vie.
Car l’arc, arme principale d’Aloy, ne fait pas beaucoup de dégâts quand les flèches décochées ne touchent pas un point faible. Il y a, de fait, une forme d’apprentissage à prendre en compte, autorisant alors une certaine structuration des rixes. Foncer tête baissée ne sera pas toujours la solution, sauf face aux décevants ennemis humains. Un mix avec la discrétion, pour une fois réussie dans un jeu en monde ouvert, en revanche, s’avèrera payant.
On n’en dira pas autant, en revanche, des phases de plateforme. Leur rareté ne compensera pas leurs ratés et c’est certainement le point à améliorer pour un supposé Horizon 2. Trop automatiques et trop flottantes, elles occasionnent de la frustration et inhibent les sensations par ailleurs impeccables. On pourra tiquer aussi sur quelques actions contextuelles ayant du mal à se déclencher et une Aloy se plaisant à rester bloquée dans certains éléments du décor. Horizon: Zero Dawn aurait pu être davantage choyé. Mais c’est vraiment pour pinailler.
Horizon: Zero Dawn est disponible sur PS4 à partir de 58,33 €.
Le verdict
Horizon: Zero Dawn
On a aimé
- Pure beauté (surtout en HDR)
- Gameplay globalement réussi
- Univers et hééroïne au top
On a moins aimé
- De menus défauts techniques
- Les phases de plateforme à revoir à 100 %
- Il faut une télé HDR
Horizon: Zero Dawn transpire la bonne volonté et les excellentes intentions dans chacun de ses compartiments. Derrière ses formes taillées pour faire rêver et en mettre plein la vue se niche une expérience bien pensée et généreuse tout ce qu'il faut sans tomber dans l'accumulation illusoire et le diktat du genre paradoxalement si balisé du monde ouvert.
Il parvient surtout à se muer en une parfaite première pierre à polir pour construire une saga digne de ce nom, ce que fut jamais le Killzone du même studio. Quand la forme, magnifiée par le HDR, sert un fond si justement agencé, on ne peut qu'applaudir. Et les exigences et les ambitions étant élevées, le résultat n'en est que plus beau. Au sens propre comme au figuré.
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