La tension monte entre Aurélie Filippetti et l'industrie du disque. La décision d'abandonner le Centre national de la musique a été très mal accueillie par les professionnels du secteur, en particulier par le SNEP. Dans un communiqué, l'association évoque la trahison de la ministre et en appelle au président de la République ainsi qu'au Premier ministre.

Les mots sont durs, à la hauteur de la déception des représentants du Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP), en charge des intérêts de l'industrie française du disque. Dans un communiqué cinglant, l'association interprofessionnelle accuse la ministre de la culture d'avoir trahi sa parole en renonçant au projet de Centre national de la musique.

Aurélie Filippetti "trahit sa propre parole, alors même qu'elle avait affirmé aux professionnels en juillet dernier vouloir soutenir cette initiative" ainsi que "l'engagement de campagne du président de la République, qui avait clairement affirmé son intention de poursuivre le chantier du Centre national de la musique", déplore le directeur général du SNEP, David El Sayegh.

Mais depuis, la réalité économique s'est imposée au gouvernement. Les promesses électorales doivent être réaménagées, pour ne pas dire délaissées. C'est l'argument-clé d'Aurélie Filippetti pour justifier l'abandon du projet. "Nous n'avons pas réellement besoin d'un nouvel établissement public, qui nécessiterait, en plus des ressources existantes, 50 millions d'euros", a-t-elle expliqué au cours d'une interview.

Exprimant leur "profonde consternation", les producteurs de musique se tournent désormais vers l'Élysée et Matignon dans l'espoir d'obtenir un arbitrage favorable et qui perçoivent la décision de la ministre comme un sacrifice alors même que l'élaboration du Conseil national de la musique "avait pourtant fait l'objet d'un consensus au sein de toute la filière musicale".

Voulu par Nicolas Sarkozy sur le modèle du Centre national du cinéma (CNC), le Centre national de la musique devait réunir en un même endroit tous les mécanismes de financement de la création musicale. Le chantier avait été rapidement engagé, avec une mission de pré-figuration débutée en octobre 2011, pour une mise en place alors programmée au printemps 2012.

Au total, il était prévu à terme que le CNM dispose d'un budget de 145 millions d'euros, dont 20 millions affectés à "la diffusion de la musique sous toutes ses formes, en particulier à travers des services numériques innovants". Des querelles au sein de l'industrie musicale, notamment sur les règles de gouvernance u fonds d'aide à la création, ont toutefois sabordé le projet, qui en plus souffrait de la teinte politique de l'UMP.

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