Après le timide pas de Canal+ en faveur d'une révision de la chronologie des médias, il semble que la chaîne privée soit sur le point de reculer. Le nouveau directeur général du groupe, Rodolphe Belmer, craint en effet qu'une réforme trop audacieuse ne fragilise tout l'édifice. Aux Rencontres Cinématographiques de Dijon, c'est donc un discours peu favorable au réaménagement de la chronologie des médias qui a été tenu.
"Notre chronologie des médias est issue d'une négociation ensuite inscrite dans la loi. Si on commence nous-mêmes à la détricoter, cela serait très néfaste", a-t-il déclaré, cité par La Tribune. "Est-on prêt à discuter d'une évolution de la chronologie des médias ? Nous ne sommes pas arc boutés. Mais il faut que cela soit pour maximiser la valeur, et pas au nom d'une idéologie, qui dirait le numérique c'est bien"
Surprenant ? En fait, pas vraiment. Canal+ profite de la chronologie des médias actuelle pour attirer à lui de nombreux téléspectateurs, en diffusant bien plus avance les oeuvres cinématographiques que les autres chaînes ou les services de vidéo à la demande par abonnement (SVOD). Un avantage temporel qui lui permet de "maximiser la valeur" en conservant l'exclusivité pendant plusieurs mois.
Engrangeant les abonnements de ses clients, Canal+ est de fait le premier pourvoyeur de fonds pour le cinéma en France. Dès lors, il joue de sa position pour avancer ses pions et bénéficier d'un relatif soutien du secteur, qui ne tient pas à se brouiller avec celui qui tient les cordons de la bourse et qui veille à préserver son quasi monopole sur la diffusion payante des films récents.
Soucieux de ne pas voir ses abonnés partir vers des offres SVOD qui émergeraient suite à une révision favorable de la chronologie des médias, Rodolphe Belmer "qu'il faut être attentif à ce que la SVOD ne vienne pas détruire le marché". Difficile de ne pas être plus clair, le PDG décrivant le secteur SVOD comme le chantre du modèle low cost aux contenus indifférenciés.
Et l'ouverture pour les films d'art et d'essai perçue au printemps est désormais refermée. "Il ne faut pas faire de différence de statut entre petit et gros films. L'on ne doit pas faire d'exception" a-t-il expliqué. Il s'agissait d'accorder une dérogation pour les seuls films qui n'ont pas été pré-financés par une chaîne de TV et qui sont sortis en salle avec moins de 30 copies.
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