L’avenir de la télévision passera-t-il par une plateforme comme Molotov.tv ? Face à ce qui semble être une fracture générationnelle, les seniors étant visiblement bien plus attachés au téléviseur que les jeunes générations, qui se tournent plutôt vers les smartphones et les tablettes, le service lancé l’an dernier par Jean-David Leblanc (ex-Allociné) et Pierre Lescure, cofondateur de Canal+, tire son épingle du jeu.
Le site, qui ambitionne de dépoussiérer la télévision française et qui nous a fait plutôt bonne impression malgré sa dépendance encore trop marquée envers les émissions diffusées en direct, vient en effet d’annoncer ce lundi 3 avril avoir franchi le seuil du million d’utilisateurs. Une performance d’autant plus notable que Molotov est jeune, très jeune : il a à peine plus de six mois d’existence.
Et il n’y a pas que Molotov qui est jeune. Ses utilisateurs le sont (relativement) aussi : Médiamétrie évaluait l’an dernier à 50,7 ans l’âge moyen des téléspectateurs compris entre 4 ans et plus, alors que l’Insee l’évalue à 41,1 ans sur l’ensemble de la population, Molotov affirme que la moyenne d’âge de son public est d’à peine 35 ans. Qui a dit que la télévision n’avait pas d’avenir en dehors des seniors ?
Pierre Lescure, qui a fait légaliser les enregistrements numériques à distance, n’a bien sûr pas manqué de remarquer le succès de Molotov chez un public moins âgé : « l’audience particulie?rement jeune de Molotov et la rapidite? de son adoption de?montrent l’attractivite? du service pour la nouvelle ge?ne?ration, dont le lien avec la te?le?vision ressort renforce? », dit-il dans un communiqué.
Alors que la diffusion sur le téléviseur subit la concurrence du net, notamment chez les plus jeunes, Molotov semble avoir trouvé une recette qui permet de les retrouver sur les autres écrans, notamment les smartphones et les tablettes, des terminaux très prisés chez les générations actuelles. Et c’est d’autant plus remarquable que Molotov propose surtout une diffusion linéaire des programmes TV là où Internet offre la possibilité de consommer des vidéos à la demande, quand on veut et où on veut.
Le succès de Molotov est toutefois susceptible de relancer un autre débat, celui de la redevance télévisée.
Molotov, prétexte parfait pour étendre la redevance audiovisuelle ?
Évoquée épisodiquement, notamment dans la campagne présidentielle mais aussi par ceux et celles qui pourraient en bénéficier, l’extension de la contribution à l’audiovisuel public à tous les écrans, c’est-à-dire pour faire court aux ordinateurs, aux smartphones et aux tablettes, pourrait trouver un argument supplémentaire dans la montée en puissance de Molotov.
La piste de l’extension de la taxe aux autres écrans a été finalement écartée par l’exécutif, préférant augmenter progressivement son montant annuel.
Mais à l’argument de la montée en puissance de Molotov justifiant un élargissement de l’assiette de la redevance, l’on pourrait opposer le fait que les personnes qui passent par Molotov ne sont peut-être pas aussi des téléspectateurs qui ont abandonné la télévision traditionnelle. Leur manière de la consommer est peut-être tout simplement hybride, en regardant ici un programme sur la TV, là une émission sur Molotov.
Et même dans ce le cas très improbable où l’utilisation de Molotov signifierait l’abandon de la TV, les gains financiers pour le service public seraient maigres. En 2013, le syndicat national de la publicité télévisée évaluait à 98,3 % le nombre de foyers français possédant au moins un téléviseur. Même en taxant les quelques Français qui n’ont plus de téléviseur, les montants additionnels ne changeront pas la donne.
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