Cette semaine, le Copyright Madness revient sur un drôle de délire impliquant des ayants droits de Tolkien et un épicier un peu trop fan du Seigneur des Anneaux, un dépôt de marque sur l’odeur de la pâte à modeler et un brevet d’Amazon sur les vêtements à la demande. Heureusement quand même, il y a deux bonnes nouvelles pour compenser. Bonne lecture et à la semaine prochaine !
Copyright Madness
Coup bas. Les ayants droit sont parfois de véritables vautours. C’est l’amer constat qu’a pu faire un épicier breton qui a eu le malheur d’appeler sa boutique « Le comptoir de Bilbon », en référence au personnage de Tolkien. Mais cela n’a pas été apprécié par les ayants droit de l’auteur. Le commerçant a reçu une lettre l’invitant à changer le nom de son enseigne et à retirer toute référence à l’œuvre et au personnage des romans. Par peur d’un procès, l’épicier s’est plié à l’injonction et suivi les revendications des ayants droit. Le commerçant a aussi appelé sa fille Eowyn et son fils Angmar : on espère qu’il ne sera pas obligé de rebaptiser ses enfants !
Opportunisme. Nous en parlions dans un précédent Copyright Madness : l’avenir d’un web libre et ouvert est de plus en plus mis en péril par la généralisation des DRM. Les géants de l’industrie culturelle ont eu raison du W3C piloté par Tim Berners-Lee, considéré comme le père du WWW. En effet, l’intéressé ne s’est pas opposé à l’emploi des DRM et a validé l’idée d’en faire un standard du web. Même l’Unesco s’y était opposée. À la suite de cette décision, le collectif Defective by Design lui a attribué à juste titre le prix de l’obéissance. On est loin de l’esprit d’ouverture et de liberté des débuts du web.
À voix haute. C’est le grand retour de l’affaire des lectures publiques dans le Copyright Madness ! Souvenez-vous : depuis plusieurs mois, une société d’éditeurs (la SCELF) s’est mise en tête de lever une redevance chaque fois que quelqu’un lit un texte en public en France. Et elle ne veut faire aucune exception, même pour les lectures gratuites, même quand on lira des histoires aux enfants dans les bibliothèques, ni même quand l’auteur lira ses propres textes ! Du coup, une pétition a été lancée cette semaine pour défendre la liberté de lire les textes à voix haute. Elle réunit des bibliothécaires, des lecteurs, mais aussi des auteurs qui n’accepte pas qu’on utilise leurs droits de cette manière. N’hésitez pas à signer la pétition et à faire tourner !
Trademark Madness
Mangez des pommes. Suite et fin de l’affaire opposant deux entreprises agricoles autour de la variété de pommes Pink Lady. Pink Lady America souhaitait pouvoir utiliser la marque Pink Lady sur le territoire chilien. Cependant, ce pays est une chasse gardée de l’entreprise Apple & Pear Australia Limited (Apal) qui bénéficie d’un monopole sur l’utilisation de la marque. Pink Lady America avait fait appel d’une première décision rendue en début d’année mais n’a toujours pas obtenu le droit d’utiliser la marque au Chili. La seule possibilité consiste à obtenir une licence auprès de l’Apal. La propriété intellectuelle et le droit des marques sont une fois de plus une source d’enclosures sur des produits de la nature…
Smell Spirit. Certains ont déjà cherché à protéger comme marque des couleurs, mais qu’en est-il des odeurs ? C’est ce que le fabricant de jouets Hasbro a décidé de tester aux États-Unis. Souvenez-vous en effet quand vous étiez enfant du parfum qui se dégageait en ouvrant un pot de pâte à modeler Play-Doh. Hasbro a décidé de tenter d’enregistrer cette odeur comme marque, en avançant comme argument qu’elle est restée la même depuis 1955. Seule une dizaine de parfums sont reconnus comme marque aux États-Unis. Si ça se généralise, il faudra suggérer à la RATP d’enregistrer l’odeur moisie du métro parisien, qui n’a pas changé aussi depuis des décennies ! ;-)
Patent Madness
Sur mesure. Amazon a toujours le don de nous ravir avec les brevets qu’il dépose par paquets de douze sur un peu tout et n’importe quoi. Cette semaine, on apprend que la firme de Jeff Bezos a obtenu un brevet sur un système permettant à un consommateur de commander des vêtements réalisés ensuite automatiquement selon ses besoins par une série de machines. Formidable ! Mais qu’est-ce que ça change exactement par rapport à des vêtements commandés sur mesure à un tailleur ? Est-ce qu’Amazon protège une invention ou, de fil en aiguille, cherche à s’approprier le simple concept de vêtements à la demande ;-) ?
Copyright Wisdom
Open Up. Attention, vous allez apprendre quelque chose de très surprenant : oui, il est possible qu’un parlement adopte des lois intelligentes en matière de droit d’auteur. Et c’est le Portugal qui nous montre que tout n’est peut-être pas encore perdu. Cette semaine, les députés de ce pays ont adopté un texte qui va restreindre l’usage des DRM. Il sera notamment permis de contourner ces verrous numériques pour toute une série de raisons légitimes, comme la copie privée ou les usages pédagogiques. La loi interdit même de mettre des DRM sur de simples rééditions d’œuvres du domaine public. Un peu d’équilibre dans ce monde de brutes ne fait pas de mal…
Auto-moto. Le géant du Web Baidu ressemble par certains aspects à son concurrent Google. En effet, le moteur de recherche chinois a développé une branche autour des voitures autonomes. Récemment, le fabricant-moteur de recherche a décidé de rendre ses technologies open source pour permettre à des industriels de l’automobile de se saisir de cette opportunité pour développer leurs produits. Encore un exemple qui montre que l’ouverture et le partage sont source d’innovations économiques et technologiques.
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Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !
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