La VR et le cinéma sont bien partis pour vivre une belle histoire d’amour. Ridley Scott y a dédié une branche de sa société de production, Kathryn Bigelow a réalisé un documentaire en VR et les festivals de Venice ou de Tribeca commencent à diffuser des métrages en réalité virtuelle. Cannes lui rend honneur cette année encore, avec pour la première fois dans son programme la projection d’un film VR.
Si la sélection officielle est relativement classique, avec des réalisateurs habitués de Cannes comme Michael Heneke ou François Ozon, cette 70e édition accueillera la projection du court-métrage Carne y Arena (Virtually présent, Physically invisible) d’Alejandro Gonzales Iñarritu.
D’une durée de sept minutes, il racontera le parcours de réfugiés venus d’Amérique centrale souhaitant rejoindre les États-Unis. « Au cours des quatre dernières années, quand ce projet a pris forme dans mon esprit, j’ai eu le privilège de rencontrer et interroger de nombreux réfugiés d’Amérique centrale et du Mexique. Leurs histoires m’ont hanté, j’en ai donc invité quelques-uns à travailler avec moi sur ce projet. »
Quatre ans de développement
Financé par Legendary Entertainment et la Fondation Prada, produit par Mary Parent et ILMxLAB, division VR de Lucasfilm, le projet est donc développé de longue date. Le réalisateur mexicain, fort de deux Oscars consécutifs pour Birdman et The Revenant, s’est ainsi associé au directeur de la photographie de ses deux derniers films, Emmanuel Lubezki.
L’idée derrière cette expérience est d’utiliser la VR pour faire prendre conscience de certaines réalités — ici l’immigration politique et économique — et de permettre une immersion inédite en brisant l’écran et le rôle d’observateur qui lui est inhérent. « Mon intention était d’expérimenter la VR afin d’explorer la condition humaine et tenter de briser la dictature de l’image […] pour revendiquer un espace permettant aux spectateurs de plonger dans une expérience où l’on marche dans les pas des migrants, se glissant sous leurs peaux et dans leurs cœurs. »
Si le projet était en développement bien avant l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, le timing de sortie de Carne y Arena n’aurait pas pu être plus idéal. Le propos du métrage fait évidemment écho au projet — toujours à la recherche de financement — de construction d’un mur frontalier entre les USA et son voisin mexicain, mais vise également plus loin : « Immigration et terrorisme ont été mélangés à partir de 2001, et soudainement, les gens ont été pris au piège de leur peur et ignorance » constate Iñárritu. « J’ai pensé qu’il serait génial de documenter ces voyages et ces histoires. »
Les terrains inexplorés de la VR
Différents projets de courts-métrages VR ont déjà vu le jour, notamment chez Oculus Story Studio — qui vient malheureusement de fermer ses portes —, et les expériences narratives, jouables ou non, commencent à se multiplier. Mais la création d’histoire sur ce médium reste une activité jeune, laissant tout le travail d’expérimentation aux pionniers qui s’y penchent aujourd’hui.
Alejandro Iñárritu s’en est bien rendu compte, et c’est ce grand terrain vierge qui l’a attiré, lui donnant le sentiment d’un enfant qui apprenait la base de cette technologie : « Nous faisons des pas de bébé. Personne ne sait rien. Je ne sais rien » reconnaît le réalisateur/producteur avec beaucoup d’honnêteté, avant d’ajouter : « La plus grosse erreur avec la VR est de voir cela comme un prolongement du cinéma. Sauf que ce n’est pas du cinéma. La VR est tout ce que le cinéma n’est pas… »
L’expérience d’Alejandro Gonzales Iñarritu sera ainsi diffusée lors du Festival de Cannes, du 17 mai au 28 mai prochain, avant d’être inaugurée à la Fondation Prada en juin, pour ensuite faire le tour des musées et salles VR le restant de l’année. On est particulièrement impatient de découvrir ces sept minutes d’immersion, qui pourraient ouvrir la voie à d’autres productions ambitieuses.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !