Les beaux jours arrivent, et avec eux, les sorties comics s’accélèrent. D’autant que, du côté des grosses maison d’éditions que ce sont Marvel/Panini Comics ou DC/Urban Comics, les changements sont nombreux. Mais cela n’empêche pas les autres éditeurs de se démarquer par des œuvres signées d’auteurs passionnants, qu’il s’agisse de nouveautés ou des rééditions.
Petit tour d’horizon des sorties à ne pas manquer.
DC Univers Rebirth
Geoff Johns, Gary Frank & Collectif, Urban Comics, disponible
C’est le gros morceau du mois de mai. Urban Comics, éditeur de la maison DC depuis 2012, s’attaque à la publication de Rebirth, la dernière relance éditoriale de l’univers de Superman, Batman & compagnie.
Les changements récents de l’éditeur ont ouvert les portes à un nouveau lectorat, mais quitte à profondément bouleverser le ton et les thèmes de ses publications, décevant les lecteurs de longue date qui ne retrouvent pas la notion d’héritage et d’espoir intrinsèque à DC Comics.
DC Rebirth est justement là pour cela, avec un one-shot spécial et la relance de tous les titres de l’éditeur, précédés d’un prologue avec un numéro sous-titré Rebirth. Afin d’accompagner les lecteurs français dans ce bouleversement, Urban Comics publie un épais ouvrage de près de 600 pages, réunissant le fameux numéro spécial ainsi que tout les épisodes réintroduisant chaque héros. Un point d’entrée parfait, permettant de faire le point sur la situation de chaque personnage, de découvrir différents éléments de teaser pour la suite et d’apprécier le ton de chaque série avant d’aller plus loin.
Ce DC Univers Rebirth se révèle des plus plaisants à la lecture, et ce malgré le fait qu’il se compose un peu comme un catalogue des séries à venir plus que comme un récit complet. Une petite intrigue commune se dessine malgré tout, à travers le one-shot ainsi que plusieurs numéros comme celui sur Flash, les Titans ou encore Superman. Surtout, chaque épisode et chaque scénariste — les dessinateurs étant, pour certains, juste là pour cette petite intro — réintroduit de manière plutôt intéressante la notion d’héritage, avec le retour de plusieurs personnages reprenant la marque d’un héros emblématique pour s’inscrire dans sa démarche et former une véritable famille.
Surprenant, rassurant pour les vieux lecteurs et des plus accessibles — notamment grâce au travail éditorial d’Urban Comics — pour les nouveaux, ce pavé de DC Univers Rebirth est assez immanquable, d’autant plus que le rapport page/prix est parmi les plus imbattables en ce moment en librairie.
Mighty Thor
Jason Aaron & Russell Dauterman, Panini Comics
Un nouveau Thor est arrivé ! Et comme la couverture relativement phallique de l’édition française ne le laisse pas du tout deviner, c’est une femme.
Jason Aaron continue son travail passionnant sur le dieu du tonnerre, après une première série consacré au fils d’Odin. Dans celle-ci, publiée dans la collection Marvel Now, le scénariste américain développe le personnage sur trois époques différentes, offrant une aventure riche et passionnante sur la psychologie du héros, passant de jeune fougueux à vieux blasé en passant par adulte vigoureux mais conscient de ses propres limites divines.
L’univers fantasy développé par Aaron est l’occasion pour Jason Aaron d’introduire un nouveau personnage dans le rôle, à l’identité mystérieuse si ce n’est que c’est une femme. Une intrigue qui va structurer cet ouvrage, mais au delà d’un « changement » de sexe, qui peut paraître uniquement symbolique et esthétique, le scénariste va continuer à développer le background de son titre, tout en caractérisant la nouvelle déesse du tonnerre comme un personnage humain, passionnée, l’opposant à un Unworthy Thor au bord de la dépression.
La première série consacrée à l’héroïne d’Asgard ne fait que huit chapitres, et sera réunie en deux tomes. Le premier vient de sortir en début de mois, quand le prochain débarque déjà en juin. Si vous n’avez pas eu l’occasion de découvrir le travail de Jason Aaron sur le personnage, il est temps pour vous de vous y plonger.
Cinema Purgatorio
Alan Moore, Kevin O’Neill & Collectif, Panini Comics
Les œuvres d’Alan Moore se font de plus en plus rares. Le scénariste britannique a été révélé par les années 80, grâce à des récits parmi les plus marquants de l’histoire des comics tels que V pour Vendetta, The Killing Joke ou, bien évidemment, Watchmen. Le XXIe siècle a été un petit peu moins marquant pour le magicien de Northampton, malgré des chefs d’œuvre chez ABC Comics comme Promethea ou La Ligue des Gentlemen Extraordinaires.
Moore signe de nouveau un projet BD avec Cinema Purgatorio, financé par un Kickstarter d’Avatar Press, et édité par Panini Comics en France.
Comme son nom l’indique, cette publication rends un hommage passionné au cinéma, ses monstres, ses mythes et ses mystères, le tout avec une multitudes d’auteurs se succédant à la tâche. Cette anthologie réunit ainsi différents duos d’auteurs qui vont développer leur histoire à travers chaque numéro. Moore s’associe de nouveau au légendaire Kevin O’Neill pour se glisser dans les bas fonds du cinéma et raconter l’histoire d’une jeune actrice obligée de vendre son âme à l’art, court-métrage après court-métrage.
D’autres artistes rejoignent le duo star, chaque histoire étant radicalement différente des autres, tout en formant une toile de fond des plus complexes, chapeautée par Moore lui-même. On pourra ainsi retrouver Garth Ennis & Raulo Caceres dans les sous-sols monstrueux de New York ; Mark Brooks & Michael DiPascale en plein cœur d’une guerre civile américaine où les insectes ont envahit le sud ; Kieron Gillen & Ignacio Calero dans un futur dystopique ou montres et démons se sont déclarés la guerre totale : et enfin Christos Cage & Gabriel Andrade dans une guerre que l’humanité est en train de perdre, mais qui pourrait être sauvée par la découverte d’une jeune femme. Chaque récit est en noir et blanc, révélant le travail brut de dessinateurs encore peu connu du grand public.
Ce premier tome, édité par Panini Comics, réuni ainsi les 4 premiers numéros de ce projet mensuel. D’autres devraient suivre, étant donné que Cinema Purgatorio en est rendu à son 10ème numéro et semble se porter au mieux. L’occasion de retrouver le grand Alan Moore et de plonger dans une œuvre à mi chemin entre 7ème et 9ème art.
Big Guy & Rusty le garçon robot
Frank Miller et Geof Darrow, Glénat Comics
Frank Miller n’en finit pas de faire polémique. Représentant, avec Alan Moore d’un côté, l’autre facette des comics des années 80 avec The Dark Knight Returns, il a également marqué le 9e art d’œuvres aussi riches et engagées que Ronin, Sin City, son run sur Daredevil ou encore Martha Washington (avec Dave Gibbons). Ayant croisé la route de nombreux dessinateurs de talents, l’étant lui-même à l’origine, il a ainsi noué à certains moments des relations assez fusionnelles en terme de travail, c’est le cas ici avec Big Guy & Rusty le garçon robot, réalisé avec Geoff Darrow.
Big Guy & Rusty, c’est l’histoire d’un robot, seul espoir pour sauver un Tokyo futuriste de l’invasion de monstres géants crées par des scientifiques inconscients.
Avec Darrow, Miller signe des textes parfois un peu lourds, mais se limite à tracer les grandes lignes des péripéties pour que le talent de mise en scène de son illustrateur puisse s’exprimer. Et c’est finalement l’attrait principal de cet ouvrage, le travail de découpage proprement hallucinant, jonglant avec des perspectives et des échelles impressionnantes. La patte Frank Miller reste malgré tout présente, mais ne peut vraiment décoller au sein d’un ci court récit en deux uniques épisodes. Ces derniers ont, à l’époque, ouvert le voie à une série TV, culte aux USA. Un travail intéressant, d’une beauté à faire décoller des rétines, et qui est difficilement manquable dans la carrière de Darrow et Miller.
Saga
Brian K. Vaughan & Fiona Staples, Urban Comics
La suite de Saga arrive enfin. Il faut dire que la série de Brian K. Vaughan ne laisse que très peu de place à la patience. Mélange de fantasy spatiale et de comédie romantique, la série d’Image Comics est le fer de lance de leur nouvelle politique éditoriale et représente bien la dynamique du marché américain. Un statut qu’elle n’a pas volé, puisque le titre est arrivé en 2012 comme une vraie claque de fraîcheur dans le petit monde des comics.
Narration laissant beaucoup de place au développement des relations humaines, tempo des révélations et un jeu avec le lecteur proprement génial…
Mais plus que sur la technique d’écriture, c’est sur les thèmes abordés que Vaughan se montre au dessus de la majorité des productions actuelles. D’une étonnante modernité, Saga navigue sans cesse entre les différentes problématiques ou névroses de ses personnages principaux pour en faire le cœur d’un récit où le contexte n’est que prétexte pour parler de couple, de ce qu’il peut représenter symboliquement dans cette société guerrière, et de l’influence d’un système sur la construction personnelle. BKV y glisse des réflexions profondes sur le rapport à l’enfance, sur les principes et mœurs qui régissent aujourd’hui les interactions sociales, ainsi que sur les inquiétudes naturelles qu’amènent la vie de parents.
D’autant qu’en ne se fixant comme limite son seul imaginaire, Brian K Vaughan construit un univers cohérent, mélangeant éléments organiques et naturel avec d’autres plus fantaisistes ou technologiques. Une cohérence thématique aidée par le travail graphique de Fiona Staples, qui signe ici son travail le plus beau et abouti de sa carrière, avec un trait si particulier et un style des plus doux et fluide, aussi.
Si vous suivez la série, vous devriez déjà trépigner d’impatience de pouvoir ouvrir ce septième tome, mais si vous n’avez pas eu la chance de découvrir cette série, c’est l’occasion de vous jeter sur les premiers tomes.
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