Dans une interview accordée au Monde, le PDG d'Ubisoft défend la vente au même prix d'un jeu dématérialisé et de sa version en boîte. Le patron du studio considère qu'il n'y a pas de raison de changer de politique, mais reconnaît que les jeux dématérialisés doivent avoir quelques atouts face à leurs équivalents physiques pour justifier leur prix.

C'est une interrogation récurrente chez les joueurs. Comment se fait-il que les jeux dématérialisés coûtent autant, sinon plus, que leurs équivalents vendus en boîte ? En effet, le numérique ne permet-il pas de réaliser certaines économies intermédiaires qui peuvent ensuite se répercuter favorablement sur le prix de vente ? Sur le papier, oui. Dans les faits, ce n'est pas ainsi que les choses se déroulent.

Dans un entretien accordé au Monde, le président d'Ubisoft n'envisage pas une évolution des éditeurs sur ce terrain. "Les jeux numériques et les jeux en boîte sont au même prix, et cela devrait durer, car il n'y a pas de raison de changer", confie Yves Guillemot. Cette situation devrait donc perdurer. Des arguments en faveur d'une baisse existent pourtant.

Avec le jeu dématérialisé, les charges (comme l'électricité) liées à l'existence de boutiques physiques disparaissent, tout comme la rémunération des vendeurs. La fabrication des supports physiques (disques) n''est plus nécessaire, tout comme la logistique (emballement, acheminer un jeu jusqu'à son point de vente). Sans parler de la gestion des titres invendus.

Cependant, certains avantages peuvent être nuancés par les dépenses qu'impliquent justement ce processus de numérisation. Il faut par exemple assurer l'acquisition de l'espace de stockage nécessaire et payer les charges générées par le fonctionnement des serveurs. Cependant, ces dépenses ne sont pas de nature à remettre en question la tendance actuelle en faveur de la dématérialisation.

Yves Guillemot reconnaît que la nature du jeu dématérialisé doit avoir quelques avantages pour que son prix soit justifié. "Les jeux digitaux auront des avantages qui permettront d'avoir une expérience suffisamment intéressante […] pour justifier le même prix". Mais l'exemple choisi – les mises à jour automatiques – est curieux. Faut-il comprendre qu'un joueur ayant acheté le jeu en boîte n'en bénéficiera pas ?

Enfin, la décision de maintenir le prix du jeu dématérialisé au même niveau que celui vendu en boîte prend en compte la situation des distributeurs. C'est du moins ce qu'affirme Yves Guillemot. "Il est aussi difficile de fixer un prix moindre pour les jeux dématérialisés, car les distributeurs seraient mis en porte à faux", explique-t-il.

C'est un argument qui a déjà été développé par le passé par le Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs (SELL). "Les éditeurs veulent peut-être protéger les circuits de distribution classiques" nous expliquait Georges Fornay, le secrétaire général, l'an dernier.

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