Souffrant depuis plusieurs années d’un exode de sa clientèle, Canal+ s’efforce de rebondir. La révision chronologie des médias peut-elle l’aider ? Le patron de la chaîne privée réclame en tout cas une réforme qui lui soit avantageuse.

La révision de la chronologie des médias peut-elle sauver Canal+, en perte de vitesse depuis plusieurs années ? En tout cas, Maxime Saada, le directeur général de la chaîne de télévision à péages, la demande. Dans une interview au Journal du Dimanche, le patron du groupe a fait part de son souhait d’une réforme de ce dispositif de manière à ce que la société bénéficie de conditions d’accès aux films beaucoup plus avantageuses.

La chronologie des médias sert à organiser la diffusion des films, en fixant pour chaque type d’exploitation (TV, VOD, SVOD, etc) un délai d’attente à respecter après la sortie en salle. Elle a été révisée pour la dernière fois en 2009, à une époque où certains usages n’étaient pas aussi développés qu’aujourd’hui.

« Notre demande principale, c’est que l’on ramène le délai actuel de diffusion des films sur Canal+ de dix mois à six mois après la sortie en salles. Au moment où les Netflix et Amazon prennent des positions dominantes, cette mesure nous paraîtrait un geste fort », plaide Maxime Saada. Cette demande n’est en réalité pas nouvelle : elle avait déjà été formulée à l’automne dernier.

À l’époque, l’intéressé  avait ajouté un facteur à l’équation, à savoir sa contribution au financement du cinéma en expliquant que le déplacement de la fenêtre de diffusion de la chaîne privée serait « compensé » par la sécurisation de la part que l’entreprise verse à l’industrie cinématographique. « La filière a toujours été avec nous. Elle doit parier sur la relance de Canal+ », déclarait-il alors.

Aujourd’hui, Maxime Saada avance un autre argument plaidant en faveur d’une révision de la chronologie des médias qui soit favorable à son groupe : sa vertu. Le patron de Canal+ explique en effet vouloir « également que les acteurs vertueux du paysage audiovisuel français, qui payent leurs impôts en France, qui respectent les quotas, bénéficient d’avancées notables ».

Quant aux autres, les Netflix, les iTunes, les SFR, Maxime Saada demande tout simplement qu’ils « en soient écartés ».

À l’heure actuelle et sans entrer dans le détail de l’actuelle chronologie des médias, cinq grandes fenêtres d’exploitation sont à retenir :

  • Après 4 mois : vente en vidéo (DVD, Blu-ray, téléchargement définitif) ou location en vidéo à la demande (VOD) ;
  • Après 10 mois : diffusion sur des chaînes TV de cinéma payantes (comme Canal+) ;
  • Après 22 mois : diffusion sur les chaînes TV en clair en cas de coproduction ;
  • Après 36 mois : sortie sur les services de SVOD payants comme Netflix ou CanalPlay ;
  • Après 48 mois : sortie sur les services de SVOD gratuits, encore très théoriques.

La proposition de révision de la chronologie des médias faite par Canal+ ne concerne pas que sa fenêtre d’exploitation. Dans les grandes lignes, elle suggère d’avancer de quatre mois les fenêtres de diffusion situées à 22, 36 et 48 mois après la sortie en salles, de façon à les placer à 18, 32 et 44 mois respectivement. Par contre, la fenêtre de 4 mois ne bouge pas — celle-ci est jugée assez proche de la sortie en salles.

Canal Plus // Source : Canal Plus

Malheureusement pour Canal+, la réforme de ce dispositif ne dépend pas que de sa volonté. Il suffit de voir de quand date sa dernière mise à jour : 2009. Depuis plusieurs années, des négociations sont conduites sous l’égide du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) pour essayer de toiletter le système, avec par exemple l’idée d’un calendrier de sortie modulable, mais ça n’a rien donné.

Du fait des intérêts contradictoires à l’égard de la chronologie des médias — si Canal+ voit un intérêt à avoir une fenêtre d’exploitation plus proche de la sortie au cinéma, ce n’est pas forcément le cas des vendeurs de films ou même des exploitants de salles, qui peuvent y voir une concurrence plus dure de la part de la télévision à péages –, le CNC a choisi pour l’instant de renoncer à conduire une quelconque réforme.

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