Depuis 2007, YouTube met à disposition de l’industrie du divertissement un outil de détection automatique qui vise à empêcher les infractions au droit d’auteur. Baptisé Content ID, le dispositif est aujourd’hui largement utilisé par les titulaires de droits d’auteur, notamment français, pour interdire toute utilisation non autorisée de leurs œuvres. Mais comme tout système, Content ID est loin d’être infaillible.
Sur le papier, Content ID fonctionne ainsi : « les vidéos mises en ligne sur YouTube sont comparées à une base de données de fichiers fournis par les propriétaires de contenu. Lorsque le système d’identification de contenu établit une correspondance entre votre vidéo et un fichier de cette base de données, il applique la règle définie par le propriétaire du contenu » : monétisation, blocage, suivi.
Nous avons consacré dans nos colonnes plusieurs sujets sur les défaillances de Content ID : blocage de la convention démocrate, censure d’une vidéo de la NASA sur le compte de la NASA, suspension d’une vidéo de la Quadrature du Net, retrait d’une chanson du domaine public, interdiction d’une vidéo en Allemagne à cause d’un extrait sonore diffusé par l’autoradio… cette liste est évidemment loin d’être exhaustive.
À l’inverse, Content ID rate parfois les cibles qui sont sa raison d’être : le film Batman : The Dark Knight Rises s’est retrouvé en entier sur YouTube, tout comme le troisième volet d’Iron Man. Si ces vidéos finissent tôt ou tard par disparaître, il est assez aisé d’en trouver d’autres sur la plateforme en inscrivant des recherches adéquates et en jouant avec les réglages avancés.
Ce sont ces errements qui sont aujourd’hui dénoncés par le rappeur Dan Bull (qui a lui-même été censuré sur YouTube pour une chanson sur l’abus de droit d’auteur). Le chanteur a réalisé un nouveau clip, signalé Techdirt, dans lequel il critique non seulement l’inefficacité de Content ID mais aussi les orientations récentes de la plateforme, qui affectent fortement les vidéos publiées par les YouTubers.
Google sait que son système n’est pas parfait et qu’il ne le sera sans doute jamais. Fin 2012, l’entreprise américaine a donc mis en place une voie de recours si un membre de YouTube pense avoir reçu une notification erronée. Cela étant, le vrai problème n’est pas que YouTube s’en remette à des processus automatiques pour vérifier la légalité des vidéos qu’il héberge.
Il est compréhensible qu’au regard de la popularité du service et du volume de notifications, YouTube ne peut pas passer uniquement par une vérification humaine. Il doit faire appel obligatoirement à des algorithme pour gérer le flux continu et gigantesque de vidéos. Le problème est que YouTube suit la politique de sa maison-mère, Google, qui part du principe d’une présomption de culpabilité lorsqu’une plainte est reçue.
Il serait sans doute préférable que YouTube donne aux propriétaires des vidéos identifiées comme litigieuses par Content ID la possibilité de se défendre d’abord, avant que la plateforme n’intervienne pour sanctionner le compte le cas échéant ou retirer les vidéos qui lui sont signalées. Ainsi, les faux positifs ne seraient pas systématiquement transformés en cas de censure abusive.
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