Nous sommes en 2010 lorsque Apple, constructeur d’ordinateur historique, devient le plus grand vendeur de musique au monde.
Exit les disquaires, les megastores, la distribution à l’ancienne, la musique est désormais le joujou de la firme de M. Jobs : chaque jour des milliers de titres sont vendus sur son iTunes. À l’époque, on achète des titres à l’unité que l’on transfère ensuite sur un iPod, célèbre baladeur numérique de la marque. Entre ce petit disque dur portable et la boutique iTunes, on trouve les deux éléments principaux du raz-de-marée Apple qui suivra.
Dans l’histoire de la marque à la pomme, les baladeurs sont symboles de renouveau dans un contexte difficile pour l’Américain. Dix ans après leur introduction, Apple vend des millions de smartphones et devient la marque que l’on connaît ; dix avant, ce jour de 2001 où Jobs présente l’iPod, l’entreprise est proche de la banqueroute.
Les multiples révolutions de l’iPod
En colonisant nos poches et nos quotidiens, la firme comprend alors que le monde de demain sera follement nomade, que la miniaturisation est un enjeu d’urgence et enfin, que le contenu est le nouveau logiciel.
En outre, Apple devient le chevalier blanc d’une industrie musicale frappée par la crise, sa boutique en ligne est alors une source de revenus honnêtes pour les labels. Aujourd’hui, les taux de rémunération pratiqués par la vente numérique semblent vieux jeu dans le monde du streaming et des pistes qui rapportent 0,000… 2 $ par écoute.
En 2007, l’iPhone semble être l’aboutissement naturelle des iPod. Il en est aussi le tueur. Dix ans après, le smartphone d’Apple a évincé les iPod, devenus inutiles, et a instauré une relation nouvelle aux contenus, à travers leur disponibilité immatérielle dans le cloud. La musique ne se compte plus en giga octets, comme au temps où Jobs célébrait les 160 Go d’un iPod, mais en dizaines millions de titres, encapsulés par les Spotify et autres Apple Music.
Symbole manifeste d’une époque, les fils blancs qui se logeaient sur nos torses alors que nous portions à nos tympans les écouteurs un peu crachotants d’Apple sont eux devenus le symbole du Y dont on affuble la génération de kids qui ne sortait pas de chez soi sans son iPod.
La génération Y croit alors qu’elle tient en germe la révolution technique du monde : elle vit musicalement, elle joue sa vie en mode aléatoire et ne connaît plus le vide, l’ennui. Les oracles tristes nous parlent d’une nouvelle humanité sur le point de naître, numérique, individualiste et libérée des contraintes du temps et de l’espace.
Alors que l’iPod s’éteint avec la disparition du Nano et du Shuffle, difficile de ne pas voir qu’il fut l’objet d’une révolution profonde et infinie.
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