Cette semaine, le Copyright Madness revient sur les DRM dans l’agriculture, les futurs projets possibles de Facebook, la pétanque ou encore… la couleur bleue, convoitée par Amazon.
Bonne lecture et à la semaine prochaine !
Copyright Madness
Ruralité. Saviez-vous qu’il existe aux États-Unis des « fermiers pirates »? Pas parce qu’ils téléchargent illégalement leurs séries préférées, mais tout simplement parce qu’ils voudraient pouvoir réparer leurs tracteurs… Les constructeurs de matériel agricole ont pris l’habitude d’implanter des DRM dans leurs machines sous prétexte qu’elles contiennent des logiciels, pour forcer les agriculteurs à passer par un concessionnaire officiel pour toute réparation.
Certains paysans comme Kyle Schwarting, un agriculteur du Nevada, essaient de résister et se transforment en « hackers » pour aider leurs voisins à contourner ces restrictions. Le droit d’auteur est ainsi détourné de son but pour priver des acheteurs d’objets de leur propriété légitime. Il serait peut-être temps de séparer le bon grain du Copyright Madness !
Aux abris ! Cela fait des années que nous épinglons les ratés provoqués par ContentID, le système de filtrage utilisé par Google pour Youtube. Mais il va sans doute bientôt falloir s’habituer à voir ce type de dérives débarquer sur Facebook, car la firme de Mark Zuckerberg vient de faire l’acquisition d’un Robocopyright.
Elle a en effet annoncé le rachat de la société Source3, qui développe des solutions de reconnaissance automatique de contenus protégés. On ne sait pas encore si Facebook infligera aussi des « strikes » aux utilisateurs épinglés par le robot pour avoir posté des vidéos ou des musiques. Si c’est le cas, on peut s’attendre à de sérieux dommages collatéraux…
Mama mia ! En Italie, les lobbyistes des industries culturelles marquent des points : une loi en cours d’examen prévoit de nouvelles règles sur le retrait de contenus violant le droit d’auteur. Les fournisseurs d’accès Internet pourraient être obligés de retirer les contenus que les ayants droit leur signalent, mais aussi de prendre des mesures pour empêcher leur réapparition. Or, comme le rappellent des organisations de défense des libertés, cela implique des mesures de filtrage des contenus, non conformes à la jurisprudence européenne et à la Convention européenne sur les droits fondamentaux. On verra si le parlement va jusqu’où bout, mais ça commence à sentir le roussi pour la liberté d’expression en Italie…
Trademark Madness
Le « Saigneur » de l’anneau. Apple et Amazon sont probablement les meilleurs pour déposer des marques complètement hallucinantes. Après avoir déposé le principe d’une photo sur fond blanc, Amazon revient à la charge cette semaine avec la couleur bleue. En effet, l’entreprise commercialise depuis quelques temps son assistant vocal Echo. Cet assistant est orné d’un anneau qui change de couleur en fonction de son état.
S’il est en silencieux, l’anneau sera de couleur rouge, en orange pour le paramétrage et en bleu quand il écoute une personne et prêt à répondre. Figurez-vous qu’Amazon a fait une demande d’enregistrement pour déposer l’anneau de couleur bleu comme marque ! Cet appareil connecté pose de sérieuses questions en matière de vie privée mais en plus fait l’objet de dérives. Avec Amazon, faut pas être daltonien…
Top chef. Les restaurateurs entretiennent un rapport étrange avec la propriété intellectuelle. Les recettes ne pouvant être protégées, ils ont développé des comportements surprenants.
Cette semaine, c’est le célèbre chef Cyril Lignac qui nous a mijoté une délicieuse dérive en droit des marques au goût doucement amer. Ce dernier a en effet enregistré la marque « Gourmand croquant ». Cette expression est réputée être un de ses tics langagiers. Mais il s’agit en réalité d’une phrase inventée par les Guignols de l’info qui caricaturent le chef cuisinier qui l’a reprise à son compte. D’une réplique comique, on arrive à une situation qui promet quelques dérives bien croustifondantes…
Patent Madness
Sans pilote. Les brevets sont censés favoriser et récompenser l’innovation. Mais on a vu comment « la guerre des brevets » avait pu sévir dans le domaine des smartphones, avec les batailles homériques que se sont livrés des firmes comme Apple et Samsung. Le même processus est en train de recommencer avec les voitures autonomes.
Des masses de brevets ont été accumulés ces dernières années par les entreprises du secteur et il ne manque qu’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Un premièr litige sévère a déjà éclaté entre Uber et Google, qui accuse un ingénieur transfuge d’avoir livré certaines de ses technologies à son concurrent. Bientôt, on risque d’arriver à une situation où plus personne ne pourra produire de voiture autonome sans risquer un procès monstre. Y a-t-il encore un pilote dans le système des brevets ?
Tu tires ou tu pointes ? La brève qui suit ne date pas d’hier mais elle vaut son pesant d’or. L’Institut National de la Propriété Intellectuelle organise un trophée de l’innovation censée récompenser les plus grandes innovations enregistré par le prestigieux institut. La cuvée 2016 a récompensé une innovation particulièrement disruptive. La société Obut qui produit des boules de pétanque a été récompensée pour son produit qui est un « concentré de design ». Il s’agit ni plus ni moins de quatre lignes qui sont tracées à la surface. La propriété intellectuelle, ça fout parfois les boules…
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