Marion Pinaffo et Raphael Pluvinage sont deux anciens élèves de l’ENSCI. Au printemps, ils exposaient l’un de leur projet artistique « Papier Machine » au Musée des arts décoratifs. Liant l’imaginaire de l’électrique et de la machinerie à celui du papier et des couleurs, les deux artistes ont développé un monde poétique et ludique qu’ils souhaitent désormais commercialiser.

À l’origine de Papier Machine, on trouve une fascination pour les microcosmos qu’a inventé l’industrie technologique miniaturisée au fil des années et des progrès.

Circuits imprimés tentaculaires, formant dédales et entrelacs, puce aux faux-airs de cité futuristique ou encore composants semblant tout droit sortir d’un bestiaire, la miniaturisation des technologies semble avoir caché des mondes minuscules dans les entrailles de nos smartphones.

Papier Machine, ébauches

Papier Machine, ébauches

Pour Juliette Pollet, auteure pour le projet Papier Machine, il y a là, dans les viscères de nos bidules connectés, des véritables ghosts in the shell. Dès lors, les artistes voulaient dévoiler la vie palpitante et onirique des profondeurs du petit.

Ainsi, écrit Mme Pollet, nous ignorons tout de nos amis électriques. Savons-nous tout des rouages de ces bêtes d’une complexité rare malgré leur taille de paume ? Pas tant que ces dernières n’ont pas été disséquées au point de devenir tangibles, palpables… En somme, pas tant que nous n’arrachons pas la technologie à son abstraction naturelle.

Poursuivant ce but, Raphael Pluvinage et Marion Pinaffo ont donc tenté de démystifier le monde par l’exemple. Dans leur exposition au Musée des arts décoratifs, on découvrait 13 jouets en papier qui, à taille humaine, incarnaient les micro-technologies de nos smartphones.

Paris may 2017 -  Marion Pinaffo et Raphaël Pluvinage / Papier-Machine

Paris may 2017 – Marion Pinaffo et Raphaël Pluvinage / Papier-Machine

Aujourd’hui, les deux artistes voudraient commercialiser en kit leurs œuvres. Elles comprennent tout le nécessaire pour expérimenter infiniment des principes tantôt simples, et tantôt mystiques sur des objets à construire à partir des kits.

Mais attention, dans cette « collection de pif-gadgets » comme l’appelle Mme Pollet, il n’est pas question de trouver des instructions. Le but poursuivi n’étant pas de construire une Tour Eiffel en mousse ou un smartphone en carton, mais d’acquérir empiriquement des connaissances concrètes sur l’électronique.

À ce titre, les artistes citent le concept d’Autoprogrettazione qu’Enzo Mari introduisait dans son ouvrage du même titre (multilingue, Edizioni Corraini), le designer italien appelait en 1974 à une expérience empirique du design par les masses, souhaitant notamment faire construire des meubles au grand public pour qu’il saisisse les enjeux de la production de son époque.

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Tâtonner, se tromper, rater et recommencer sont les vrais finalités d’un projet qui n’a d’autre volonté que l’apprentissage. Tout est conçu dans la légèreté et la précarité du papier, matériel pour lequel nous n’avons aucun égard, afin que tout soit envisageable.

Quant à la magie de la fée électricité, elle s’incarne dans les encres réactives des joujoux de papier sur lesquels on vient greffer hélice, pile, etc. Enfin, motifs et ornements viennent distraire cet apprentissage à tâtons : signes contradictoires, paradoxes et humour transforment l’œuvre en un vrai dialogue entre l’homme et la machine (de papier).

Si vous aussi, vous avez un coup de cœur pour ce projet, les artistes vous attendent sur leur page www.papiermachine.io ; et bientôt — ils nous l’ont confié et nous les attendons — ils lanceront un Kickstarter pour lancer l’impression de ce kit éducatif pas comme les autres.

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