Quand Mark Anthony Green de GQ arrive au rendez-vous qu’il a fixé avec Aziz Ansari, le créateur de la série Master of None (Netflix), il prend de l’avance.
Il a convenu de rencontrer l’acteur en plein Paris, mais depuis que ce dernier refuse toute forme de connexion sur le web et cherche à éviter les sonneries de son smartphone. Il s’agissait de prendre ses dispositions, arriver à l’heure, attendre, se rencontrer. À l’ancienne en somme.
« Technologiquement parlant, il vit en 1999 » écrit Green.
Selon ses propres mots, Ansari a « supprimé Internet de son téléphone ». Dans les faits, il a supprimé Twitter, Instagram et sa boîte de réception mail, mais pour le consommateur de réseaux qu’il était, cela revient à supprimer le web.
Pour l’auteur, cette rupture était nécessaire pour se sortir d’un cercle vicieux : « Lorsque vous vérifiez s’il y a un nouveau post sur Instagram ou quand vous allez sur le New York Times pour voir s’il y a du nouveau, ce n’est même plus pour le contenu. C’est seulement pour trouver des trucs nouveaux. Vous devenez accroc à cette sensation. Vous n’allez plus vous contrôler. »
Selon le scénariste et comédien de Master of None, le web représenterait une obsession chronophage et frénétique. Lui qui réussissait dans sa dernière saison à plonger dans l’absurde de l’ère dating voudrait désormais retrouver une temporalité déchue par l’instantanéité : « Tous ces sites que vous lisez dans le taxi, en réalité, vous n’avez besoin de lire aucune de ces choses. C’est mieux de vous asseoir et de rester dans vos pensées pendant une minute. Je voulais mettre fin à ce moment où j’arrive chez moi, et je regarde des pages web pendant une heure et demie juste pour vérifier qu’il n’y a rien de nouveau dessus. À la place, je lis un livre. »
La star de la comédie sur Netflix estime que nous ne retenons désormais plus rien de nos lectures, de ce que l’on voit. Toutefois, pour Ansari, il est difficile de ne pas lier cette volonté de déconnexion de l’actualité avec le cirque médiatique qui suit l’administration Trump : « Je lisais toutes les actualités sur Trump, mais j’avais l’impression que nous ne lisions plus les nouvelles pour la raison habituelle : une meilleure compréhension du monde et un enrichissement personnel. On dirait que nous lisons des rumeurs sur du catch. Un peu comme lire ce qui s’est passé dans Monday Night Raw [unz émission américaine de catch professionnel, célèbre pour sa grossièreté et son show burlesque]. Quand vous prenez du recul, tout semble sensationnel. »
Autruche, Aziz Ansari ? Il préfère se préserver de la « toxicité » de l’époque et promet : « Je suis dans la boucle sur tous les sujets, si quelque chose de réel se produit, j’en serai informé ». Il conclut : « Je ne choisis pas l’ignorance, je choisis de ne pas regarder du catch. »
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