En postant un simple selfie en compagnie de plusieurs collègues scénaristes et dessinatrices, l’éditrice Heather Antos a été la cible de nombreuses réactions misogynes et sexistes sur Twitter. Des insultes qui ne sont pas restées sans réaction, comme le prouve le mouvement #MakeMineMilkshake.

Le monde des comics n’est décidément pas épargné par les polémiques en tout genre. Sous le feu permanent des projecteurs depuis les colossaux succès de Marvel/Disney et DC/Warner, cette industrie reste pourtant à taille humaine, bien loin de la pression financière des studios hollywoodiens ou des maisons de disque, et surtout assez sensible aux retours des lecteurs.

C’est ainsi qu’avec un simple selfie posté sur Twitter, l’éditrice Heather Antos et ses collègues féminines qui s’accordaient un moment de détente en buvant un milkshake ont fait l’objet d’insultes, de moqueries et de critiques par plusieurs internautes jugeant qu’elles n’avaient rien à faire dans le monde des comics en les qualifiant, entre autre, de « fake geek girls ».

https://twitter.com/HeatherAntos/status/891004244089810945

Parmi les nombreux tweets insultants, dont bon nombre ont été supprimés depuis, on peut trouver des remarques profondément choquantes, déplacées, et laissant transparaître le sexisme de leurs auteurs. Ces derniers ont publié des montages assez mal vus ou ont tenté d’accompagner leur pensée d’une pseudo critique de la ligne éditoriale de l’éditeur : « vous vous rappelez quand les comics étaient sur les superhéros et non des refuges pour que les féministes puissent créer des personnages féminins qui n’arrêtent pas de se rassurer mutuellement ? »

https://twitter.com/CanuckCon/status/891822485305516038

Milkshake et résistance

La photo de cette équipe féminine de la Maison des Idées est depuis devenue un symbole de résistance contre le sexisme et la misogynie d’une partie du lectorat. Heather Antos, qui a notamment travaillé sur la licence Star Wars, a réagi quelques jours après les tweets insultants pour taper du point sur la table et condamner ce genre de commentaire, devenu monnaie courante pour les femmes travaillant dans ce secteur de l’édition : « Internet est un lieu horrible, répugnant et pitoyable », « Comment puis-je oser poster une photo de mes amis sur Internet sans m’attendre à être harcelée, insultée et ciblée ».

https://twitter.com/HeatherAntos/status/891509671407890432

https://twitter.com/HeatherAntos/status/891514561777500161

https://twitter.com/HeatherAntos/status/891675701694353409

De ces échanges virtuels des plus virulents — et sur le long terme, comme en témoigne  Heather Antos : « Je me suis réveillée face à un tas de tweets et de messages privés orduriers. Parce que je suis une femme. Qui travaille dans les comics, et qui a posté un selfie de ses amies avec des milk shakes »– est né un vrai mouvement de soutien auprès des créatrices visées et, plus généralement, de toutes les scénaristes et dessinatrices du milieu. Le hashtag #MakeMineMilkshake réunit ainsi aujourd’hui de nombreux selfies de personnes buvant des milk shakes en soutien comme de réactions à la polémique, que ce soit de la part des deux grands éditeurs eux-mêmes ou de celle de divers créateurs.

https://twitter.com/katillustration/status/892758827619282944

Et, finalement, comme l’explique l’article de Salon qui revient sur ce terme de « fake geeks » ou encore l’édito de Comicsblog qui revient sur les différentes polémiques sexistes et racistes qui ont touché Marvel récemment, cet incident n’a fait que révéler les vrais « fake geeks » de l’histoire.

Une triste polémique, qui aura au moins eu le mérite de souligner le problème et de voir émerger un mouvement de soutien assez spontané de la part de lecteurs et de professionnels, n’hésitant plus à répondre frontalement à ce genre de remarques, autrefois laissées sous silence.

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