Encore un peu abrutis par Iron Fist — pénible spectacle de la vacuité avec laquelle les franchises sont désormais servies — nous acceptions à la fin du printemps de nous prêter, de nouveau, au jeu de la promo de Defenders, dernière marvelerie de la maison Netflix.
L’Américain avait tout prévu : sur les huit épisodes mis à disposition, on nous en glisse 4. C’est évidemment un peu court pour une critique, mais cela permet au critique de tremper un peu sa plume avant de prendre le chemin des analyses.
L’artisanat du crossover
Disney a beau prendre la tangente ces derniers jours, il faut remettre les productions Marvel signées par Netflix dans leur contexte : un contrat serré pour quelques franchises et des obligations envers ABC et Marvel TV. Porteur d’une marque qui ne lui appartient pas, le géant de la SVoD sait qu’il vend davantage ce produit pour son aura que pour ce qu’il est.
Après quatre séries franchisées, il faut bien l’admettre : le produit est correct, aussi rapidement vu qu’oublié, mais populaire. Netflix ira même jusqu’à caracoler devant nous, expliquant qu’Iron Fist a été la série Marvel la plus vue sur sa plateforme. Malgré des critiques désastreuses. Gloups. On comprend ce qui est en train de se passer : nous sommes rentrés dans une usine à franchises.
À ce titre, Defenders — du moins son introduction — fait les choses convenablement. Exposition prudente, univers visuel à forte coloration, combats millimétrés et méchante glaciale, saupoudré d’un humour finalement bienvenu pour distancier ce qui reste une série morne et un rien mécanique.
Make it fun again
Ce tournant fun est particulièrement sensible lorsque nos super-héros partagent la scène de leur première rencontre : formellement, cette réunion emprunte à Avengers en y ajoutant le fameux twist décor-de-restau-chinois-dégueulasse (Hell’s Kitchen), mais parvient à nous sortir de notre torpeur grâce à des petits coups de menton de Jessica Jones, qui soulage l’humour coincé des copains par un flegme enviable.
Marco Ramirez, qui tient la plume de cette rencontre, confie qu’il s’agissait de son principal défi : « J’étais angoissé par l’idée de réunir ces héros, trouver leur harmonie et une manière de les faire interagir » se souvient-il. Lorsqu’on le taquine sur le rôle de gentil crétin de Finn Jones, le showrunneur élude : il n’a pas cherché à jouer avec Iron Fist, mais le format du crossover estival était clairement favorable à « davantage de lumières dans cet univers ». On confirme.
« J’étais angoissé par l’idée de réunir ces héros, trouver leur harmonie »
Iron Fist assume quant à lui le rôle qui lui revient de facto : celui du privilégié barbant. Tant pis si ces scènes d’action le montrent frappant dans le vent, il profite de son charme juvénile pour, lui aussi, distancier un personnage-marque peu mémorable.
Côté écriture, l’arrivée d’Alexandra, divine Sigourney Weaver, donne un cachet au crossover, une réalité qui semble s’être diffusée sur le tableau où Cox et Yung ne juraient que par sa présence et les idées qu’elle proposait. La Française va jusqu’à nous parler d’une « expérience empirique » de la création à l’écran.
Personne ne se surprendra de voir la reine d’Aliens être une formidable méchante, même si son origin story est à dormir debout. C’est par ailleurs un des ennuis de ce Defenders : l’organisation appelée La Main nous a déjà pompé l’air pendant les séries précédentes et ne revêt toujours pas plus d’intérêt narratif qu’un contrepoint moral absolu — c’est le Mal. Seule nuance à ce tableau, l’hyperactive Elodie Yung reprend le costume d’une Elektra à la botte de La Main (vous l’avez ?) et crédibilise un rôle un peu ambivalent, sensuel et cauchemardesque à la fois. Elle nous avoue avoir aimé ce qu’elle croit voir comme un nouveau départ de son personnage — en conflit direct avec Murdoch.
Autrement, si l’on rigole un peu plus qu’auparavant, les dialogues continuent d’être souvent rasoir : mention spéciale pour le passage où Luke Cage et Iron Fist discutent de leurs privilèges. Mais c’est également ainsi que se construit ce divertissement estival qui sans effets spéciaux et sans cape, tente de tenir tête au plus célèbre des crossover, Avengers. Dialogues après dialogues, le sujet se dévoile dans la relation des uns aux autres, Cox résume : « J’espère qu’il n’y a pas d’obligation à nous battre dans chaque épisode ! »
https://www.youtube.com/watch?v=4h3m7B4v6Zc
Mais c’est finalement la faiblesse de ce pot-pourri de franchises : en dehors des chorégraphies menées à la baguette et de personnages un peu iconoclastes, la bourrique tourne un peu en rond. Léger et estival ? Assurément. Dispensable ? Probablement.
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