Chaque week-end, c’est la compilation de l’actualité de la propriété intellectuelle et de ses dérives, concoctée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux.

Cette semaine, le Copyright Madness revient sur Connor McGregor qui va devoir entamer une autre sorte de combat pour défendre ses marques, le Rubik’s Cube qui repasse en justice ou le groupe Facebook InsouMeetic qui a dû changer de nom.  Bonne lecture et à dans un mois ! Les auteurs du Copyright Madness prennent quelques semaines ; reprise de la rubrique vers octobre !

Copyright Madness

Sphérique. Nous allons parler de la mairie de Sablé-sur-Sarthe, mais sans évoquer François Fillon. La municipalité veut en effet entamer des travaux pour rénover la place de la mairie, dont les précédents aménagements ont plus de 30 ans. Elle comporte notamment de grosses sphères en métal pour délimiter la zone piétonne, dont l’esthétique fait beaucoup parler dans la ville. L’édile s’apprête à engager un million d’euros sur le chantier, mais elle va devoir d’abord trouver un accord avec l’architecte responsable du précédent projet. Celui-ci est en effet considéré comme l’auteur de la place et il fait jouer son droit moral pour s’opposer à certains changements demandés par la ville. On comprend quand même que les habitants puissent finir par avoir les boules…

Sablé-sur-Sarthe

CC Vincent LaConte

Et la lumière fut. L’imagination déployée pour lutter contre le piratage nous étonnera toujours. Cette fois, c’est Philips qui nous a fait tomber de notre siège : la société a eu une idée pour empêcher le « camcording », pratique par laquelle les spectateurs dans une salle de cinéma enregistrent un film pendant la projection pour le proposer ensuite sur Internet. Philips a déposé un brevet sur un système qui fera clignoter des lumières placées sur les côtés de la salle de manière à dégrader la qualité de l’enregistrement. Cela devrait aussi au passage largement dégrader l’expérience des spectateurs, mais Philips prétend au contraire que ces clignotements pourraient être synchronisés avec ce qui se passe à l’écran. Ben voyons ! Prochaine étape : un brevet sur un système qui déclenche une douche d’eau glacée ou des gaz lacrymogènes sur le public, au cas où de vilains pirates se soient cachés dans la salle !

En famille. Les studios hollywoodiens auraient voulu produire des remakes des Raisins de la colère et d’À l’est d’Éden. Il se murmure même qu’un projet impliquant Steven Spielberg et Jennifer Lawrence était en préparation. Mais tout ceci risque de ne jamais voir le jour, parce que la famille de l’auteur, John Steinbeck, est à feu et à sang depuis près de dix ans à cause des droits. La fille de la troisième femme de l’auteur se crêpe le chignon en justice avec la veuve de son beau-frère (vous suivez ?). Bien qu’ayant déjà eu un jugement en sa défaveur, cette dernière a déclaré qu’elle continuerait à se battre « jusqu’à son dernier souffle ». On estime qu’elle touche entre 100 000 et 200 000 dollars par an rien qu’avec les royalties sur les éditions classiques des romans de Steinbeck. Il faudra quand même qu’on nous explique en quoi transférer le droit d’auteur aux descendants des créateurs est utile à la création…

Raisins Colère

CC David Daniels

Trademark Madness

Pugilat. Le combat de boxe surmédiatisé entre Floyd Mayweather et le champion de MMA Conor McGregor a donc eu lieu. Le second a perdu le match contre le premier, mais une toute autre bataille commence pour lui… et elle va avoir lieu sur le terrain des marques ! Des petits malins se sont en effet empressés de déposer des marques sur son nom pour vendre tout un tas de produits douteux dans plusieurs pays d’Europe. Il lui faut faire opposition pour les en empêcher. Lui-même voudrait déposer une marque sur le surnom de boxeur qu’il utilise, The Notorious (Le Fameux), mais il est à son tour attaqué par une société anglaise qui utilise ce nom pour vendre des billards depuis 40 ans. Finalement, c’est peut-être moins dangereux de faire du MMA que d’essayer de déposer une marque !

conor-mcgregor

CC Andrius Petrucenia

Cubik. Ce que l’on aime chez les trolls des marques, c’est leur persévérance. Cette fois, c’est Rubik’s Cube qui en fait la démonstration. La société anglaise à l’origine de ce jouet mondialement connu attaque la chaîne américaine Toys R Us parce qu’elle vend un casse-tête ressemblant beaucoup au sien. Rubik’s Cube estime en effet que la forme du jouet constitue une marque tridimensionnelle et qu’elle peut sur cette base empêcher ses concurrents de l’imiter. Le problème, c’est que la Cour de justice de l’Union européenne a déjà statué en 2016 que la forme du Rubik’s Cube était « fonctionnelle » et qu’elle ne pouvait donc constituer une marque. Mais qu’à cela ne tienne, Rubik’s Cube va tenter sa chance à présent devant les tribunaux américains pour voir s’ils ont le même avis !

rubiks cube

Un Rubik's Cube.

Source : Karlo Pušić

Rencontres. Ça avait commencé comme une blague potache, mais ça pourrait finir assez mal. Cet été, un groupe Facebook baptisé « Insoumeetic » s’est lancé pour favoriser les rencontres entre sympathisants du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Or, il compte à présent plus de 1 500 membres et nous avions parié que les initiateurs finiraient par avoir des soucis avec la plateforme Meetic, qui n’allait certainement pas se laisser chatouiller la marque comme ça. On ne sait pas ce qui s’est passé exactement, mais le groupe s’est rebaptisé récemment « InsoumiLove ». Un autre groupe, « HamonAmour », a vu le jour et on verra si Benoît Hamon a davantage le sens de l’humour…

Couple

CC Katie Salerno

Patent Madness

Notifications. Chaque mois, l’association américaine EFF épingle un brevet qu’elle trouve particulièrement stupide pour montrer à quel point le système va mal aux États-Unis. Cette fois, elle a déniché un brevet qui montre surtout que le bureau américain de la propriété intellectuelle ne fait pas son travail de vérification des demandes. En 2013, la banque JP Morgan a obtenu un brevet logiciel particulièrement fumeux sur un « système permettant la communication entre des applications mobiles ». « L’invention » décrite est parfaitement abstraite et cela faisait déjà des années que des applications pour smartphones ou tablettes envoient aux utilisateurs des notifications pour se connecter les uns les autres. Peut-être que l’examinateur qui a validé son brevet était en train de jouer sur son téléphone…

pixel-smartphone

CC Maurizio Pesce

Le Copyright Madness vous est offert par :

Lionel Maurel

Thomas Fourmeux

Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !

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