Selon un récent sondage conduit par Youboox, le piratage concernerait un livre numérique sur deux. Cependant, les résultats méritent d'être relativisés.

Sur les plateformes de téléchargement illicites, il n'est pas rare de trouver des catégories consacrées à la littérature et à la presse. À côté des rubriques "traditionnelles" qui proposent de pirater des films, de la musique ou des jeux vidéo figurent en effet des sections présentant des liens pour récupérer des journaux, des magazines, des romans, des bandes dessinées, des mangas ou des comics.

La disponibilité de ces fichiers illustre-t-elle un quelconque essor du téléchargement illicite dans le secteur des e-books ? À en croire un récent sondage effectué par Youboox, le piratage concernerait un ouvrage numérique sur deux ! Ce phénomène toucherait en priorité l'univers de la bande dessinée (59 %), puis la science-fiction (23 %) et les romans en général (14 %).

Selon Fabien Sauleman, le cofondateur de Youbox, "le piratage des livres numériques ne touche pas seulement les best-sellers et les auteurs connus. L'ensemble des œuvres numériques est atteint et ce phénomène risque encore de s'amplifier si les acteurs du livre ne réagissent pas. Il faut rapidement donner aux éditeurs un moyen d'agir contre ce piratage pour éviter que cet usage ne s'installe".

La situation aurait-elle à ce point changé par rapport à 2011, lorsque le syndicat national de l'édition écartait le recours à la Hadopi au motif que le phénomène était encore marginal ? "La question du piratage de livres numériques en France ne se pose pas vraiment encore. Le marché du livre numérique […] ne représente pas encore grand-chose – environ 1 % – sur le marché français", déclarait le SNE.

Il est vrai que depuis deux ans, les liseuses électroniques se sont multipliées sur le marché tandis que les tablettes proposent aussi des services pour livre des ouvrages dématérialisés. Sans aller jusqu'à évoquer un raz-de-marée, la lecture d'ebooks a triplé entre 2012 et 2013, une portion de 15 % de la population nationale âgée de 15 ans et plus ayant déclaré avoir déjà lu un livre numérique.

Nuancer les résultats

Cependant, il convient de nuancer fortement les conclusions du sondage de Youboox. Si le piratage de livres numériques existe, l'échantillon choisi par la plateforme de lecture numérique en streaming est relativement limité dans son ampleur, à peine plus d'une centaine de "titres numériques présents sur les plateformes officielles de lecture numérique francophone", et dans le temps (mars 2014).

On estime que l'offre légale française en matière de littérature dépasse les 100 000 titres. ActuaLitté, qui s'est aussi intéressé à ce sondage, note de son côté que l'échantillon est peu représentatif et que même si "un ouvrage sur deux est réellement disponible en version contrefaite, cela n'implique pas non plus que les utilisateurs puisent dans ce vivier".

Sur le piratage, les éditeurs et les ayants droit ont des opinions parfois très diverses. Aux yeux du directeur général de la SCAM, "le mouvement [du piratage] est en marche et ne s’arrêtera plus". En Allemagne, le groupe Axel Springer Verlag a estimé l'an dernier que ce phénomène ne l'avait pas encore affecté tandis que l'éditeur français Bragelonne trouvait "cool" en 2012 d'être piraté.

Les écrivains aussi peuvent avoir des réactions très variées. Frédéric Beigbeder est par exemple très virulent envers ceux qui téléchargent son Œuvre. La créatrice de Twilight, Stephenie Meyer, s'est de son côté plutôt inquiétée pour son droit moral du fait d'une fuite avant la publication finale de son livre. En revanche, Paolo Coelho ne manifeste aucune crainte particulière.

En tout cas, des groupes comme Hachette ou le syndicat national de l'édition prennent désormais des mesures contre le piratage. Au risque d'aller indirectement contre leurs intérêts ? En 2009, une étude menée pour l'éditeur O'Reilly soulignait que la courbe des ventes de livres repartirait fortement à la hausse au moment où les ouvrages sont piratés.

( photo : CC BY-NC-ND JISC )

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