On connaissait la ségrégation sexuelle dans le sport, imposée par des raisons physiologiques qui font qu'un homme et une femme n'ont pas les mêmes chances d'arriver aux meilleurs résultats. Si Usain Bolt parcourt 100 mètres en 9 secondes et 58 centièmes alors que la recordwoman Florence Griffith-Joyner fait près d'une seconde de plus, ce n'est pas parce qu'il est plus talentueux ou s'entraîne davantage que les femmes. C'est parce que le simple fait d'être un homme lui confère un avantage physique.
"Des études montrent que la différence de force musculaire entre les deux peut atteindre jusqu’à 50%, différence due à la quantité de production de testostérone", résume le site Sport Médecine. "Les seules variations qui existent entre homme et femme sont des données initiales comme la taille, le poids, la masse musculaire ou la force, qui sont généralement supérieurs chez l’homme. Les femmes ont plus de tissu adipeux que les hommes, cela les favorise dans des sports comme la natation mais qui les désavantage grandement en athlétisme, et notamment dans des épreuves de saut".
C'est donc par souci d'équité sportive que sont créées des catégories "homme" et "femme" pour les compétitions. Mais faut-il pour autant les transposer aux jeux vidéo ?
C'est ce que fait Nintendo, qui propose un Championnat de France de Mario Kart 7 divisé en trois catégories :
- Championnat Masculine
- Championnat Féminin
- Championnat Junior
Ouf, les femmes et les hommes n'auront pas à jouer ensemble pour ce tournoi Mario Kart. Soulagement général. pic.twitter.com/iEmDHYqWgg
— pdlabelrouge (@pdlabelrouge) 19 Mai 2014
L'éditeur japonais semble ainsi considérer qu'hommes et femmes n'ont pas les mêmes chances de gagner une partie de Mario Kart, ce qui sera sans doute l'occasion de blagues douteuses sur les femmes au volant et la mort au tournant (dans la vie réelle, messieurs sont responsables des trois quarts des accidents de la route).
Contacté à la mi-journée, Nintendo ne nous pas encore répondu pour connaître les raisons d'une telle distinction.
Aux échecs aussi, les femmes sont isolées
Elle n'est cependant pas inédite dans les "sports" non physiques. Le championnat de France d'échecs compte deux classements, l'un mixte, l'autre réservé aux femmes. Ces dernières auraient en effet beaucoup de difficultés à se hisser au plus haut niveau masculin, au point qu'un titre "grand maître féminin" a été créé en 1977 sur la scène internationale. Mais les raisons ne seraient pas à chercher dans une quelconque différence de capacité cognitive. Plutôt de psychologie.
Le site France-Echecs cite en effet une étude italienne qui aurait démontré que "les femmes entament le jeu avec le sentiment qu'elles ne pourront pas gagner face à un homme", et que "les joueuses tendent ainsi à être beaucoup plus efficaces lors d'une partie lorsqu'elles jouent ou ont l'impression de jouer face à une autre femme".
Nintendo pense donc peut-être que les femmes lancent mieux les carapaces de tortues sur leurs adversaires lorsqu'elles sont elles-mêmes des femmes, parce qu'elles seraient "décomplexées" ? Reste toutefois à démontrer que les hommes et les femmes n'ont pas un niveau équivalent sur Mario Kart 7 lorsqu'ils jouent ensemble, ce qui n'est pas fait.
Une autre explication, qui paraît plus convaincante aux échecs, est que les femmes se seraient mises beaucoup plus tardivement à jouer aux échecs que les hommes, et qu'il est donc plus difficile de susciter des vocations de joueuses de très haut niveau, faute de modèles à suivre. A titre de comparaison, il a fallu attendre les exploits de Lyon en Ligue des Champions et en Coupe du Monde pour que le football ne soit plus autant considéré comme un sport d'hommes en France, et que les jeunes filles aussi demandent à s'inscrire dans les écoles de foot. Est-ce également le cas dans les "e-sports", largement dominés par de jeunes hommes ?
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !