La nature a horreur du vide, dit-on. Cela se vérifie en tout cas très régulièrement dans le domaine du piratage, où la disparition d’un site web — surtout s’il était célèbre et fréquenté — est rapidement « oubliée » par l’émergence de nouveaux espaces qui se présentent comme les héritiers plus ou moins légitimes de la plateforme disparue, en allant parfois jusqu’à cloner son interface.
Réplique pour Zone-Téléchargement…
C’est le cas de Zone-Téléchargement. Le site historique a disparu fin novembre 2016 à la suite d’une opération de police mais des internautes ont voulu reprendre le flambeau avec un site singeant complètement l’ancien site, du nom de domaine à l’interface, en passant par les rubriques et les fonctionnalités. Au final, seule l’extension du nom de domaine est différente, celle-ci étant rattachée aux îles Samoa (.ws).
Le site connaît aujourd’hui une audience importante, née de la rapidité avec laquelle ce clone a été mis en ligne (et cela même alors que les responsables s’exposent à des poursuites pénales) et de l’identité similaire qu’il partage avec Zone-Téléchargement. Mais aussi, note la Hadopi dans une étude, grâce à la mobilisation acharnée d’un petit nombre de contributeurs très actifs.
Une audience qui n’est toutefois pas (encore) au niveau de celle de la grande époque qu’a vécu Zone-Téléchargement. C’est l’analyse de la Hadopi : les sites touchés ne retrouvent jamais le niveau d’audience de leurs prédécesseurs. Mais Le Monde, qui s’est penché plus en détail sur l’étude, fait toutefois remarquer que le jeune site « approche le trafic de son prédécesseur ». Peut-être n’est-ce qu’une question de temps.
Sauf si une nouvelle fermeture vient casser l’élan de cet héritier.
…répliques pour T411
Ce constat peut aussi être fait pour T411. Neutralisé lui aussi après une opération de police après trois ans d’enquête internationale, le site de liens BitTorrent a donné naissance à quelques répliques dès qu’il a disparu du paysage. Deux d’entre eux semblent aujourd’hui tirer leur épingle du jeu : T411.si (domaine de premier niveau attribué à la Slovénie) et YggTorrent.
Nés quelques semaines après la disparition de T411 premier du nom, les deux sites de liens BitTorrent connaissent eux aussi une forte croissance en termes d’audience, comme on peut le voir avec les statistiques d’Alexa pour YggTorrent et pour T411.si. Si leurs courbes de progression tendent aujourd’hui à se tasser, elles ont toutefois permis aux deux sites de se hisser dans le top 200 France.
En termes d’audience, YggTorrent apparaît comme étant un peu plus populaire que T411.si, ce qui demeure un petit exploit, car cette réussite dans le monde du téléchargement illicite se fait sans reprendre le nom de T411, forcément très porteur, là où l’autre site a récupéré une adresse T411 très opportunément, tout comme Zone-Téléchargement d’ailleurs. Que ne ferait-on pas pour gagner du trafic.
Selon SimilarWeb, le site a accueilli plus de 14,6 millions de visites à la mi-septembre, en léger retrait par rapport au mois d’août, après une croissance continue depuis juin. Quant à T411.si, SimilarWeb indique 11,5 millions de visites sur la même période, sans pour l’instant de repli de fréquentation.
C’est essentiellement de France que proviennent les visites (six sur dix). Viennent ensuite la Belgique, le Canada, l’Algérie et la Suisse. Dans les deux cas, ces cinq pays représentent plus de 80 % de la fréquentation des répliques de T411.
…dont les principes divergent
Mais si T411.si a pris soin de copier intégralement l’interface de feu T411 (sans toutefois en reprendre le principe de fonctionnement principal, à savoir l’utilisation d’un tracker privé et la mise en application d’un ratio de téléchargement / téléversement minimum pour que la communauté ne fasse pas que prendre des contenus mais aussi pense à les repartager durablement), YggTorrent a pris un chemin très différent.
L’interface comme le nom du projet n’ont certes rien à voir avec T411, mais YggTorrent se présente bien lui aussi comme un héritier de l’ancien site de liens BitTorrent. « Nous avons décidé de prendre la relève et nous essayons de nous rapprocher un maximum de ce qu’avait pu être T411 », lit-on sur la base de connaissances du site. Et contrairement à T411.si, YggTorrent respecte le concept de ce qu’a été T411.
« YggTorrent est un site semi-privé utilisant un tracker privé. Semi-privé car il faut s’inscrire, mais les inscriptions ne sont pas fermées. Les torrents sont gérés par des logiciels dédiés qui communiquent avec un autre serveur qui est le tracker. Celui-ci est privé car les torrents proposés sur YggTorrent ne fonctionnent que sur YggTorrent », est-il ainsi expliqué. Et pour le ratio, celui-ci doit être au minimum de 1.
Et il faut croire que l’apparence décalée d’YggTorrent ne gêne pas les internautes. Un tweet publié mardi 10 octobre indique que la communauté a dépassé la barre des 400 000 membres. De son côté, le clone de T411 n’a pas, à notre connaissance, re-communiqué récemment sur ses statistiques. Le dernier message date du 23 août, indiquant plus de 150 000 comptes crées.
https://twitter.com/yggtorrent_com/status/917727355887587329
https://twitter.com/t411_v2/status/900402232578977793
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