Avec l’arrivée de l’automne, c’est avec impatience que certains s’impatientent de voir poindre la mi-novembre pour déguster le Beaujolais nouveau, tandis que d’autres attendaient la fin septembre pour claquer leurs billets et tenir entre leur mains le nouveau FIFA.
Cette année encore, la licence d’Electronic Arts a raflé tous les records, puisque le jeu occupe les 5 premières places du classement des meilleures ventes pour la semaine du 25 septembre au 1er octobre 2017. Sur son premier week-end, le jeu a ainsi réuni 1,6 million de joueurs en ligne.
Cette année, nous avons modestement voulu pousser la réflexion un peu plus loin que l’attendu « c’est un nouveau FIFA » et nous pencher un petit peu sur le phénomène. Depuis 1992, FIFA et PES sont les titres emblématiques de la simulation de football. Mais le début des années 2010 a marqué un tournant : le roi PES se fait détrôner par son concurrent qui établit petit à petit des records de ventes.
Qu’est-ce qui explique que, chaque année, FIFA devienne un rendez-vous incontournable pour des millions de joueurs ? Nous avons demandé l’avis de Sébastien Riggs, gérant de Dynamite Games dans une petite bourgade bretonne.
Le rendez-vous annuel, coûte que coûte
« FIFA 18 s’est très bien vendu sur PS3 et Xbox 360, mais que ce soit pour les vendeurs ou les fournisseurs, beaucoup ont privilégié la version PS4 à la version Xbox One. Si bien que l’on avait beaucoup moins de copies Xbox One à vendre, et pourtant nous avons eu pas mal de demandes sur cette console, on a même constaté des ruptures de stock. »
Toutefois, après la vague habituelle d’achats le jour de la sortie et des jours qui ont suivi, certains joueurs ont exprimé certaines réserves sur le cru 2018 par rapport à l’édition précédente. C’est le cas de Corentin « RocKy » Chevrey, joueur de l’équipe esport Vitality et champion du monde Fifa Ultimate Team : «C’est encore très loin d’être un bon jeu. explique-t-il au journal L’Équipe. Les gardiens sont inexistants et se trouent sur chaque frappe quasiment. Les passes sont beaucoup trop assistées, c’est maintenant donné à tout le monde de pouvoir en enchaîner une dizaine en une touche de balle.»
Sébastien Riggs ajoute : « Sur console, il y a deux types de jeu qui rencontrent du succès quoi qu’il arrive, c’est le jeu de sport et le jeu de guerre. Heureusement on ne vend pas que ça, mais ce sont tout de même les deux genre de titres que l’on est assurés de vendre et que l’on commande en beaucoup d’exemplaires. La seule exception que je vois c’est pour Assassin’s Creed, qui va forcément cartonner puisque le dernier date d’il y a deux ans, mais quand même à moindre échelle par rapport à une FIFA. »
Que deviennent les vieilles copies de FIFA ?
Les chineurs et amateurs de brocantes dominicales le savent, et les adeptes des petites boutiques de revendeurs également : les jeux tels que FIFA, PES ou encore les Call of Duty sont ceux que l’on retrouve le plus sur le marché de l’occasion.
C’est à se demander, avec les millions de ventes écoulées chaque année, ce que deviennent les éditions précédentes une fois le nouveau cru dans les stores. « On en reprend chaque année, commente Sébastien Riggs, on amasse un grande quantité de FIFA 17, 16, 15 et il arrive que certains repartent. Mais au-delà de FIFA 15 on n’en revend plus vraiment, et quand le stock est trop important on finit par refuser la reprise du jeu. »
Les copies qui prennent la poussière vont également renflouer les rayons et les stocks d’autres boutiques qui ouvrent ailleurs dans le pays. « Il arrive aussi que l’on fasse cadeau d’une copie avec un achat de console ou autre pour faire de la place » complète Sébatien Riggs.
La tendance du rétro gaming aidant, il n’est pas exclu que ces copies finissent par trouver un soigneux acquéreur dans les années à venir. Quelques FIFA 08 ou FIFA 09 sont ainsu revendus par Dynamite Games depuis peu. Ils vont probablement retrouver une seconde jeunesse dans les mains d’un nostalgique ou d’un spéculateur chevronné.
Passionnés et monomaniaques
Le plus impressionnant encore, c’est d’observer les tendances de consommation sur ces jeux. Le FIFA nouveau sera acheté et joué jusqu’à la moelle… puis revendu. « Les gens vont jouer à FIFA toute l’année, ils vont dépenser des fortunes en contenus additionnels, en cartes PSN ou Xbox Live et j’en passe, puis vont le revendre une bouchée de pain quand le prochain va sortir. Ça en devient parfois aberrant, je connais un gamin qui va dépenser jusqu’à 500 € par an dans son FIFA » détaille le responsable de Dynamite Games.
Sébastien Riggs ajoute que certains joueurs vont parfois acheter une console pour pouvoir jouer à leur unique jeu favori, que ce soit un FIFA, un NBA 2K ou un Battlefield. Les titres ont aussi l’avantage de toucher une très large frange de la population, avec des profils de joueurs extrêmement variés. « Ça peut aller de l’hardcore gamer au père de famille, un enfant ou un commercial qui passe par là et qui en profite pour prendre le dernier FIFA, il y a vraiment de tout. »
La particularité de FIFA est qu’il devient chez certains une obsession monomaniaque. Sébatien Riggs n’est pas étonné de voir débarquer dans sa boutique des férus de foot qui vont jouer uniquement à FIFA. « C’est même très courant d’observer ce genre de comportement », ajoute-t-il. Les passionnés de foot en jeu vidéo le sont également très souvent dans la vie réelle. La base d’amateurs est donc une mine d’or pour les éditeurs, qui connaissent très largement les goûts et les passions de cette tranche de la population.
Le succès de FIFA peut donc s’expliquer très facilement et il est intéressant de découvrir les tendances parfois extrêmes qu’il suscite dans sa consommation. Aussitôt joué, aussitôt jeté, FIFA fait parti de ces petits plaisirs simples qui répondent à une demande, qui la remplisse avec brio et à qui le succès est garanti.
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