Depuis qu’il vit en France, à un trajet d’Eurostar de son Angleterre natale, Jamie Bamber, resté célèbre pour avoir incarné Lee « Apollo » Adama dans Battlestar Galactica entre 2004 et 2009 dans la réinterprétation culte de la série originale de 1978, ne rate pas une occasion de rencontrer le public. Le Comic-Con Paris, qui se tenait du 27 au 29 octobre, ne déroge pas à la règle.
Pour Numerama, Jamie Bamber revient sur son expérience à bord du Battlestar Galactica, alors que la série de Ronald D. Moore reste particulièrement pertinente et d’actualité près de 10 ans après s’être achevée, en 2009.
Battlestar Galactica s’est beaucoup inspiré du contexte politique de son époque — comme la guerre en Irak — pour le transposer dans un univers de science-fiction. À quoi ressemblerait la série aujourd’hui, sous le mandat de Donald Trump ?
Ce serait exactement pareil, rien ne changerait. Dans Battlestar Galactica, on a déjà traité des élections gagnées en trichant. Trump a battu une femme, Laura Roslin a été battue par un menteur, un tricheur, quelqu’un qui est, d’une certaine manière, un sociopathe, et c’est exactement pareil puisque Laura Roslin a seulement gagné brièvement en manipulant les votes [avant de finir par abandonner pour laisser gagner Gaius Baltar].
Aux États-Unis, Hillary Clinton a gagné avec les votes [populaires, grâce à une avance de 2 millions de voix sur Trump, qui a toutefois remporté le plus grand nombre de grands électeurs], ce sont plutôt les Russes qui ont manipulé les votes. Mais je crois qu’il y a toujours des parallèles, il n’y a pas besoin de refaire Battlestar Galactica aujourd’hui pour ces raisons.
Comment expliquez-vous que la série reste aussi populaire aujourd’hui, près de 10 ans après sa fin ?
Pour cette même raison ! À l’époque, sur le plateau, Edward James Olmos nous avait dit : ‘Cette série sera encore plus pertinente dans 20 ans qu’elle ne l’est aujourd’hui‘. Je le déteste pour ça, mais il a toujours raison…
Je rencontre beaucoup des gens, en convention, qui ont environ 20 ans et n’avaient pas l’âge de regarder la série quand elle a été diffusée. C’est la preuve qu’Edward James Olmos avait raison.
Battlestar Galactica reste populaire parce qu’on aborde de nombreux thèmes actuels dans la série : le climat, les réfugiés, la religion, le fondamentalisme, les ennuis qu’on a nous-même créé dans notre société en créant des technologies sans en anticiper leurs conséquences…
Vous êtes l’un des acteurs de la série qui a le plus joué avec Richard Hatch [Apollo dans la version de 1978 et Tom Zarek dans celle de 2004], qui est décédé en février 2017. Quel est votre souvenir le plus marquant avec lui ?
C’est vraiment très triste de l’avoir perdu. Je ne savais absolument pas qu’il était malade, comme le reste de l’équipe. Et comme j’habite en France, je ne savais même pas qu’il était décédé. Je me suis réveillé un matin, j’ai ouvert mon compte Twitter — ce que je fais rarement — et beaucoup de gens me critiquaient pour n’avoir rien dit à ce sujet.
C’était très difficile pour moi d’apprendre sa mort, je ne l’avais pas vu depuis deux ans. Il me manque, c’était une source d’inspiration, il a partagé avec moi une grande partie de son expérience sur la série originale.
Je me souviens de notre première rencontre, j’avais peur de ce moment parce que je représentais la disparition de son propre espoir de faire une continuation de la série originale puisque je mettais fin à ça [avec mon personnage d’Apollo, qui remplaçait le sien]. Il était très courtois et charmant, il m’a tout de suite félicité sur mon interprétation, et m’a dit que je faisais beaucoup de choses qu’il aurait aimé faire lui-même. Il n’avait pas pu à l’époque car on ne lui avait pas laissé cette liberté.
Il m’a convaincu de m’essayer à la réalisation, d’écrire, de se réinventer, ce qu’il a fait lui-même… C’était un collaborateur et un ami très généreux.
Cet été, plusieurs acteurs de Battlestar Galactica se sont réunis aux États-Unis…
Je n’y étais pas car j’étais à l’anniversaire de ma fille, dans le sud de la France. J’ai essayé de me connecter à distance mais ça n’a pas très bien fonctionné, je ne sais pas pourquoi… C’était peut-être un coup des Cylons !
… et on leur a demandé quel était leur unique regret sur la série. Quel est le vôtre ?
Un regret ? Non, je n’en ai aucun. C’était une expérience parfaite.
On a commencé avant l’époque des réseaux sociaux, on était parmi les premières séries américaines de chaîne câblée à faire des séries ambitieuses comme ça. Le problème, quand vous êtes l’un des premiers, c’est qu’il est plus difficile de trouver un public, surtout qu’on était sur la chaîne Sci-Fi [devenue SyFy depuis], avec un public assez ciblé. Je pense que si on avait lancé Battlestar Galactica aujourd’hui, on aurait vu le même même phénomène que celui de Game of Thrones et on aurait touché un public plus large.
Cela dit, je ne regrette rien du tout, c’est un privilège de baliser un nouveau chemin, et c’est ce qui nous donne une place à part dans le monde des séries.
Depuis Battlestar Galactica, vous avez joué dans de nombreuses séries policières, comme Londres, police judiciaire ou encore Marcella. C’est un genre qui vous plaît particulièrement ?
Pas vraiment ! Ce sont surtout les rôles que l’on m’a proposé. Je ne suis pas spécialement fan des séries policières, ni de science-fiction d’ailleurs. Ce qui m’intéresse, ce sont les histoires, donc s’il y a une bonne série policière, ça me séduit comme une bonne série de science-fiction. Peu m’importe le genre, ça m’est franchement égal, ce qui compte, ce sont les personnages et l’histoire.
J’ai notamment adoré jouer un pompier dans la série The Smoke. C’est par hasard que j’ai joué des flics.
Aujourd’hui, le paysage a changé et de plus en plus de séries sont créées sur des plateformes de streaming vidéo. Vous diriez oui à une série de science-fiction sur Netflix ?
Je tourne déjà une série pour Netflix en ce moment avec Marcella. C’est diffusé sur ITV en Angleterre mais pour le reste du monde, c’est une production originale Netflix.
C’est très bien de travailler avec eux, ils vous laissent faire, on est tranquilles, ils ne veulent pas s’immiscer dans les décisions.
Si une série de science-fiction très forte avec une bonne histoire et de bons personnages voit le jour, j’adorerais me lancer là-dedans.
[La dernière question de l’interview spoile autant l’intrigue de Battlestar Galactica que celle de Blade Runner 2049, vous voilà averti(e) !]
Vous avez récemment tweeté sur un deuxième lien entre Blade Runner 2049 et Battlestar Galactica, outre la présence d’Eward James Olmos : de quoi s’agit-il ?
Le thème du film est exactement le même que celui qu’on a raconté dans Battlestar Galactica : le premier robot qui réussit à se reproduire et à avoir un bébé. Avec toute une recherche recherche autour de cette naissance miraculeuse, cette sainte famille qui crée une nouvelle forme d’humanité…
C’est exactement ce qu’on a raconté ! Jusque dans un théâtre, avec Gaius Baltar qui y cherche son bébé, et on retrouve un peu ça avec Ryan Gosling et Harrison Ford qui se retrouvent eux aussi dans une sorte de théâtre avec un hologramme d’Elvis Presley…
J’ai adoré Blade Runner 2049, c’est un chef-d’oeuvre et l’un de mes films préférés.
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