Au début du mois, l'ADAMI s'est offerte une pleine page de publicité dans le journal Le Monde pour critiquer les faibles revenus tirés des services de musique en ligne légaux comme Spotify ou Deezer, qui rapportent essentiellement aux maisons de disques et aux plateformes. La société de gestion collective française des droits des artistes-interprètes ne faisait là que relayer un mouvement mondial croissant de contestation de l'équité des plateformes légales de musique en ligne.
Certains ont été jusqu'à retirer leurs chansons des services de streaming, à l'image de Thom Yorke (Radiohead) ou de Taylor Swift, qui a supprimé son album 1989 de Spotify après l'y avoir mis en exclusivité avant la sortie CD. "Je ne veux pas faire contribuer l'oeuvre de ma vie à une expérience dont j'estime qu'elle ne rémunère pas assez les auteurs, les producteurs, les artistes, et les créateurs de cette musique", a expliqué cette dernière à Yahoo. "Je ne suis tout simplement pas d'accord pour perpétrer l'idée que la musique n'a pas de valeur et devrait être gratuite". Une position dictée par son agent, qui demande à Spotify de mettre un terme à l'écoute gratuite financée par la publicité, ou à la restreindre fortement (un vieux débat).
Ces dernières sorties médiatisées ont convaincu Daniel Ek, le PDG de Spotify, de sortir de ses gonds. "Toutes ces discussions qui tournent dernièrement sur le fait que Spotify gagnerait de l'argent sur le dos des artistes m'énerve au plus haut point", écrit-il dans un billet de blog au vitriol.
"Deux chiffres : zéro et deux milliards", oppose-t-il. "Le piratage ne paie pas un centime aux artistes. Rien, zilch, nada. Spotify a payé plus de deux milliards de dollars aux labels, éditeurs et sociétés de gestion collectives pour qu'elles distribuent aux auteurs et aux artistes-interprètes. Un milliard de dollars depuis que nous avons démarré Spotify de 2008 jusqu'à l'an dernier, et un autre milliard depuis lors".
"Les fans vont retourner vers les services pirates"
"C'est l'équivalent de deux milliards de dollars d'écoute qui se serait produite avec aucune compensation pour les artistes et les auteurs à travers le piratage ou des services pratiquement équivalents s'il n'y avait pas eu Spotify", insiste Daniel Ek — notons toutefois que rien que pour la France, en contrepartie d'une légalisation des échanges entre internautes, une licence globale de 3 euros par mois aurait rapporté 800 000 euros cette année.
S'il reconnaît que la distribution des sommes vers les artistes manque de transparence, le PDG de Spotify tient tout de même à remettre chacun devant ses contradictions. A commencer par Taylor Swift. "Ses chansons sont partout sur des services et des sites comme YouTube et SoundCloud, où les gens peuvent les écouter gratuitement. Sans parler des fans qui vont juste retourner vers des services pirates comme Grookeshark. Et bien sûr, si vous regardez les premières places sur The Pirate Bay la semaine dernière, vous y trouverez 1989…".
Le patron de Spotify annonce que le service enregistre aujourd'hui 12,5 millions d'abonnés, qui payent 120 dollars par an. Au total, 50 millions d'utilisateurs sont actifs sur le service. "Nos intérêts sont totalement alignés sur les vôtres", assure-t-il aux artistes. "Tout notre business est de maximiser la valeur de votre musique. Nous n'utilisons pas la musique pour conduire à des ventes de matériel ou de logiciels. Nous utilisons la musique pour faire que les gens payent pour la musique".
"Plus nous croissons, plus nous vous payerons".
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