Rupi Kaur, Nayyirah Waheed ou encore, Lang Leav. Ces noms ne vous disent peut-être rien, mais ces poétesses anglophones se sont emparées d’Instagram avec des poèmes courts, esthétiques et engagés qui se likent par millions de clics. Les maisons d’édition sont obligées de suivre. Le premier recueil de Rupi Kaur, Milk and Honey, s’est écoulé à plus de 2,5 millions d’exemplaires à travers le monde. Enquête sur cette première génération d’Instapoets.

Après Tumblr, Instagram est devenu le nouvel eldorado des poètes en herbe — à sa grande surprise. Le réseau social de partage d’image détenu par Facebook s’est avéré incapable de nous communiquer des statistiques sur sa communauté d’Instapoets (contraction de « Instagram » et « poets »), qui se retrouve principalement autour des hashtags #instapoetry #poetry, #instapoet, #poet et #poetress.

« Le phénomène est trop récent pour être quantifié », nous a-t-on donné en guise d’explication. Instagram semble pris de court face à l’émergence de ce nouveau groupe d’intérêt, qui arrive à replacer les mots au coeur de l’image, à l’heure où photos et vidéos occupent une place prépondérante sur nos écrans. On peut cependant constater que le hashtag #instapoet glane plus de 1,3 million de références sur Instagram. Un tour étendu oblige à constater que la majorité des auteurs sont des femmes.

Parmi elles, on trouve Lauren Bowman, 106 000 abonnés. Cette Américaine de 30 ans s’est « toujours considérée comme une auteure », a étudié l’écriture créative à l’université et commencé à écrire de la poésie en 2016. Le déclic est venu d’Instagram. « Il m’a fallu découvrir Yrsa Daley-Ward, Nayyirah Waheed et Rupi Kaur pour que je commence à m’intéresser à la poésie », nous écrit cette employée en technologies de l’information. En une phrase, elle fait référence à 3 des poétesses les plus suivies sur Instagram : 125 000 abonnés pour Yrsa Daley-Ward, 466 000 pour Nayyirah Waheed et 2,1 millions pour Rupi Kaur, la Papesse des Instapoets.

Déplacer la poésie sur Instagram permet d’en démocratiser l’accès. « La poésie connaît des problèmes de diffusion, c’est-à-dire qu’elle vit assez bien dans le sens où beaucoup d’œuvres sont produites, mais elle peine à toucher un public plus large. Donc on peut voir cette utilisation des réseaux sociaux comme une tentative de contourner ces problèmes de diffusion », analyse Sébastien Dubois, professeur et chercheur associé au Centre de Sociologie des Organisations de Sciences-Po, auteur de nombreux travaux sur la poésie contemporaine.

Rupi Kaur, la rock star du genre

Rupi Kaur a créé un genre à part : des poèmes courts, incisifs, sur des thématiques fortes et essentiellement féminines, voire féministes. Cette Canadienne de 25 ans parle d’amour, de corps, de menstruations, de viol ou de pression sociale, avec la volonté de s’affranchir et de trouver sa voie à travers la résilience.

D’origine Sikh, Rupi Kaur a quitté l’Inde avec ses parents à l’âge de 4 ans. C’est d’abord par une photo publiée sur Instagram qu’elle s’est fait connaître, en 2015 : on la voit de dos, allongée, une tache de sang menstruel au niveau de l’entrejambe. Un cliché censuré par Instagram, dans un premier temps, et qui a été beaucoup relayé sur les réseaux sociaux. Cette exposition nouvelle a permis de mieux faire connaître ses poèmes. Depuis, elle a écoulé plus de 2,5 millions d’exemplaires de son premier recueil, Milk and Honey.

Il a fallu faire preuve de persévérance pour réussir à joindre la Canadienne, prise par une tournée promotionnelle entre l’Amérique du Nord et l’Inde. Son deuxième recueil, The Sun and her Flowers (Andrews McMeel), a été en tête de la prestigieuse liste des bestsellers du New York Times dès sa parution en octobre 2017. Entre deux lectures publiques, Rupi Kaur nous écrit : « Je pense que je suis un peu dans le déni, du coup je ne sais pas encore trop comment réagir à tout cela. Peut-être que je n’ai pas compris ce qui m’arrive parce que je me sens normale. Comme si rien n’avait changé. » En janvier, cette vraie rock star s’est pourtant retrouvée à côtoyer le tout-Hollywood à l’afterparty des Golden Globes.

Partager l’universel

Le succès de Rupi Kaur semble lui échapper. La Canadienne regrette de ne plus avoir le temps de gérer sa page comme elle le voudrait : « Auparavant, je parlais en permanence avec mes lecteurs — surtout au début de ma carrière, entre 2011 et 2015. Je répondais à des lettres, des mails, des commentaires. C’est devenu de plus en plus difficile de répondre à tous les gens qui m’écrivent, mais j’essaie de faire de mon mieux. Je veux à tout prix rester connectée à mes lecteurs. J’ai l’impression que nous nous connaissons intimement. »

Les thèmes érigés par Rupi Kaur sont devenus transversaux à cette communauté

En parcourant de nombreux comptes d’Instapoets, on se rend compte que les thèmes érigés par Rupi Kaur sont devenus transversaux à cette communauté. Cette dernière estime même être liée à ses lecteurs par une forme de trauma : « Ce sont des gens qui, comme moi, et plein d’autres à travers le monde, ont été blessés par la vie, mais qui sont déterminés à dépasser leur chagrin. Ils sont forts. Ils sont passionnés. Ils aspirent à quelque chose de meilleur pour eux et le monde entier. » Rupi Kaur a ouvert son Instagram en son nom en 2013, pour élargir son audience. « J’étais curieuse de voir si les gens en dehors des murs de ma ville ressentaient la même chose que moi sur certains sujets », se souvient-elle.

Lang Leav, autre cheffe de file du mouvement avec 414 000 abonnés, nous a répondu entre deux séances de dédicaces de son nouveau recueil de poésie, Sea of Strangers. Australienne basée en Nouvelle-Zélande, elle n’a créé son compte Instagram qu’après la parution de son deuxième ouvrage, Lullabies (2014).

« Instagram est populaire parce qu’il vous permet de partager un bout de votre monde en un instant. En échange, vous pouvez avoir un aperçu du monde de quelqu’un d’autre. Je pense que c’est une façon géniale de connecter les gens les uns aux autres. Savoir que nos expériences sont universelles, et que l’on n’est pas seul est très réconfortant. » Dans ses poèmes, souvent écrits en prose, il est exclusivement question d’amour, toujours présenté comme passionnel et absolu.

Comme pour Rupi Kaur, il nous a fallu courir après Yrsa Daley-Ward, dont la vie trépidante reflète son tempérament sémillant. À l’autre bout du téléphone, cette Britannique refusant de donner son âge répond à nos questions avec le sourire dans la voix, tout en rangeant son nouvel appartement, à New York. Pour elle, cette communauté d’Instapoets « repousse les limites » : « Je lis des poèmes sur des thèmes que les gens désespéraient de voir traités, comme le racisme, la drogue, la sexualité, des choses importantes auxquelles on doit s’intéresser », s’enthousiasme-t-elle avec son accent appuyé du Lancashire.

Les gens sont surpris quand ils se rendent compte qu’ils peuvent en fait aimer lire de la poésie

À la base mannequin, Yrsa Daley-Ward a toujours écrit. Pour elle, Instagram réhabilite la poésie dans le quotidien. « C’est une manière géniale de partager son travail. Ça arrive d’un seul coup sur votre smartphone, quand vous ne vous y attendez pas. Les gens sont surpris quand ils se rendent compte qu’ils peuvent en fait aimer lire de la poésie. » Plus de 114 000 abonnés sont accros à ses textes beaux et puissants, puisés dans son enfance auprès de grands-parents très religieux, et dans ses troubles dépressifs.

Yrsa Daley-Ward n’est pas surprise que le mouvement Instapoets soit majoritairement composé de femmes : « Nous traitons des thèmes universels et nous vivons dans un monde où il est encore facile pour les femmes d’être en lien avec leurs émotions. Pour moi, les partager est quelque chose de merveilleux, qui nous rend moins isolées. » Le travail des Instapoets a l’effet d’une catharsis à l’échelle mondiale. « Des gens viennent me demander des conseils sur leur vie privée, révèle Yrsa Daley-Ward. Je ne le vois pas comme un poids à porter. J’ai avant tout la sensation d’une forme de responsabilité envers la vérité. »

« La poésie nous aide en nous donnant une voix, estime Lauren Bowman, qui se décrit comme une « poète féministe intersectionnelle ». Yrsa [Daley-Ward], Nayyirah [Waheed] et Rupi [Kaur] ont vraiment ouvert la voie et ont aidé à donner une voix à toute une génération de femmes et le courage de parler. La poésie est une manière merveilleuse de s’exprimer, de dire la vérité. Je pense que c’est vraiment devenu une communauté de femmes qui aident les autres femmes à devenir plus puissantes, et à parler. »

Associer mots et images

Rupi Kaur a créé un modèle à suivre malgré elle. Sur Instagram, les poèmes sont personnels, mais toujours pensés avec une portée universelle. Ils sont souvent courts, et vont droit au but. Au point qu’on se demande si le format carré imposé par Instagram n’a pas fini par dessiner un cadre dans lequel les mots doivent rentrer sans se bousculer, pour rester visibles.

« Instagram vous oblige à dégraisser votre écriture », avoue Yrsa Daley-Ward. Mais elle affirme écrire ses poèmes sans penser au résultat une fois publié. Si Lang Leav concède aussi un usage concis du langage, elle n’estime pas être influencée par le format même d’Instagram. Elle se réfère plutôt à son enfance auprès de parents cambodgiens, ayant fui les Khmers Rouges, et qui parlaient mal anglais : « La poésie, c’est l’art d’articuler les sentiments. En tant que fille d’immigrés, j’ai dû naturellement endosser le rôle de traductrice pour mes parents. J’ai appris très vite comment simplifier le langage et le réduire à l’essentiel. J’ai compris l’importance d’une communication claire. Je pense que cela a un profond impact sur ma poésie. »

Une approche esthétique de leur écriture

Même son de cloche chez Lauren Bowman, chez qui on retrouve l’influence de Rupi Kaur et Lang Leav : « La plupart de mes poèmes les plus longs ne vont pas sur Instagram. Avant d’en poster un, j’essaie d’imaginer à quel point il va marcher, en me basant sur sa longueur et son contenu. Mais je n’écris jamais en pensant à Instagram. J’écris ce que je ressens. Ensuite, je décide si ce que j’ai écrit a sa place sur Instagram, dans l’un de mes livres ou si je le garde pour moi. »

L’autre particularité des Instapoets est qu’elles ont souvent une approche esthétique de leur écriture, accompagnée d’illustrations, de photos, ou simplement, photographiée à partir d’un livre. Là aussi, Rupi Kaur a été prescriptrice de tendances. Le but est autant d’accentuer l’effet artistique de leur publication, que d’essayer de se distinguer de la mêlée. Elles savent aussi très bien qu’un texte a plus de chance d’être lu s’il est illustré. L’une des plus inventives en la matière est Kiana Azizian. Cette chargée d’événementiel âgée de 25 ans appose souvent ses textes sur des photos, dans une imagerie hipster rappelant Tumblr.

« J’ai pensé que les photographies ajouteraient une dimension supplémentaire et peut-être que cela me permettrait de passer à un niveau supérieur, explique cette Américaine basée à Portland. J’ai vraiment aimé trouver des photographes avec lesquels travailler. Je choisis simplement les photos avec lesquelles je ressens une connexion. Parfois, j’écris un poème puis je trouve la photo qui le met en valeur. Parfois, je trouve une photo et à partir de là, j’écris un poème. »

De son côté, Lauren Bowman s’associe à de nombreux illustrateurs : « J’ai commencé à rajouter des illustrations à mes poèmes pour attirer l’attention sur eux. Comme plein d’autres poètes sur Instagram, je voulais trouver un moyen visuel de pousser les gens vers mes posts. Les illustrations aident aussi à ce qu’une direction ou un sentiment se dégage du poème. »

De l’écran au papier

Les Instapoets sont nombreuses à ne pas se contenter du numérique, et à consigner leurs textes dans des recueils, souvent autoédités dans un premier temps. C’est un autre moyen de se faire connaître, et surtout, d’être repérées par les professionnels du milieu. « Le livre reste un vecteur de consécration essentiel, rappelle Stéphane Dubois, professeur associé à la NEOMA Business School et chercheur associé à Sciences-Po Paris. Sur Instagram, vous existez le temps de votre poème, ça rappelle un peu le quart d’heure de gloire promis par Warhol. Pour se reconnaître eux-mêmes comme poète, il faut qu’ils publient des livres. »

Et si un recueil marche, il a de bonnes chances d’être repéré par une maison d’édition. En 2014, Yrsa Daley-Ward autopublie son premier recueil, Bone, qui se retrouve par la suite édité chez Penguin Books. « Ça permet surtout d’élargir sa distribution dans le monde entier, notamment en Afrique », indique la Britannique, qui a redécouvert la poésie lorsqu’elle habitait en Afrique du Sud. En juin prochain, elle sortira The Terrible, des « mémoires sous forme de prose ».

Même Rupi Kaur n’a pas échappé à la case auto-édition, passant par Amazon pour Milk and Honey. Quelques mois plus tard, elle signe un contrat avec la maison d’édition Andrews McMeel. Depuis, plus de 2,5 millions d’exemplaires en ont été écoulés, et le recueil a été traduit dans 25 langues, dont le français, aux éditions Charleston.

« Mon premier livre, Love & Misadventure, était autopublié, se souvient Lang Leav. En à peine deux mois, il était en tête des ventes et a attiré l’attention d’une agence littéraire new-yorkaise, Writers House, raconte-t-elle à Numerama. On m’a fait signer immédiatement et quelques jours plus tard, on m’a proposé un contrat. Peu de temps après, j’ai réalisé mon rêve de voir mes livres sur des étagères de librairie dans le monde entier. » Tous ses ouvrages ont été des best-sellers vendus à des centaines de milliers d’exemplaires, aux éditions Andrews McMeel.

Cette maison d’édition américaine créée en 1970, à la base spécialisée dans la bande dessinée, a été la première à déceler le potentiel des Instapoets. « Nous n’avions pas pour habitude de publier beaucoup de poésie avant d’avoir découvert Lang Leav sur Tumblr », indique à Numerama Kirsty Melville, présidente d’Andrews McMeel. Désormais, leur catalogue de poésie contient des dizaines de titres, et beaucoup d’entre eux proviennent d’Instapoets, comme A Psalm For Us, de Reyna Biddy. « Andrews McMeel est devenu un leader de la poésie ces 2 dernières années, transformant cette catégorie au passage, rapporte Kirsty Melville. Plus de la moitié des meilleures ventes de poésie sont des recueils publiés par Andrews McMeel, dont Milk and Honey qui a été le livre de non-fiction le plus vendu en 2017 aux États-Unis, selon le classement Nielsen BookScan. »

Des poétesses d’un nouveau genre

Pour les Instapoets les plus connues, les chiffres de vente sont si élevés qu’elles peuvent vivre de leur prose. « Je vis très bien de ce que j’écris », nous confirme Lang Leav. Yrsa Daley-Ward continue un peu à poser en tant que mannequin, mais en a moins besoin depuis la parution de Bone. « C’est bien la preuve que l’on a besoin de poésie, puisque les gens en achètent !, se réjouit-elle. Aujourd’hui, vous pouvez acheter de la poésie chez Urban Outfitters, ça fait toute la différence ! C’est nouveau, sexy, innovant, brut, moderne ! »

De quoi faire étouffer les tenants d’une poésie beaucoup plus traditionnelle. Stéphane Dubois estime ainsi que les Instapoets ne font pas partie de la même catégorie que les poètes contemporains : « Il y a des hiérarchies de légitimité entre les arts, c’est un débat récurrent depuis 30 ans. La poésie était à l’abri de ces débats, car elle était tournée vers la recherche intellectuelle. Or, ces Instapoets posent cette question et c’est nouveau ! C’est un monde dans lequel il y a de l’argent à se faire, alors que les poètes sérieux n’ont jamais espéré faire fortune avec de la poésie. Ça pose la question d’une poésie commerciale face à une poésie savante. »

L’Australienne jure mener une vie paisible, dans une petite maison en bord de mer

Si Rupi Kaur est invitée aux Golden Globes, que certains poèmes de Naayirah Waheed sont partagés par Jennifer Lopez, Lang Leav s’enthousiasme quant à elle d’avoir « rencontré et sympathisé avec beaucoup de célébrités ». En dehors de cela, l’Australienne jure mener une vie paisible, dans une petite maison en bord de mer en Nouvelle-Zélande, où elle a rejoint son compagnon, le mystérieux poète Michael Faulet.

Récemment, Yrsa Daley-Ward a même été invitée au siège de Facebook à New York pour une session live de questions-réponses avec ses lecteurs. « Je pense que les gens ne s’attendaient pas à ce que la poésie fasse à ce point sensation », concède-t-elle.

Un style parfois moqué

Même si les Instapoets ont des millions de fidèles, elles n’en sont pas moins parfois critiquées, notamment Rupi Kaur, au point de devenir un mème. En novembre dernier, un jeune couple d’étudiants américains a publié une parodie de Milk and Honey, intitulée Milk and Vine, une compilation de phrases entendues dans des Vines, écrites avec le ton dramatique de la Canadienne.

https://twitter.com/adam_gasiewski/status/926552490816036865

« Je préfère ignorer la minorité bruyante et me concentrer sur les millions de personnes qui aiment et encouragent mon travail, assure Lang Leav, qui a aussi son lot de détracteurs. N’importe qui peut poster sur Instagram, mais il n’y a aucune garantie de succès. Si votre écriture résonne, alors elle deviendra virale. Sinon, cela n’arrivera pas. C’est aussi simple que ça. »

De son côté, Stéphane Dubois estime que « les Instapoètes font des choses que les poètes ne se permettent plus », aussi bien en termes de style que de sujet. « Il me semble que beaucoup d’entre eux reprennent toute une série de clichés que les poètes contemporains essaient de remettre en question, c’est-à-dire, une poésie amoureuse, lyrique, du sentiment immédiat, détaille-t-il. Ils mobilisent des conventions qui sont très anciennes, et ont une idée de l’amour très ancienne et non questionnée. Quand les Romantiques ont construit cette idée de l’amour, ils allaient contre les pratiques de leur temps, dans une société qui ne permettait pas l’amour. »

Alors, dérisoires les Instapoets ? « C’est une poésie immédiate, non médiée par l’histoire. D’une certaine manière, ça s’apparente plus à de la chanson sans paroles, avance Stéphane Dubois. Une chose m’a frappée : il y a très peu de références dans ce qu’ils font, alors que cela pourrait être un moyen d’inviter les gens à lire des poètes anciens. Pour l’instant, ils ne semblent pas former une passerelle. J’ai le sentiment que les lecteurs ne sont pas les mêmes, que les circuits de distribution ne sont pas les mêmes non plus. On risque de rester avec deux mondes séparés. »

Si les Instapoets sont encore boudées par les poètes plus traditionnels, elles ont en tout cas inversé le rapport de force, et donné le pouvoir au lectorat. Malgré ses records de vente, Rupi Kaur n’a remporté aucun prix littéraire prestigieux, « seulement » un Goodreads Choice Awards, du nom d’un catalogue littéraire en ligne participatif appartenant à Amazon, dans la catégorie « poésie ». En attendant, un 3e recueil de poèmes inédits est déjà prévu aux éditions Andrews McMeel.

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