Cette semaine, le Copyright Madness revient sur une psychose qui s’abat sur les États-Unis à l’approche du Super Bowl, Jay-Z qui a déposé comme marque un geste associé aux Illuminatis ou encore une chanteuse qui cherche à breveter sa coupe de cheveux. Bonne lecture et à la semaine prochaine !
Copyright Madness
Harcèlement hypertextuel. Le blog Boing Boing lancé par l’activiste et écrivain Cory Doctorow est l’un des plus lus au monde. Malheureusement pour lui, il se trouve pris dans la tourmente, à cause d’une affaire qui pourrait avoir des incidences néfastes sur le web tout entier. L’entreprise Playboy l’a attaqué en justice parce qu’une des collaboratrices de Boing Boing a publié un billet dans lequel elle a inséré un lien hypertexte vers un autre site en ligne contenant une archive de toutes les couvertures du magazine de charme. Or, ce site était illégal et Playboy reproche à Boing Boing d’avoir simplement pointé vers lui, ce qui suffirait à le rendre complice de violation du droit d’auteur. Boing Boing rappelle que le lien hypertexte est un élément essentiel de la liberté d’expression sur Internet et on espère qu’ils arriveront à convaincre le tribunal qui examine l’affaire…
Dur de la feuille. Nous sommes en plein cœur de l’hiver et les érables du Canada ont déjà perdu leurs belles feuilles rouges. Mais cela n’empêche pas des acharnés de se battre comme des ivrognes pour les… copyrighter ! Une artiste canadienne nommée Kim Hunter accuse une société d’avoir utilisé une de ses « œuvres » représentant une feuille d’érable pour décorer un jeu à gratter célébrant les 150 ans du Canada. La création de l’artiste n’est pourtant qu’une feuille d’arbre scannée, tout ce qu’il y a de plus banal, mais Kim Hunter prétend avoir travaillé 14 heures par jour pendant une semaine pour réaliser ce « design ». Espérons qu’elle n’ait pas à présent l’idée de prendre en photo un castor ou un orignal, car sinon le Canada risque de perdre tous ses symboles nationaux !
Trademark Madness
Complotisme. Le rappeur Jay-Z fait partie de ces stars américaines qui possèdent une impressionnante collection de marques déposées sur à peu près tout et n’importe quoi. Cette semaine, Jay-Z a décidé d’agrandir sa collection en déposant le signe « Roc-A-Fella » qu’il a contribué à populariser. Il s’agit d’une manière de faire une sorte de triangle avec les mains, signe qu’il peut effectuer pendant ses concerts. Le fait de vouloir déposer un simple geste comme marque de commerce est déjà en soi assez bizarre, mais beaucoup d’internautes se sont empressés de faire remarquer que cette forme triangulaire faisait aussi beaucoup penser à un symbole Illuminati ! De là à penser que la vérité est ailleurs et que ce dépôt de marque est un signe de la fin des temps, il n’y a qu’un pas… ;-)
Super Bowl, j’écris ton nom. Chaque année, le Super Bowl (la grande finale du championnat de football américain aux USA) donne lieu à une forme de psychose. La ligue de football américain, la NFL, défend de manière tellement agressive la marque « Super Bowl » que les Américains n’osent littéralement plus prononcer ce mot et préfèrent employer des substituts comme « The Big Game » ou « Superb Owl » ( « hibou superbe » !). L’association EFF a quand même tenu à rappeler cette année que les marques servent à protéger l’association entre un terme et un produit, mais qu’elles n’empêchent pas de parler simplement d’une chose, ce qui reviendrait à privatiser le langage. C’est pourtant ce que la NFL est parvenue à faire croire à grands coups de courriers menaçants d’avocats…
Patent Madness
Chevelure. Il y a parfois des moments où nous avons envie de nous pincer en rédigeant cette chronique pour vérifier que nous ne sommes pas en plein cauchemar… C’est ce qui s’est passé en lisant un article du Times qui nous apprend que la chanteuse sud-africaine Moonchild Sanelly a décidé de breveter… sa coupe de cheveux ! Elle porte en effet une sorte de coupe afro bouclée teinte en bleu et elle veut visiblement empêcher que d’autres lui ressemblent. Mais on ne voit absolument pas en quoi il pourrait s’agir d’une invention brevetable ! Elle doit se tromper et c’est plutôt une marque qu’elle a dû déposer sur son apparence (ce qui reste assez délirant…). On ne saurait trop conseiller aux artistes d’essayer de se distinguer par leur talent plutôt que par leurs abus de propriété intellectuelle…
Copyright Wisdom
Libération. Pour terminer sur une note positive, on a appris cette semaine que la chanson We Shall Overcome allait être rendue au domaine public. Ce chant de protestation constitue un des symboles de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis et elle est issue d’un gospel du début du 20ème siècle. Mais voyant son succès dans les années 60, un éditeur de musique, Ludlow Music, a enregistré un copyright sur le morceau, en prétendant avoir apporté des modifications mineures aux paroles, comme transformer We Will Overcome en We Shall. Pendant des décennies, cet éditeur a perçu des royalties juteuses, mais l’an dernier des documentaristes lui ont intenté un procès pour contester la validité du copyright. Finalement, l’éditeur a choisi de jeter l’éponge et s’est résolu à reconnaître que l’œuvre était bien dans le domaine public. Les royalties perçues depuis le début du procès seront même reversées à une association pour la défense des droits des personnes de couleur. Une belle victoire contre le copyfraud !
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Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !
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