Ce lundi, France Télévisions augmentait sa présence en ligne avec une nouvelle initiative nommée Slash. Après Nouvelles Écritures, programme qui promeut des jeunes talents à travers des productions web — Studio 4 pour la fiction et IRL pour le documentaire –, le groupe public lance une nouvelle aventure.
Mais ce Slash, c’est quoi ? Selon le Medium rédigé par l’équipe en charge du projet, ce serait « un média vidéo de service public qui vit sur la plateforme vidéo france.tv, sur youtube, sur facebook, sur twitter et très bientôt sur instagram et snapchat. »
Un média pour ceux qui ont quitté le lycée
Ni un énième Brut, ni une plateforme de web-séries, France.tv Slash serait toutes ces propositions réunies en une programmation généraliste à destination des jeunes adultes — de service public bien sûr. Auprès de Numerama, Antonio Grigolini, responsable éditorial de ce nouveau média, précise : « Nous ne nous adressons pas tellement à une tranche d’âge comme on a pu le lire, mais à des périodes de la vie moderne, ce qui donne une cible qui va plus loin que les 18-35 ans. » Slash, ce serait donc d’abord pour ceux qui se trouvent entre la sortie du lycée et le moment où « on s’installe dans la vie ».
Pensée pour les millennials, Slash veut trouver sa cible où elle se trouve : sur les plateformes. Néanmoins, M. Grigolini précise : « Contrairement aux nouveaux médias que l’on a vus ces derniers mois, nous ne serons pas un média de plateformes, nous conserverons notre ancrage avec la plateforme de France.tv tout en nous adaptant aux réseaux sociaux ».
Dans un billet dédié au sujet des supports, l’équipe détaille : « Chaque plateforme qu’on investit a ses caractéristiques propres : son interface, son algorithme — celui de Facebook ne fonctionne pas tout à fait comme celui de YouTube par exemple –, son public, ses codes et ses habitudes. Si on veut être pertinents et puissants, il faut s’adapter. » Ainsi, les fictions comme Skam, tête d’affiche de Slash, sont pensées pour les réseaux sociaux, Facebook et Instagram, et pour la plateforme maison, France.tv.
Un teen show qui donne le ton
Skam est le produit d’appel parfait pour ce média tourné vers le web. La série pour ados devenue phénomène national en Norvège gagne avec France Télé sa première déclinaison localisée — d’autres sont attendues notamment au Royaume-Uni.
Cette série imaginée par la chaîne NRK a considérablement réinventé le mode de diffusion des web-séries : privilégiant Facebook pour sa diffusion, la série a également ancré sa présence en ligne en imaginant que ses personnages gagneraient à exister à travers des comptes sur les réseaux sociaux. Et depuis son lancement norvégien, la formule a fait des émules. Le ton de la série y est également pour beaucoup : privilégiant la chronique au soap rocambolesque, Skam donne à voir une adolescence à nue.
Un tel projet collait aux ambitions de Slash. France Télé a donc financé le premier remake de cette série scandinave. La diffusion de Skam France a commencé lundi : la première séquence a réuni 23 000 vues.
Très fidèle à la série originale, la fiction française donne malgré tout un coup de neuf sur un genre encore peu présent en France. À l’exception de Les Grands, pépite d’OCS, le teen show reste exotique dans nos contrées. Le naturalisme du genre, où l’on parle sexualité, initiation, alcool, etc., n’est pas forcément compatible avec les impératifs de nos chaînes linéaires nationales. Dès lors, Facebook et Slash permettent à France Télé de donner de la liberté au show. Un tel phénomène avait déjà été observé avec Nouvelles Écritures qui a produit l‘excellente web-série Les Engagés qui donnait un sévère coup de vieux aux fictions de France Télé.
Une série à follow
En outre, le dispositif transmédia mis en place autour de Skam donne de l’épaisseur au projet Slash. « L’écriture de la série est pensée pour le numérique et pour toucher les jeunes adultes : ça colle à notre cahier des charges », concède le directeur éditorial du jeune média. Et en effet, Skam a été inventé pour être « au cœur des usages de la génération à laquelle elle s’adresse ». Timothée Magot, responsable du dispositif numérique sur le show, a ainsi suivi le tournage du show pour en extraire des centaines de contenus qui seront diffusés, en parallèle des épisodes, sur les réseaux sociaux.
Durant les 22 semaines de diffusion prévues pour Skam France, ce sont entre 50 et 400 minutes par personnage qui seront ainsi diffusés sur Instagram et Facebook. « En observant des influenceurs, nos jeunes acteurs et les tendances sur les réseaux sociaux, nous avons imaginé une façon d’aller plus loin avec les personnages », se souvient M. Magot. De manière continue, en corrélation avec les épisodes de la fiction, les comptes créés pour les personnages sur Instagram et Facebook, interagiront avec l’audience.
« Durant le tournage de la série, nous avons dédié deux semaines pour les contenus transmédias », précise Timothée Magot. Au total, ce sont onze comptes pour les personnages principaux qui seront alimentés avec des centaines de contenus : des photos sur Instagram pour la plupart, et pour cinq comptes, il y aura également des stories sur le même réseau. Sur Facebook, les stories seront utilisées pour afficher des conversations SMS entre les personnages. La série, qui est un remake fidèle de la version norvégienne, gagne en France une plus grande attention à cette production sur les réseaux sociaux.
Dès lors, la réussite du show tiendra autant aux audiences des épisodes qu’au succès de ces pastilles. L’équipe souhaite fédérer son audience autour de ces personnages et créer des interactions. « Skam est une série qui a vocation à créer la discussion, du partage et des débats », ajoute M. Grigolini. Elle offre ainsi une occasion taillée sur mesure pour Slash de montrer sa maîtrise des nouvelles plateformes.
À terme, Slash espère transformer l’essai avec ce genre de programme et la direction ne cache pas l’enjeu pour l’ensemble du groupe public : « Le projet va servir à tester des formules et irriguer les antennes avec des écritures nouvelles, des nouveaux visages », et peut-être même une approche renouvelée du web. Antonio Grigolini, qui préfère ne pas parler de laboratoire pour son média, rappelle tout de même : « Si un jour, nous pouvons parler d’A/B testing avec les directions des chaînes linéaires, on aura réussi notre pari ».
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