Cette semaine, le Copyright Madness revient sur des dérives liées au droit des marques dignes de celles de la semaine dernière. Pasquier et son pitch ou encore Post-it qui épingle Le Monde. Enfin Kanye West et sa marque Red October pour des chaussures qui piétine la Révolution Russe. Bonne lecture et à la semaine prochaine !
Copyright Madness
La Haine. Taylor Swift va pouvoir souffler. Voilà plusieurs mois que la chanteuse américaine faisait l’objet d’une plainte en justice pour plagiat par deux compositeurs, qui l’accusaient d’avoir « volé » des paroles d’une leur chanson. C’est le tube Shake It Off qui était visé pour la phrase… « Haters, they gonna hate ». Le juge en charge de l’affaire a fini par considérer que cette phrase était trop banale pour mériter la protection du copyright, faisant remarquer qu’elle existe depuis le début des années 2000 pour se moquer des enragés sur Internet. L’avocat des deux compositeurs a pourtant déclaré vouloir faire appel, car il reproche au juge de ne pas avoir consulté un expert musical !
Grosse boulette. Le système de gestion des droits d’auteur sur YouTube a déjà donné lieu à certain des plus beaux cas de Copyright Madness. Facebook en a aussi déployé un et il semble qu’il soit capable de commettre des erreurs plus énormes encore. Il a en effet réussi à confondre un film avec… un texte parlant de film ! Leo Saldanha, un activiste indien, avait publié la critique d’un film sous la forme d’un récit sans image. Le studio n’a visiblement pas apprécié et a fait un signalement pour violation du droit d’auteur. Sans y regarder de plus près, Facebook a supprimé le message et les protestations du critique n’ont pas permis de le rétablir. Encore un très bel exemple de la manière dont le droit d’auteur peut être utilisé à des fins de censure et de la complaisance des plateformes avec les ayants droit !
Trademark Madness
Chocolatine. Énorme bad buzz cette semaine pour l’industriel Pasquier et ses brioches au chocolat Pitch. On a appris que la société a contacté des startups qui utilisent le mot pitch pour leur signifier qu’elles n’ont pas le droit d’utiliser ce terme car c’est une marque détenue par l’industriel. Ce dernier a effectivement déposé la marque dans la quasi-totalité des catégories, y compris celles liées aux armes à feu ! Qu’une entreprise veuille éviter la dilution de sa marque peut s’entendre, mais la menace sur des jeunes pousses économiques qui utilisent fréquemment ce vocable pour présenter un projet en quelques minutes relève tout simplement de la bêtise. La dernière fois qu’une personne a voulu faire manger des brioches, ça s’est mal terminé pour elle…
Brainstorming. Nous avons tous déjà utilisé ce petit bout de papier détachable pour noter une idée et le coller sur un tableau, une fenêtre ou mur, dans le cadre d’une réunion. Vous ne le savez peut-être pas mais ce vulgaire petit carré de cellulose auto-adhésif est scrupuleusement protégé par la société 3M. Pour preuve, ce tweet du journal Le Monde qui explique que la rédaction a été rappelée à l’ordre par l’entreprise et que personne n’a le droit d’utiliser le terme Post-it, qui est la propriété exclusive de 3M. On s’interroge tout de même sur la nature du préjudice que cela peut représenter à 3M. En plus, parfois, leur post-it ne collent pas bien !
Fenêtre sur cour (de justice). La société Microsoft nous prouve une fois de plus que le droit des marques représente une menace pour les mots du langage courant. L’entreprise célèbre pour son système d’exploitation Windows a décidé de s’attaquer à des développeurs d’applications qui contiennent le mot Windows dans leur nom. Ce sont des applications qui n’ont aucun lien avec le système d’exploitation mais Microsoft considère qu’il s’agit d’un usage abusif de leur marque et somme les développeurs de changer leur nom en 24h… Avec Microsoft, c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres.
Révolutionnaire… Le rappeur Kanye West est déjà connu pour posséder une impressionnante collection de marques déposées sur un peu tout et n’importe quoi. Mais visiblement, il a de la suite dans les idées et est prêt à déployer beaucoup d’énergie pour la faire grandir encore. En 2013, Kanye West a sorti en partenariat avec Nike une paire de baskets rouges, vendues sous le nom de « Red October » (Octobre rouge). Il avait alors tenté de déposer une marque sur ce nom, mais pour des raisons administratives, la procédure n’était pas allée à son terme. Qu’à cela ne tienne ! Il a recommencé cette année et le voilà titulaire de la marque ! Qu’il s’approprie au passage un des symboles de la Révolution de 1917 juste pour vendre des chaussures ne semble pas trop le gêner…
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Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !
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