Le moins que l’on puisse dire, c’est que les gérants du site Torrent9 ont la bougeotte : l’adresse principale du site de liens BitTorrent, c’est-à-dire celle utilisée pour accueillir les internautes avides de récupérer des films et des séries télévisées en faisant fi des droits d’auteur est en effet modifiée à intervalle régulier, sans qu’aucune explication particulière ne soit donnée.
Le dernier changement vient d’avoir lieu mi-février. Sans crier gare, une redirection a été mise en place pour que les pirates accèdent au site via une extension de domaine fort inhabituelle : « .red ». Gérée par le registre irlandais Afilias, elle existe notamment pour ceux et celles qui aiment… la couleur rouge (ce qui, au regard du design général de Torrent9, n’est manifestement pas la raison première).
Il est à noter que « .red » peut aussi servir de variante, en espagnol, à « .net », car ce mot signifie « réseau » (« red de computadoras » donne ainsi « réseau informatique »). Mais le cœur de cible du site étant francophone, ça n’a pas non plus de sens. Dernière possibilité, un jeu de mot entre le nom de domaine et son extension, mais en l’espèce, on ne voit pas le sens de la combinaison avec Torrent9.
Les précédentes extensions utilisées par Torrent9 (« .pe », « .me » et « .bz ») sont toujours actives et orientent les internautes vers la nouvelle adresse. Les deux dernières migrations se sont déroulées en 2017, en septembre et en décembre.
Risque judiciaire
Rappelons que les activités conduites par l’équipe de Torrent9 sont illicites sur le plan judiciaire. En mettant à disposition un tel site, elle s’expose à de lourdes sanctions en cas de procès en France, incluant potentiellement des peines de prison et des amendes dont le montant peut atteindre des centaines de milliers d’euros, voire plus. OMG-Torrent, Pirate Island ou Mamietracker en sont des exemples.
Il faut aussi noter que les internautes qui récupèrent des fichiers via Torrent9 ne sont pas immunisés d’un risque judiciaire. Puisque ces téléchargements se font sans l’accord des ayants droit, une procédure peut être enclenchée contre eux. Ils s’exposent tout d’abord à la loi Hadopi, puisque celle-ci a compétence pour combattre le piratage de contenus sur ces espaces, via le système de la riposte graduée.
Outre les mesures relatives à la lutte contre le piratage en matière de P2P, il existe aussi des leviers juridiques pour engager des actions judiciaires contre certains internautes, en général les plus actifs. Ces mesures figurent dans le code de la propriété intellectuelle et pourraient permettre à l’industrie culturelle de procéder à quelques actions ciblées, pour l’exemple si les condamnations sont dures.
Torrent9 est en tout cas connu des ayants droit : un tour dans le centre de transparence des informations mis à disposition par Google montre, au sujet des suppressions de contenu pour atteinte aux droits d’auteur, que les différentes adresses utilisées par le site ont fait l’objet de plusieurs dizaines de milliers de demandes de déréférencement sur le moteur de recherche américain.
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