Devilman Crybaby
Classique incontournable, Devilman de Go Nagai (cinq volumes parus entre 1972 et 1973) a droit aujourd’hui à une nouvelle adaptation pour le petit écran. Et pas par n’importe qui : Masaaki Yuasa (Lou et l’Île aux sirènes) via son tout jeune studio Science SARU. Devilman est en quelque sorte l’équivalent bédé de ce que le cinéma d’horreur américain pouvait nous offrir dans les années 70, à savoir des œuvres transgressives, politiques et souvent nihilistes. Véritable pierre angulaire du manga, Devilman a marqué son époque et toute une génération. Hideaki Anno n’hésite pas à le citer comme source d’inspiration pour Neon Genesis Evangelion.
Devilman fut déjà transposé en série TV en 1972 chez la Toei dans une version fortement aseptisée. Puis de manière plus fidèle avec d’excellents OAV produits à partir de la fin des années 80. Pour cette adaptation, Masaaki Yuasa s’est réapproprié l’histoire originale en la modernisant pour l’intégrer à notre époque sans toutefois en perdre de sa substance. C’est en soit un exploit tant le contenu explicite était difficilement acceptable pour des networks nippons. Une des ambitions de Netflix est de proposer des séries d’animation pour adultes. Le moins que l’on puisse dire est que Devilman Crybaby représente le parfait étendard de cette aspiration.
La série ne recule devant rien et, de mémoire, on n’avait pas vu tel déchaînement de fureur et de sang depuis longtemps dans une production TV. La fin du premier épisode risque de surprendre le néophyte habitué aux shônen… Mais au moins, on est prévenu d’entrée. La violence est visuelle mais elle sert le propos. Derrière son histoire de guerre entre humains et démons, Devilman est une charge virulente contre notre société individualiste, intolérante et voyeuriste. Le manga de Go Nagai était clairement visionnaire car il n’a jamais été autant d’actualité. Devilman Crybaby est donc une œuvre indispensable à voir.
Les 10 épisodes sont disponibles ici.
B: The Beginning
Forcément après Devilman Crybaby, tout peut paraître quelque peu fade. Mais il faut avouer que B: The Beginning de Production I.G joue la carte de la série B policière inutilement alambiquée. Créée par Kazuto Nakazawa (chara designer de Samurai Champloo et réalisateur du segment animé de Kill Bill : Volume 1, entre autres), l’histoire raconte la traque d’un mystérieux tueur en série du nom de « B » par une équipe d’enquêteurs menée par l’ancienne gloire Keith Flick… Mais B: The Beginning raconte aussi la vengeance de Koku, un jeune homme ayant subi des expériences génétiques durant son enfance. Aujourd’hui, il combat une organisation cherchant à fonder un nouvel ordre mondial.
Jouant sur plusieurs tableaux à la fois, le script se complique la vie en mélangeant les genres et les tons au sein du même récit. Ainsi, dans un épisode, on peut passer du polar décontracté à de la science-fiction sérieuse tendance biopunk, pour finir sur un affrontement digne d’un nekketsu. Forcément, la sauce prend difficilement et cela devient vite indigeste. Il aurait été bien plus judicieux de centrer l’intrigue uniquement sur l’enquête pour soigner le twist final sur l’identité du tueur. Rien que le seiyû du personnage indique qu’il est louche… Il est loin le temps où Production I.G était l’un des studios majeurs des années 90 et du début des années 2000.
Les noms prestigieux ont disparu (ou presque) comme Mamoru Oshii (Patlabor et évidemment Ghost in the Shell) et Kenji Kamiyama (GITS : Stand Alone Complex et le toujours inédit Seirei no Moribito). Aujourd’hui scindé en plusieurs subdivisions (dont Wit Studio), le célèbre studio se cantonne aujourd’hui principalement aux adaptations de shônen sportif à succès (Kuroko’s Basketball, Haikyû!!). Leur dernier titre original marquant était Psycho-Pass en 2012, auquel B: The Beginning essaye de ressembler parfois.
Il est toutefois difficile d’attaquer la série sur la forme. À défaut d’avoir un scénario correct, la réalisation est globalement au-dessus des standards. Notamment ce superbe moment d’animation durant le combat du troisième épisode. On s’attache aussi facilement à la petite bande d’enquêteurs. Keith Flick semble tout droit sorti d’un Shinishirô Watanabe, ce qui est plutôt un compliment. Cela contraste avec Koku qui aurait plus sa place dans un mauvais shônen. Une scène post-générique annonce une suite. Pas sûr qu’il s’agisse d’une bonne idée…
Les 12 épisodes sont disponibles ici.
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