Peut-être ne se souviendra-t-on que du titre du documentaire de la BBC sur Rockstar : oui, GTA et toutes ses suites ont changé le jeu vidéo. Que ce soit du côté des mondes ouverts, des scénarios extrêmement travaillés, de la liberté d'action du joueur ou du ton très second degré auquel le studio nous a habitué. Mais le contenu est loin d'avoir plu aux développeurs et à Rockstar qui ont manifesté leur mécontentement sur Twitter.
Ce n'est pas une affaire récente : c'est début 2015 que la BBC a annoncé qu'elle allait diffuser The Gamechangers. Cet hybride entre le documentaire et le film fait jouer à des acteurs le rôle de personnages bien réels dans des situations qui se sont, a priori, véritablement passées. Les contraintes du réalisateur ne sont pas celles du journaliste : bien entendu, malgré le reportage, il va être libre de prendre de la distance par rapport aux faits et de leur donner la couleur qu'il souhaite. Et déjà au moment de l'annonce d'une telle production sur GTA, Rockstar avait porté plainte contre la BBC qui n'avait, d'après eux, pas le droit d'utiliser des marques et du contenu sous copyright sans leur accord.
Hier, la BBC a pourtant diffusé le documentaire avec Daniel Radcliff dans le rôle de Sam Houser, l'un des co-fondateurs du studio. Les critiques ont été rapides du côté de Rockstar : le compte officiel a alpagué la BBC sur Twitter pour leur demander ce qu'était "ce tissu décousu de ragots". Des membres actuels ou fondateurs du studio ont ensuite rejoint le bal. Baglow, scénariste, a par exemple noté que l'existence d'une équipe de développement n'était même pas mentionnée, ce qui est fort dommage pour un documentaire sur un studio qui produit des jeux vidéo.
Une critique reprise par Mike Dailly, concepteur du premier prototype du jeu : comme cela arrive souvent, un média cherche à créer des figures héroïques, qui, à elles seules, porteraient des projets qui vont changer le monde alors que le résultat réel est avant tout le travail acharné d'une équipe. Et bien sûr, comme dans toute fiction, il y a la figure de l'antagoniste. En l'occurence, Jack Thompson, l'avocat américain qui a plongé le studio dans des affaires de toutes sortes, liant sans vergogne le jeu vidéo à des affaires criminelles. Thompson a été de ceux qui ont voulu démontrer que GTA était une cause directe du meurtre de trois personnes en Alabama par un jeune de 18 ans et s'est fait le porte-parole d'une dénonciation systématique des jeux vidéo, l'emmenant très loin du cadre légal.
Thompson a fini par être radié de l'ordre des avocats et interdit d'exercer en 2008 à la suite d'une demande du Barreau de Floride. Cela a mis fin à sa croisade et Rockstar pensait en avoir fini avec ces histoires… une plaie que la BBC a souhaité rouvrir. Si l'intérêt journalistique du sujet n'est pas à remettre en question, peut-être que le choix d'en faire un docu-fiction romancé et de ne pas retracer l'histoire du studio avec les développeurs est plus dérangeant. La BBC nous a habitué à mieux… mais peut-être que le jeu vidéo ne méritait pas un traitement aussi expert que d'autres sujets jugés plus sérieux ?
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