Cette semaine, le Copyright Madness revient sur plusieurs affaires, dont Buren et ses colonnes, ainsi que Fortnite et PUBG qui en viennent aux mains avec une plainte en justice. Bonne lecture et à la semaine prochaine !
Copyright Madness
Colonnade. Les fameuses colonnes de Buren du Palais Royal ont déjà souvent fait parler d’elles, mais elles atterrissent pour la première fois dans le Copyright Madness. Dans le cadre d’un exposition organisée par le Ministère pour valoriser le Street Art, l’artiste français Le Module de Zeer (LMDZ) avait installé des bandes horizontales noires sur des colonnes figurant dans une galerie du bâtiment, en face des fameuses colonnes de Buren qui sont rayées de bandes verticales. Cela n’a pas plu à Daniel Buren qui a demandé le retrait immédiat de cette installation au motif qu’il n’avait pas été prévenu. Il a brandi son droit « moral » qui permet à l’auteur de s’opposer à la dénaturation de son oeuvre. Or ici, l’exposition était seulement temporaire et LMDZ n’est pas allé faire des graffitis sur ses colonnes ! Ce maximalisme conduit à donner à un auteur le droit de contrôler l’espace public autour de son oeuvre…
Complotisme. Le Copyright Madness atteint parfois des profondeurs abyssales que même l’écrivain H.P. Lovecraft n’aurait jamais osé imaginer. L’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle) accueille des ONG pour devenir des observateurs de ses travaux. Or cette année, elle a accordé ce droit à une organisation appelée IP Centre. Sauf que lorsque l’on regarde le site de cette structure, on pouvait lire en toutes lettres que l’organisation se donne pour but de « combattre les lézards de l’espace » (sic). Cette phrase extrêmement étrange a été retirée en urgence, mais tous les doutes sont permis à présent. Soit on peut en déduire que l’OMPI donne ce statut d’observateur à n’importe qui (surtout qu’elle le refuse obstinément depuis des années au Parti Pirate !), soit on peut se demander si l’OMPI n’est pas noyautée par des reptiliens qui utilisent la propriété intellectuelle pour détruire l’humanité. On vous laisse vous faire votre avis…
Escroquerie. L’écrivain Chuck Palahniuk, auteur notamment du best-seller Fight Club, est connu pour avoir fait dans le passé des déclarations fracassantes contre le piratage de livres, en accusant les internautes d’assécher les revenus des artistes. L’auteur avait en effet constaté une baisse significative de ses revenus liés aux ventes de ses livres. Sauf que récemment, il a découvert que son agence littéraire lui avait escroqué plusieurs centaines de milliers de dollars pendant plus de 20 ans. Chuck Palahniuk a fait une déclaration pour annoncer qu’il saisissait la justice, tout en précisant qu’il revenait sur ses propos sur le piratage. Il faudra peut être un jour se rendre compte que ce qui affame les auteurs, ce sont les multiples intermédiaires entre eux et le public…
Irresponsable. Le Conseil de l’Union européenne vient de valider la réforme sur le droit d’auteur visant à construire une législation harmonisée à l’échelle du marché numérique unique. Si le Parlement européen ne s’oppose pas, c’est une situation catastrophique qui s’annonce. Dans sa lutte contre la diffusion et le partage illicites de contenus protégés par les droits d’auteur, les représentants politiques européens ont décidé d’imposer deux principes qui représentent une menace pour les libertés numériques. Le projet de réforme prévoit que les plateformes qui autorisent les utilisateurs à déposer du contenu mettent en place un filtrage automatique des téléversements pour s’assurer qu’il n’y a pas de violation de droit d’auteur. La conséquence est donc de responsabiliser des plateformes pour des actes conduits par leurs utilisateurs. Et en cas d’accident de voiture, est-ce que c’est le constructeur automobile qui doit engager sa responsabilité ? La seconde dérive consiste à rendre des liens de presse payants. Autrement dit, il s’agit d’une remise en cause de l’infrastructure du web et des liens hypertextes si à l’avenir le simple fait d’intégrer un lien renvoyant vers un article de presse est soumis à rémunération.
Épique. Une nouvelle chronique qui implique Bluehole, l’éditeur du jeu vidéo PUBG. Après avoir attaqué les joueurs qui trichent, le studio a décidé de s’attaquer au studio de jeux vidéo Epic Games à l’origine du jeu Fortnite. L’éditeur de PUBG accuse Epic Games de plagiat parce que Fortnite propose un mode Battle Royale dans lequel les joueurs s’affrontent pour survivre. Au nom d’on ne sait quel principe, Bluehole se considère propriétaire d’un mode de jeu qui a d’ailleurs été repris à plusieurs occasions par d’autres dans l’histoire du jeu vidéo. Mais ce qui est croustillant dans cette affaire, c’est que Bluehole attaque son concurrent alors qu’il faut savoir que pour réaliser PUBG, Bluehole utilise le moteur graphique Unreal Engine développé par… Epic Games. Nous proposons aux deux parties de s’affronter dans un arène et le survivant remporte le procès.
Trademark Madness
Coinerie. Les origines du Bitcoin sont auréolées de mystère. Il aurait été inventé par un certain Satoshi Nakamoto, dont certains doutent qu’il s’agisse d’un personnage réel. Étant donné ces circonstances, personne n’a bien entendu déposé une marque sur le nom Bitcoin. Mais ce n’est plus le cas à présent, car une compagnie britannique a compris qu’il y avait une belle pile de cash à faire en s’appropriant le nom de la plus célèbre des crypto-monnaies. Le cabinet IP-Holdings a réussi à enregistrer une marque en 2017, alors que la Bitcoin Fondation estime que le nom Bitcoin devrait n’appartenir à personne. La société s’est depuis illustrée en l’utilisant agressivement, en menaçant la plateforme Etsy de procès parce que des objets y sont vendus en utilisant le nom Bitcoin. On peut penser que IP-Holdings ne va pas s’arrêter en si bon chemin et qu’elle va lancer une vague de plaintes pour ramasser un maximum d’argent qui n’aura rien de virtuel !
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